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Une question de priorités

Une question de priorités
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Soraya HELOU

Depuis quelques semaines et à cause de la pression médiatique et politique du 14 mars, les Libanais avaient fini par croire que leur sort dépendait du financement ou non du TSL. Ils ont beau avoir de nombreux problèmes dans la vie au quotidien, notamment sur le plan de la circulation, des prestations sociales, des salaires, de la hausse incontrôlée des prix, du coût des soins médicaux, de la lenteur de la justice…pour ne citer que ceux-là, mais les médias et les hommes politiques ne discutaient que du TSL et de l’échéance de son financement. Même le Premier ministre a dans un entretien télévisé, lié le sort de son gouvernement à ce dossier, déclarant clairement son intention de démissionner au cas où le conseil des ministres ne votait pas en faveur du financement du TSL. Il n’a pas eu conscience ainsi de choquer les Libanais, qui estiment certes que ce sujet est important, mais sans doute pas plus que le relèvement de leurs salaires…Surtout en cette période de crise économique mondiale. C’est pourquoi la démarche des ministres du CPL qui ont boycotté la séance ministérielle de vendredi dernier, poussant ainsi à son report, a eu l’avantage de rétablir les priorités des Libanais. Pour les ministres du CPL et pour leur chef le général Michel Aoun, l’équation est claire : s’il faut faire sauter le gouvernement au moins que cela soit pour des raisons purement libanaises, liées aux problèmes des citoyens.

Le général Michel Aoun n’a d’ailleurs pas cessé d’exprimer son mécontentement à l’égard de l’action du gouvernement depuis quelque temps déjà : paralysie quasi-totale, lenteur dans l’examen des questions importantes, incapacité de se pencher sur les vrais problèmes qui touchent les Libanais, incapacité de procéder à des nominations alors qu’il y a de nombreux postes vacants au sein de l’administration, incapacité de toucher à certains symboles de l’équipe précédente, pourtant pris en flagrant délit d’actions en violation de la loi et des règlements… La liste des griefs est longue. Mais Aoun et les membres de son bloc se taisaient pour « préserver la cohésion ministérielle » et prenaient ainsi leur mal en patience. Toutefois, lorsque le Premier ministre lui-même a menacé de démissionner refusant de s’incliner devant les règles démocratiques au sein du gouvernement, ils ne pouvaient plus continuer à se taire et céder à ce qui ressemble à une forte pression exercée par le Premier ministre lui-même sur ses alliés au sein de la coalition de la majorité. Ils ont donc décidé de s’exprimer clairement, en refusant d’assister à la séance gouvernementale si leurs revendications ne sont pas prises en compte. Mais le plus important est qu’ils ont redonné la priorité aux questions purement libanaises dans l’action du gouvernement. En même temps, ils ont fait passer le débat sur le financement du TSL au second plan rappelant ainsi à la classe politique et aux Libanais en général que pour une famille pouvoir hospitaliser un de ses enfants malades est plus important que de donner de l’argent à un tribunal dont l’action  jusqu’à présent reste sujette à controverses et dont les membres touchent des salaires énormes qui pourraient faire vivre tout un quartier de Beyrouth pendant un mois au moins…

Le Premier ministre a beau évoquer les pressions internationales exercées sur lui et les propos fermes qu’il a entendus des dirigeants internationaux au sujet du financement du TSL, il doit quand même se rappeler aussi qu’il a la responsabilité des Libanais et qu’il doit avant tout se pencher sur leurs problèmes. En somme, ce n’est pas par la menace que l’accord des ministres pour le financement du TSL sera arraché. En pleine période de crise financière internationale, le sort du monde ne s’arrêtera pas à cause du non versement de près de 40 millions de dollars. Mais pour les Libanais, une telle somme a son importance… Si elle est bien utilisée.

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