La libération de Salah Hammouri: un cadeau israélien à Sarkozy

Dans le cadre de l'accord de l'échange de prisonniers entre le Hamas et "Israël", le détenu originaire d'Al-Qods, Salah Hammouri, ayant la nationalité française, figure parmi les prisonniers libérés. Cette affaire avait suscité une vive polémique entre la France et "Israël", le président français Nicolas Sarkozy ayant qualifié Netanyahu de "menteur".
Jeudi, le 3 novembre dernier, les journalistes furent choqués par un entretien entre Nicolas Sarkozy et Barack Obama à l'ouverture du point de presse commun dans le cadre du congrès du G20 à Canne.
Dans un dialogue en marge du congrès, détecté par les systèmes de traduction, Sarkozy disait à Obama parlant de Netanyahu: "C'est un menteur, je ne peux plus le supporter".
Les organisations franco-juives ont été choquées par cet incident, elles qui ont fortement soutenu l'arrivée de Sarkozy au pouvoir, surtout les courants du Likoud présidé par Valérie Hoffenberg, la présidente du comité judéo-américain, le département de la France (American Jewisch Committee).
Cette organisation avait mis en place en 2006 le club du "premier cercle", qui a pris à sa charge la collecte de dons militaites et le soutien politique au candidat de la présidence Sarkozy.
Le zèle de l'ambassadrice du Likoud en France l'a poussée à convaincre Netanyahu de publier en novembre 2006 une carte postale en soutien à Sarkozy.
Sarkozy a remercié la responsable du Likoud, en la nommant déléguée chargée "des dimensions économiques, culturelles, commerciales, pédagogiques, et écologiques pour le processus de paix au Proche-Orient". Ceci lui a permis d'utiliser les fonds des taxes français dans des projets et des initiatives pour la normalisation avec "Israël".
Sarkozy vantait toujours son soutien à "Israël" et son amitié avec Netanyahu. Que s'était-il alors passé à Canne pour que cet ami devienne un menteur insupportable?
Selon la revue française "Le Nouvel Observateur", les divergences entre Sarkozy et Netanyahu se sont aiguisées dans les coulisses, lors de la dernière étape des négociations sur la libération du franco-israélien Gilad Shalit. Sarkozy avait accueilli les parents de Shalit 9 fois depuis son arrivée au pouvoir.
Il a tant veillé à ce que le nom de Shalit figure dans les listes officielles des otages français de par le monde, malgré les protestations du Quai d'Orsay, qui a rappelé que "les soldats enlevés ne sont pas d'otages, mais des prisonniers de guerre".
Par ailleurs, les protestations des activistes de droits de l'homme ont considéré que le soutien de Sarkozy à Shalit est une partialité flagrante en faveur d'"Israël".
Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner refusait lors de son mandat de répondre aux questions de journalistes sur l'affaire de Salah Hamouri. Il disait: "La France ne veut pas parler de ce sujet parce qu'Israël est un pays souverain".
En contrepartie, les comptes de Sarkozy et de Kouchner sur la souveraineté ne s'appliquent pas sur l'Iran, ni sur le Mexique concernant les causes de la détention de la blogueuse Clotilde Rice et Florence Cassez.
Lorsqu'Alain Juppé fut nommé au ministère des Affaires étrangères, la position du Département d'Etat français de l'affaire de Salah Hammouri s'est développée. Juppé a rencontré les parents de Hammouri, Hassan et Denis, lors de sa visite à Al-Qods, le 2 juin dernier, et a appelé les autorités israéliennes à le libérer. Mais l'Elysée est restée sourde face aux demandes de la commission parlementaire française de le libérer, une commission formée par le député communiste Claude Leffort, chef de l'association de l'amitié franco-palestinienne.
Pendant toutes les années de détention, le nom de Salah n'a figuré sur un aucun document officiel de l'Elysée. Pour cette raison, les activistes des campagnes de solidarité européenne étaient surpris face à la demande du président français de le libérer dans la deuxième étape de l'échange de prisonniers, dans un discours prononcé le 18 octobre dernier.
