Les sanctions économiques contre la Syrie : un mauvais choix

Source: Alintiqad - Boussayna Olleik
Traduction: Fatima Ali
Les sanctions économiques ont toujours été un des outils visant la Syrie. Et dernièrement, elles sont devenues à la une suite à l’échec des divers projets élaborés contre Damas sur les plans militaires, politiques et de la sécurité. Ces sanctions réussiront-elles à affaiblir et à épuiser la Syrie et à établir un désordre qui pourrait décomposer l'état et la société Syriens de l'intérieur?
Nombreux sont les économistes qui s'entendent sur le fait que ces sanctions économiques ne sont qu’un mauvais choix: De fait, la Syrie s'est habituée à ce genre de sanctions depuis les années quatre-vingt du siècle dernier, et a réussi, depuis lors, à transformer cette menace en une opportunité dans la mesure où elle a pu aboutir à une autosuffisance en de nombreux biens de première nécessité. Par exemple, la Syrie possède une réserve de blé qui pourrait lui suffire au moins six mois en cas de blocus terrestre et maritime.
La Syrie a également adopté une politique économique qui fait d’elle l'un des rares pays non débiteurs dans le monde ; elle a de même établi un réseau de développement socio-économique dans lequel l'Etat, les secteurs productifs et les composants de la classe moyenne sont inclus, leur offrant une immunité sociale.
Les sanctions économiques dont il est question aujourd’hui sont réparties sur quatre niveaux : celles des Etats-Unis, de l’Europe, des Arabes et de la Turquie.
Selon le rédacteur en chef de la revue "l’Economie et la Construction", Hassan Mokalled, les sanctions américaines ne sont pas nouvelles. Elles incluent surtout des techniques servant dans les domaines de l'aviation, du pétrole et de l’industrie militaire. Tandis que les sanctions les plus dures sont celles imposées sur les institutions financières et bancaires et sur des banques étrangères ayant des liens financiers avec Damas, ou possédant des dépôts pour des Syriens en monnaies étrangères.
Malgré l'illégalité de ces sanctions au niveau international vu qu'elles n’ont pas été imposées par les Nations unies, le pouvoir des Etats-Unis a réussi à les transformer en un fait accompli.
"Les sanctions les plus dommageables pour la Syrie sont celles imposées par l'Union européenne car la Syrie vend 97% de ses exportations pétrolières à l'Europe. Ces exportations se sont complètement arrêtées durant la dernière période, mais Damas a rapidement trouvé d'autres marchés en Chine et en Indonésie ", ajoute Mokalled.
Quant aux sanctions financières liées à la monnaie européenne, Mokalled confirme que "la Syrie a déjà commencé à adopter des mécanismes lui permettant de surmonter ce problème". "La Syrie est le seul pays de la Méditerranée, qui n’a pas signé l'accord de partenariat européen pour des raisons liées à sa politique et à sa souveraineté. Après l'imposition des conditions qu’exige le partenariat européen, la Syrie a pris pendant la période de 2006 à 2008, une décision ferme consistant à ne pas signer cet accord de partenariat si les conditions ne répondent pas à ses propres termes", ajoute-t-il.
Quant aux sanctions arabes, les relations commerciales interarabes sont très faibles et les sanctions imposées ne seront pas appliquées par l'Irak dont le marché constitue de nos jours un grand importateur de la production syrienne. Cependant, ce qui peut constituer une source de bouleversement dans les sanctions arabes c’est l’arrêt des crédits en riyal saoudien ou en dinar koweïtien, mais la banque centrale syrienne l'a anticipé en annonçant le gel de l’ouverture des crédits en riyal saoudiens.
« A quelque chose malheur est bon », c’est à travers ce proverbe que M. Mokalled décrit les sanctions turques. « La structure de l'industrie syrienne a été négativement affectée par les relations économiques entre les deux pays. Les industriels syriens étaient heureux de voir les exportations turques s’arrêter car soutenues par Ankara, ces exportations se montraient difficiles à être concurrencées par les Syriens. La menace turque de couper l'électricité à la Syrie contient des erreurs importantes car la Syrie ne prend que 2,7% de l'électricité de la Turquie et vend 7% au Liban et à la Jordanie ; cette réalité vide ces menaces de tout contenu réel et sérieux. Mokalled a indiqué que l’effet qui pourrait le plus nuire à l'économie syrienne est le retrait des dépôts turcs de la Syrie, ce qui n'est pas encore arrivé à ce jour.

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