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Le retour d’Ali Abdallah Saleh : Une guerre par procuration contre le peuple yéménite !

Le retour d’Ali Abdallah Saleh : Une guerre par procuration contre le peuple yéménite !
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Akil Cheikh Hussein

Abstraction faite de ses véritables visées, l'initiative du Conseil de Coopération des Pays du Golfe concernant le Yémen, stipule la passation des prérogatives constitutionnelles du président Ali Abdallah Saleh au Vice-président Abd Rabbo Mansour Hadi. Ce dernier devrait gérer la transition du pouvoir et organiser des élections libres indispensables pour le retour du Yémen à la vie normale et stable.

On sait que cette initiative a été formulée par les Etats du Conseil de Coopération avec la participation de l'Union européenne et le téléguidage direct des Etats-Unis. Elle est donc le fruit d'un consensus international et régional qui n'a eu lieu que pour la guerre imposée par l'Iraq à l'Iran, puis pour les guerres contre l'Afghanistan, l'Iraq et la Libye et, en fin, pour les campagnes internationales et régionales menées contre l'Iran, la Syrie et le Liban.

Mais s'agissant de l'attitude de l'Alliance internationale et régionale pour ce qui est du Yémen, on ne manque pas de constater que la fermeté et la détermination qui l'ont marquée lors des guerres et des campagnes mentionnées restent lamentablement absentes. A noter tout de même que ce qui a empêché ces campagnes d'évoluer vers des guerres chaudes n'est rien d'autre que la hantise de l'alliance internationale et régionale de la voir glisser vers un fiasco plus grand que celui encaissé au Liban par l'armée israélienne lors de la guerre de juillet/août 2006. 

Il importe aussi de signaler que la stabilité du Yémen et son retour à la vie normale sont les derniers des soucis des Etats-Unis et de ses alliés occidentaux. Leur histoire coloniale et leur présent lourdement chargé de concepts comme ceux du nouvel ordre mondial et du chaos constructif l'attestent et prouvent que leurs seuls soucis se focalisent sur l'expansion de leur influence mise au service de l'hégémonie et de l'oppression des peuples.

La même stabilité et le même retour du Yémen à la vie normale sont contrairement aux prétentions de la fraternité et de la solidarité fraternelle, une source d'inquiétude et de peur pour les frères du Golfe qui, grâce à la partition coloniale, ont eu des "Etats", royaumes et émirats, trop peu peuplés et démesurément riches en gisements de pétrole et de gaz, alors que le Yémen voisin qui compte plus de vingt millions d'habitants subit toutes les calamités liées à la misère et à la pauvreté.

Même si l'on néglige les penchants expansionnistes qui furent à l'origine de l'unification par la force du Hedjaz et de Nadjd sous la bannière saoudienne, mais surtout à l'origine de l'annexion par l'Arabie Saoudite de plusieurs provinces yéménites, on peut être certains que l'Arabie Saoudite est encore beaucoup plus allergique que ses voisins du Golfe à toute évolution ou changement sur la place yéménite.

En effet, les deux pays sont géographiquement juxtaposés autour de frontières de quelques milliers de kilomètres et l'Arabie Saoudite a été occupée avant les événements récents au Yémen par la construction d'une de murs de séparation en vue de limiter le flux des Yéménites chercheurs d'emploi dans le pays frère qui flotte sur une mer de pétrodollars.

Seule la fameuse recommandation faite par le roi Abdul Aziz à ses fils leur demandant de "pérenniser la faiblesse du Yémen" suffit pour corroborer cette allergie saoudite.

En vérité, dès l'annexion d'Assir et de Jizan, de l'hostilité saoudienne affichée à l'égard du régime républicain nait du coup d'Etat du Général Sallal, de l'Assassinat d'Ibrahim al-Hamdi, de l'engagement de Ryad aux côtés d'une partie des Yéménites contre l'autre partie dans toutes les guerres civiles ayant éclaté dans le pays, et des tentatives visant à déstabiliser le régime de Saleh pour son attitude hostile à l'invasion de l'Iraq,  avant de passer à le soutenir actuellement… S'employer à affaiblir le Yémen fut une constante des politiques saoudiennes dans la Péninsule Arabique.

Quant à l'initiative des pays du Golfe, elle n'est pas une exception : Evincer Saleh ou le remplacer par un dirigeant du même genre tout en préservant la nature de son régime, ou, le consolider au pouvoir et vaincre la révolution yéménite pour saper l'avenir du Yémen et les aspirations de son peuple.   

Contrairement aux déclarations américaines, européennes et saoudiennes qui font semblant d'appuyer l'initiative du Golfe du fait qu'elles répandaient l'impression que son voyage pour hospitalisation en Arabie Saoudite était la dernière étape de sa vie politique, il paraît que c'est la seconde option qui a pris le dessus.

Juste en quittant le Yémen suite à l'attentat qui a visé sa résidence il y a trois mois, le Washington Post affirmait que le Yémen s'engage sous le vice-président dans l'étape transitoire et commence à frayer son chemin vers la stabilité, la démocratie et la prospérité, et ce parallèlement à des allégations saoudiennes au sujet de blessures inguérissables à terme d'Ali Abdallah Saleh.

Il y a seulement quelques jours, des déclarations américaines et saoudiennes annonçaient son départ imminent, dans une semaine tout au plus, disait-on. Pourtant, c'est la grande surprise. Saleh regagne le Yémen et commence par lancer des déclarations "présidentielles", alors que son fils Ahmad, commandant de la Garde présidentielle, disant à haute voix que la solution décisive n'est autre que la solution militaire. Et il le prouvait en perpétrant à Sana et dans d'autres villes du pays des massacres qui ont fait en deux jours des centaines de morts et de blessés.

Il est clair qu'évincer Saleh était chose facile lors de son hospitalisation en Arabie  Saoudite. Il est clair qu'il n'est pas rentré au Yémen mais qu'il y a été dépêché pour lancer une guerre américano-saoudienne par procuration contre le peuple yéménite. Il est clair que miroiter son départ imminent, tout comme l'initiative des pays du Golfe, n'était qu'une ruse pour gagner du temps.

Il est clair aussi qu'à l'époque des défaites qui est devenue le signe du temps international et régional, gagner le temps est une chose alors que gagner la guerre est toute autre chose.           

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