La révolution à Bahreïn: une longue histoire

Fatima ALI
« C’est au peuple syrien de décider si (le président) Al-Assad doit quitter le pouvoir ou pas » ; ces paroles paraissent à la première vue très normales, jusqu’à ce qu’on sache qu’elles ont été prononcées par le monarque du Bahreïn qui fait depuis un an la sourde oreille aux réclamations de son peuple. Un an est déjà passé sur la révolution bahreïnie qui se trouve délibérément ignorée par la grande majorité des pays du monde, et plus particulièrement par ceux qui ne cessent de donner des leçons de démocratie.
L’histoire de la révolution bahreïnie date depuis la prise du pouvoir par la famille Khalifa en 1783, même si elle a pris un nouveau tournant il y a un an ; cette action fût résistée par le peuple du Bahreïn qui, dès le début, n’a pas accepté cette famille issue du Koweït de la tribu appelée Al-Otoub. Le premier facteur qui a poussé les Otoub à saisir le Bahreïn fut leur avidité et leur désir à posséder leur propre royaume et à l’expansion de leur Etat, surtout que le Bahreïn représente un site commercial très important et est une île facile à défendre. La lutte pour le pouvoir a mené à la tyrannie, et à la propagation de l’oppression. Après la sortie des Britanniques, le roi bahreïni était obligé d’approuver une constitution pour gagner une certaine légitimité. Et sous la pression populaire qui réclamait la participation au pouvoir, le roi fut amené en 1973 à fonder un parlement qui sera dissout juste après deux ans, c’est-à-dire en 1975, pour être remplacé par le Système de la Sécurité de l’Etat.
Avec l’arrivée du roi actuel Hamad Ben Issa au pouvoir, il promit des réformes, mais il revint après sur toutes ses promesses. Selon l’activiste politique bahreïni Ibrahim Al-Madhoun, une véritable participation à la vie politique ne pouvait être exercée par les groupes politiques « car les différents départements du pays étaient fondés de manière injuste », il les décrit comme étant des départements « conçus selon des bases sectaires ».
En ce qui concerne les circonscriptions, il cite à titre d'exemple la province du nord (à majorité chiite) dont la première circonscription (sur un total de cinq) contient environ 16,300 électeurs, elle est représentée par un seul député et un seul municipal, tandis que la province du sud (à majorité sunnite) contenant le même nombre d’électeurs est représentée par six députés et six municipaux, soit une voix contre 32. Cela résume un peu la situation dans laquelle vit la grande majorité du peuple bahreïni dans son propre pays. La famille royale exerce aussi une politique de changement démographique que « nous avons seulement vu s’appliquer en Palestine et aux Etats-Unis », des milliers de personnes de différentes nationalités sont naturalisées, ceux-ci doivent être fidèles au roi et non pas à l’Etat.
Contrairement à ses homologues arabes, la révolution bahreïnie n’obtient aucun support mondial, surtout de la Ligue Arabe et de l’Organisation des Nations Unies. En outre, les Etats-Unis continuent à soutenir la famille dictatoriale qui utilise les moyens répressifs les plus dures contre un peuple qui insiste toujours à se manifester de manière pacifique, l’organisation Human Rights First (HRF) a appelé dernièrement les Etats-Unis à s’expliquer sur les rapports faisant état de vente d’armes US à destination de Bahreïn. L’organisation regrette que cette vente intervienne un jour après les arrestations et les perquisitions qui ont visé plus de 22 domiciles dans le village de Bani Jamra. L’Arabie-saoudite à son tour, participe à travers ses forces présentes au Bahreïn à la répression des manifestants et aux meurtres.
Cependant, les réclamations des manifestants bahreïnis ne sont pas difficiles à réaliser et font partie des droits les plus fondamentaux des Hommes. Ceux-ci réclament « un système judiciaire indépendant et l’égalité dans la citoyenneté », surtout que la grande majorité du peuple ne peut accéder à aucune fonction publique ou à l’institution militaire; sans oublier aussi que les membres de la famille royale mettent la main sur presque tous les grands ministères du pays.
La commémoration du premier anniversaire du soulèvement bahreïni est accompagnée d’une politique d’oppression et de répression sans précédente. Plus de soixante-dix personnes ont été tuées, des milliers sont mis dans les prisons du régime, les mosquées sont démolies, des milliers de personnes exclues de leurs travaux et collèges. Et malgré cela, Al-Madhoun manifeste son optimisme pour l’avenir de ce soulèvement populaire car « l’histoire nous a appris que les révolutions populaires justes finissent par vaincre ».
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