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La manœuvre politicienne de Geagea

La manœuvre politicienne de Geagea
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Soraya Hélou

Le projet de loi électorale dit des orthodoxes, présenté par l’ancien vice-président de la Chambre Elie Ferzli et qui a fait l’objet de la plus grande partie des discussions au cours de la réunion élargie à Bkerké samedi continue de soulever de grandes interrogations. Ce projet, qui semble un retour en arrière sur le plan de l’unité nationale et qui au contraire divise encore plus la communauté chrétienne sur le plan confessionnel a aussitôt bénéficié de l’appui inconditionnel du Chef des Forces libanaises Samir Geagea. Ce qui ne manque pas d’étonner les milieux politiques, d’autant que le chef des FL est l’allié du Courant du Futur qui, lui, préfère en rester à la loi actuelle qui était en vigueur en 2009 et qui lui a permis de rafler la plus grande partie des sièges parlementaires sunnites. Quel est donc le secret de l’attitude de Geagea ? La réponse est simple : le chef des Forces libanaises a une hantise, voire une obsession qui s’appelle Michel Aoun. Voulant éviter de laisser la scène chrétienne au général et empêcher ce dernier d’être le défenseur des droits des chrétiens, Geagea n’a rien trouvé de mieux que d’appuyer le projet de « La rencontre orthodoxe » qui exige que chaque député soit élu par les électeurs de sa propre confession. De plus, ce découpage électoral renforce le clivage confessionnel et communautaire, en poussant la communauté chrétienne vers un repli sur elle-même qui arrange particulièrement la conception étroite de Samir Geagea de la coexistence. Ce dernier qui a mis officiellement un bémol à son fameux slogan « de Kfarchima à Berbara » en raison de son alliance avec le Courant du Futur et de l’argent qu’il reçoit de ses alliés, rêve encore de créer le mini-Etat chrétien sous couvert de fédération libanaise. Le projet de loi grec orthodoxe est donc tombé à point nommé pour permettre au chef des Forces libanaises de faire de la surenchère chrétienne sur le général Aoun, tout en souhaitant intérieurement que ce projet puisse trouver son chemin vers le Parlement. Mais si cela ne devait pas arriver, il aura quand même marqué des points sur la scène chrétienne, en jouant sur la fibre confessionnelle et sur la peur actuelle des chrétiens d’Orient après leur exode d’Irak et les massacres dont ils sont la cible en Egypte. Geagea qui a nié l’existence d’une telle peur parce que Michel Aoun l’avait soulevée en décrétant son appui au régime syrien qui protège les minorités, se veut aujourd’hui le premier protecteur de « la minorité chrétienne », en brandissant la peur des chrétiens pour justifier son appui au projet.

Il s’agit donc pour le chef des FL d’une manœuvre politicienne et de l’expression une fois de plus de l’obsession qu’il a du général Aoun et de sa popularité sur la scène chrétienne. Par contre, Aoun, de son côté, a précisé que ce projet doit être examiné comme les autres, adoptant ainsi une attitude réaliste et objective, mais en fin de compte, ce projet a peu de chances d’être adopté. Geagea le sait bien et il ne cherche pas vraiment à le faire adopter, en sachant que ses alliés au sein du 14 mars ne peuvent pas lui être favorables. Mais aiguiser les sensibilités chrétiennes et reprendre la communauté en otage en jouant sur les extrêmes comme il l’a fait pendant les années 1986-1987, lorsqu’il exerçait une hégémonie totale sur « les régions est » reste son fantasme profond…

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