2011, une année glorieuse pour les causes de libération

Akil CHEIKH HUSSEIN
Maints observateurs n'hésitent pas, quoique sous angles différents, à considérer l'an 2011 comme étant celui des cataclysmes par excellence. Cataclysmes financiers ouverts à des cataclysmes sociaux et politiques qui frappent certaines sociétés au bénéfice de certaines autres. Par contre, des cataclysmes naturels qui se sont aggravés faisant un parcours important sur la voie de la destruction des conditions de la vie sur la planète.
Peu avant la fin de 2011, l'ONU a organisé, à Durban en Afrique du Sud, un énième sommet sur le climat, depuis celui la Terre à Rio en 1993. Mais comme les sommets précédents, ce dernier sommet n'a enregistré aucun progrès au niveau de la lutte contre la catastrophe, l'unique élément de progrès étant celui de son aggravation.
Il est vrai que les Etats-Unis et les pays industrialisés bloquent les efforts visant à limiter l'impact de la catastrophe. Pourtant, il importe de signaler que toutes les solutions négociées, depuis les campagnes de propreté jusqu'à l'énergie prétendument propre ou verte, ne traduisent que l'insistance de l'homme contemporain, celui du progrès et de la modernité, à ne pas renoncer au "MOTEUR" sur lequel se fonde le mode de vie américain déjà mondialisé et destructeur de l'environnement.
Ce qui est scandaleux est que les humains ne le font pas parce qu'ils ignorent la nature égoïste et criminelle du mode de vie régnant. A la façon de celui qui voit la paille dans l'œil de son voisin et ne voit pas la poutre dans le sien, ils procèdent à l'hypocrisie et mènent des campagnes contre la cigarette et, cyniquement, contre les bovins accusés d'être responsables de l'émanation de certains gaz polluant de l'atmosphère. Quant aux cent millions de barils de pétrole qu'ils brûlent quotidiennement pour mettre leurs moteurs en marche, sans compter des quantités équivalents de gaz et d'autres carburants, ils restent en dehors du champ de leur attention.
Le tsunami qui a frappé le Japon en mars 2011 et qui a fait des dégâts dans la station nucléaire de Fukushima constitue une preuve supplémentaire du danger que constitue la catastrophe climatique dans un monde qui s'oriente vers plus de dépendance vis-à-vis de l'énergie dangereuse et vers plus de concentration des populations, en millions et dizaines de millions d'individus dans des mégapoles de plus en plus gigantesques.
Le monde en question, c'est-à-dire qui est construit en fonction des exigences du capitalisme féroce et de l'hégémonie, a fait en 2011 des pas supplémentaires vers l'effondrement.
L'idée de l'effondrement des Etats-Unis, d'une manière dont les conséquences surpasseront de beaucoup celle de l'effondrement de l'Union soviétique, est soutenue maintenant par un nombre grandissant d'observateurs. L'armée Étasunienne est défaite en Afghanistan et en Iraq, et sa crise financière s'aggrave depuis 2008 pour donner à cet Etat la première place mondiale parmi les Etats ratés.
En 2011, la crise financière gagne l'Europe et menace de démanteler son Union puis ses entités nationales et ce parallèlement à des agitations sociales, politiques et ethniques qui ont commencé à prendre forme à travers des manifestations massives qui ont envahi la plupart des villes américaines et européennes dans le cadre de mouvement d'"occupation" semblable au mouvement "Occupy Wall Street", dans celui des révoltes qui ont frappé les villes britanniques ou dans celui de phénomènes racistes et xénophobes qui ont pris des dimensions dangereuses dans plusieurs pays européens, notamment au Norvège.
Au moment où s'accélère la chute des gouvernements dans des pays comme la Grèce, l'Irlande, l'Italie et l'Espagne, on assiste à l'apparition de gouvernements de technocrates dont la fonction est de gérer les mesures d'Austérité et la recapitalisation des banques en faillite comme seules solutions pour limiter le problème des dettes souveraines.
Dans ces conditions, la voie s'ouvre en Occident devant le recul du politique, le despotisme des firmes multinationales et la montée des taux du chômage, ce qui favorise les bouleversements sociaux et pose la nécessité du changement radical dans la mesure où la situation s'avère de plus en plus non viable.
La crise qui frappe le système capitaliste a eu des répercussions au niveau du monde entier, y compris le monde arabe dont les révolutions ont constitué l'événement le plus saillant de l'année 2011.
L'aspect le plus important de ces révolutions consiste dans le fait qu'elles ont délivré les peuples arabes de la léthargie dont ils souffraient depuis des décennies et même depuis des siècles.
Parmi leurs autres aspects, on compte leur spontanéité et la diversité de leurs orientations à laquelle répond la diversité des réactions qu'elles ont suscité de la part des puissances régionales et internationales : Soutien de la part de l'axe du mal américain -pour des raisons politiques et stratégiques bien connues- à ce qu'on appelle la révolution libyenne et la révolution syrienne, et hostilité affichée vis-à-vis des deux révolutions au Yémen et à Bahreïn. Une attitude à laquelle s'ajoute l'effort déployé en vue de détourner celles de Tunisie et de l'Egypte, et d'empêcher les vents du changement de souffler vers l'Arabie saoudite et les autres pays du Golfe.
La montée des islamistes au pouvoir met ces révolutions à l'épreuve surtout après certaines prises de positions qui prolongent celles des régimes précédents en ce qui concerne la cause palestinienne et les autres causes de libération économique et sociale.
Mais en dépit de la modestie des objectifs réalisés jusqu'à présent par les révolutions arabes, la chute de chefs, comme Moubarak et Ben Ali, connus par les grands services qu'ils ont rendus au projet américain et sioniste dans la région, a porté un coup douloureux à ce projet. Ce coup s'ajoute à la légende ruinée au Liban et à Gaza de l'armée israélienne prétendument invincible, à la défaite américaine en Iraq et à la résistance de la Syrie et de l'Iran face aux conspirations, aux sanctions, au pressions et aux gesticulations désespérées.
Les manœuvres navales effectuées par l'Iran, à la charnière de l'an 2011-2012, dans le détroit d'Hormuz et l'Océan indien interviennent pour affirmer que tout acte de gangstérisme que pourrait entreprendre l'axe du mal américain dans la région aura pour conséquence le changement de sa carte d'une manière qui arrachera définitivement les racines de l'hégémonie sur le plan international.
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