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Beaucoup de bruit pour rien

Beaucoup de bruit pour rien
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Soraya Hélou

Communiqués incendiaires, réunion au domicile de l’ancien Premier ministre Saad Hariri en l’absence de ce dernier mais pour le symbolisme du lieu, le 14 mars multiplie les démarches pour dissimuler ses défaites successives. Reprenant à son compte la tactique selon laquelle il faut faire beaucoup de bruit quand ça va mal, il se veut tantôt menaçant et tantôt sûr de lui, utilisant à fond les médias qui lui sont acquis pour faire croire que c’est lui qui a encore l’initiative. Pourtant, si on y regarde de plus près la situation est tout autre.

On se souvient qu’au moment de la chute du gouvernement de Saad Hariri, ce dernier appuyé par tous les piliers du 14 mars avait accusé le 8 mars d’avoir effectué un coup d’Etat. Il a même réussi à convaincre les chancelleries occidentales, notamment aux Etats-Unis et en France, qui ne demandaient d’ailleurs qu’à l’être, de la théorie du coup d’Etat du Hezbollah. Des émissaires ont ensuite été envoyés aux quatre coins de la planète et dans les capitales qui comptent pour pousser la communauté internationale à refuser de traiter avec le Premier ministre désigné. Saad Hariri et ses alliés croyaient que face à ce boycott, Négib Mikati serait contraint à démissionner d’autant qu’il ne réussirait pas à former un gouvernement.

Huit mois plus tard, Négib Mikati est toujours là et il a même formé un gouvernement. Plus que cela, son gouvernement a été reconnu internationalement. Et même si le chef de la diplomatie française Alain Juppé ne l’a reçu que quelques minutes debout en marge de la conférence des amis de la Libye qui s’est tenue à Paris, il a bel et bien présidé la réunion du Conseil de sécurité et s’est entretenu avec tous les représentants du monde au siège de l’Onu à New York, y compris la secrétaire d’Etat américaine et son adjoint Jeffrey Feltman, il y a quelques mois encore le plus convaincu de la thèse du coup d’Etat du Hezbollah.

Le voyage à New York du Premier ministre Négib Mikati a donc balayé les derniers espoirs placés par le 14 mars dans la communauté internationale.

La pilule est d’autant plus dure à avaler que deux changements stratégiques sont intervenus sur la scène interne. D’abord, le mufti Mohammed Rachid Kabbani qui a pendant des années été le plus fidèle allié des Hariri père et fils s’est désolidarisé d’eux, réaffirmant son rôle de mufti du Liban et se situant à égale distance de toutes les parties internes, notamment sur la scène sunnite. Ce fut ensuite au tour du patriarche maronite Mgr Béchara Raï d’adopter des positions stratégiques en contradiction avec les thèses du 14 mars. Il a ainsi appuyé le droit du Hezbollah à la résistance tant que les terres libanaises restent occupées et que la communauté internationale n’exerce aucune pression sur l’entité israélienne et il a estimé que le régime syrien actuel est préférable pour la présence chrétienne au chaos, d’autant que le plan occidental pour la Syrie n’est pas clair et que les chrétiens sont toujours les premières victimes en cas de conflit. Le 14 mars a tenté, à mots couverts, de faire croire que le patriarche avait été trop impulsif et qu’il allait modifier ses positions. Tout comme il a tenté de répandre la rumeur selon laquelle les positions de Mgr Raï ne reflètent pas celles du Vatican. Non seulement le patriarche n’a pas changé ses positions, mais aucun désaveu n’est venu du Vatican. Le sommet religieux qui s’est tenu mardi à Dar el Fatwa a conforté les nouvelles orientations des chefs religieux libanais : en faveur du maintien de la présence chrétienne, de la coexistence islamo-chrétienne et contre l’entité israélienne qui reste l’ennemi du pays.

Aucune interprétation n’est plus possible : le camp du 14 mars a bel et bien perdu le mufti et le patriarche, tout comme il a perdu la bataille de l’isolement du gouvernement Mikati. Son chef vit un exil doré et certaines informations annoncent une prochaine visite de Mikati en Arabie saoudite, « dernier bastion réservé » à cheikh Saad.

Face à toutes ces défaites, le camp du 14 mars hausse le ton à l’égard du gouvernement. Mais sa bataille ressemble de plus en plus à un combat d’arrière garde…

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