L’affaire de l’ambassadeur saoudien : La route vers Téhéran passe par Ryad !

Akil Cheikh Hussein
"Quand le sage montre la lune, l'imbécile regarde le doigt" (Proverbe chinois)
Beaucoup trop de tapage médiatique et de gesticulations promettant, en gardant "toutes les options ouvertes", des sanctions supplémentaires y compris guerrières, contre l'Iran accusé d'avoir préparé un plan pour assassiner l'ambassadeur saoudien à Washington.
Avec son caractère qualifié d'amateurisme naïf par nombre d'observateurs américains et occidentaux, cette accusation a été applaudie tant par les responsables occidentaux que par le Conseil de Coopération des pays du Golfe.
De l'avis bien significatif du représentant de la Russie aux Nations Unies, il s'agit d'une accusation "étrange" et, selon les Iraniens, elle est montée de toutes pièces afin de troubler les relations entre les pays de la région et semer la division dans le monde musulman.
Sans doute pour parer aux faiblesses du scénario, ceux qui l'ont concocté l'ont garni par des charges supplémentaires : La conspiration iranienne comprendrait plusieurs autres attentats visant les deux ambassades d'"Israël" aux Etats-Unis et en Argentine.
Dans la même intention, les Etats-Unis ont déclenché une alerte "mondiale" contre des attentats dans les moyens de transport.
Et voilà, qu'avec la multiplication des réunions, des déclarations et des contacts avec les amis et les alliés des Etats-Unis partout dans le monde, cette affaire débouche sur une véritable atmosphère de bruit de bottes semblable à celle qui régnait juste avant l'invasion de l'Iraq.
Mais il ne s'agit cette fois que d'un bluff comme tous les autres. En effet, depuis la victoire de la révolution iranienne en 1979, les Américains n'ont jamais manqué de diffuser l'impression d'une imminente attaque américaine et/ou israélienne contre l'Iran.
Mais pour diverses raisons parmi lesquelles primait cette volonté de semer la division dans le monde musulman, et une fois que le régime afghan de Taliban eut renoncé à l'aventure guerrière qu'il envisageait de mener contre l'Iran, c'est le régime iraquien de Saddam Hussein qui, d'une manière ou d'autre, a été encouragé par les Etats-Unis à remplir cette tâche.
Ils espéraient ainsi affaiblir les deux parties pour rendre plus facile le fait de les soumettre par la suite. Et cela se passait à un moment où, avec les signes précurseurs de l'exténuation du camp soviétique, la superpuissance américaine ne pouvait aucunement douter de la fin de l'histoire et de l'avènement imminent de son empire mondial.
Ce n'est pas par hasard, au-delà de la mascarade de la libération du Koweït envahi par les troupes de Saddam, que la seconde guerre du Golfe, celle de l'alliance mondiale dirigée par les Etats-Unis contre l'Iraq, coïncidait avec l'effondrement du camp soviétique, mais surtout avec la résistance du régime islamique iranien resté inébranlable durant huit dures années face à l'agression du régime iraquien soutenue par l'Occident et par la plupart des régimes arabes.
Durant les dix années allant de 1991 à 2001, et pendant le blocus imposé à l'Iraq, les Démocrates américains misaient sur cette nouvelle donne stratégique pensant qu'elle suffirait pour déclencher à l'intérieur de l'Iran un processus qui finirait par le conduire à obtempérer.
En vain. Les Néoconservateurs procédèrent autrement. Grace au 11/9, ils présentent les Etats-Unis comme étant la victime du terrorisme islamique et crient vengeance, tout en s'aliénant la sympathie d'une grande partie de l'opinion mondiale.
La route vers Téhéran passait à leurs yeux par l'invasion de l'Afghanistan, puis de l'Iraq, deux pays d'une très grande importance stratégique et, de plus, limitrophes de l'Iran islamique qui, depuis 1979, se dresse en obstacle aux projets hégémoniques des Etats-Unis.
Une longue décennie est passée sans que les Américains républicains, et à leurs traces les Démocrates d'Obama, et leurs alliés n'en arrivent à pacifier ces deux pays qu'ils croyaient soumettre sans peine.
Au contraire, ils y subissent des échecs cuisants et quémandent maintenant l'aide justement de l'Iran pour s'assurer une sortie digne de leur sauver la face, sans pour autant perdre l'espoir de pouvoir réaliser leur projet initial.
Ils empruntent à cette fin le même vieux sentier battu. Il paraît qu'à leurs yeux, la route vers Téhéran passe cette fois par l'Arabie saoudite et les autres pays arabes du Golfe. Pays qui flottent sur une mer d'hydrocarbures et d'une importance stratégique beaucoup plus grande que celle de l'Afghanistan et de l'Iraq.
Mais surtout dont l'invasion peut permettre aux Etats-Unis de se targuer d'avoir, ne serait-ce qu'une seule fois, "libéré" un ensemble de pays qui vivent, sans le moindre soupçon de démocratie et de droit, sous le règne d'un despotisme absolu.
C'est à la lumière de ces visées qu'il faut comprendre les manipulations des Etats-Unis visant à dresser l'Arabie saoudite et les autres pays arabes du Golfe contre l'Iran, dans le but de les traiter à l'afghane et à l'iraquienne pour soi-disant les protéger contre les Iraniens.
Cela peut paraître extravaguant étant donnée la grande sensibilité d'une région qui fournit au monde la moitié de ses besoins en hydrocarbures. Etant donnée aussi la profonde amitié qui lie les Etats-Unis aux Arabes du Golfe.
Pourtant, le chancèlement des Etats-Unis et des autres pays d'Occident sous le poids de la crise économique et des révolutions qui finiront par placer les pays arabes sur les rails d'une histoire qui mettra fin à toutes les formes d'hégémonie, les acculent à recourir même à la folie suicidaire
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