Il avait dit: "Salah Hammouri jouit, comme tout autre citoyen français, de la protection et de l'attention du gouvernement français et nous espérons qu'il sera libéré très prochainement. Nous avons insisté sur cette demande auprès des autorités israéliennes".
Cette déclaration française a suscité les inquiétudes des supporters de Salah, craignant "un accord secret" entre "Israël" et la France pour expulser Salah à Paris, lui qui a toujours rejeté cette idée, disant préférer rester en prison ou mourir à Al-Qods que d'être expulsé.
Et pour couper la route devant tout "consensus suspect", le comité de défense de Salah a publié un communiqué dans lequel il s'est dit choqué de la déclaration de Sarkozy, rappelant que "la peine de prison de Salah prend fin officiellement le 28 octobre 2011, et que l'appel de Sarkozy signifie la prolongation de son emprisonnement pour trois semaines supplémentaires, puisque l'échange aura lieu le 18 décembre".
Mais les motivations de Sarkozy furent différentes. Selon le Nouvel Observateur citant des sources proches de l'Elysée, les revendications de Sarkozy de libérer Hammouri furent une sorte de "compensation" après que Netanyahu l'eut privé de partager "le rôle de héros" dans la libération de Shalit!
Selon le quotidien libanais Al-Akhbar, citant une source diplomatique française, le président de l'Elysée a chargé Valérie Hoffenberg et d'autres personnalités proches de Netanyahu au "conseil français pour les institutions juives de France" de faire des efforts afin de donner à la France un rôle symbolique dans la libération de Shalit. En effet, les médiateurs français avaient décidé de transporter Shalit après sa libération de l'Egypte à Al-Qods au bord d'un hélicoptère français, mais Netanyahu a changé son avis à la dernière minute, de peur que cette participation française ne lui enlève le "rôle du héros absolu".
De même source, on ajoute que le président français en fut informé quelques heures avant l'échange alors qu'un porte hélicoptère de la marine française avait traversé le canal de Suez pour s'apprêter à transporter Shalit à "Israël".
Ce refus israélien de dernière minute a mis Sarkozy en rage, qui a eu une conversation téléphonique orageuse avec Netanyahu. Pour cette raison, Netanyahu a décidé alors de ne pas inviter le consul français à assister à l'accueil officiel de Shalit.
Mais les conseillers de Sarkozy pro-Likoud sont intervenus une fois de plus pour calmer les choses, et ont proposé la libération de Salah Hammouri pour satisfaire Sarkozy. Mais le discours détecté par les journalistes entre Obama et Sarkozy lors du sommet du G20 a aiguisé les tensions de nouveau entre Netanyahu et Sarkozy. C’est alors que l’administration judiciaire sioniste annonça que la durée de détention de Salah Hammouri se poursuit officiellement jusqu’au 12 mars 2012, contrairement au document livré à la famille du détenu via la Croix Rouge le 26 octobre qui indique que sa peine prend fin officiellement le 28 novembre 2011.
Les autorités sionistes ont manipulé le concept de la détention administrative, qui est de 264 jours par an, et de l’année entière qui est de 365 jours.
L’objectif non annoncé de cette mesure fut d’éviter la libération de Salah de la deuxième étape d’échange de prisonniers. Mais les ténors du lobby sioniste en France sont intervenus auprès du président israélien Shimon Peres, le sollicitant à convaincre Netanyahu que cette mesure administrative ne sert pas l’amitié stratégique entre les deux « pays ».
Face à ces efforts, le gouvernement israélien est revenu sur sa décision le 14 décembre en cours et a inscrit le nom de Hammouri en 524ème position sur la liste des prisonniers libérables, qui sont au nombre de 550.
Source: Al-Akhbar
Traduit par: Sanaa Mazbouh
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