La famine ravage la Somalie

Rapport: Sanaa Mazbouh
Depuis les années 1990, la Somalie navigue entre anarchie et guerre civile, exposant les populations aux caprices des combats et du climat. Mais le problème le plus grave auquel est confronté ce pays est l'aggravation de la famine.
La sécheresse aggrave les effets de la guerre en Somalie
La famine qui ravage la Somalie n'aura pas été une surprise pour tout le monde. Depuis des années, les experts et les ONG alertent sur les risques de voir le pays sombrer dans une crise humanitaire. Une prédiction facile, tant la situation de ce pays paraît fragile.
Privé, ou presque, de tout gouvernement depuis la chute de Mohammed Siad Barre, en 1991, la Somalie navigue depuis lors entre anarchie et guerre civile, exposant les populations aux caprices des combats et du climat. La sécheresse qui s'est abattue sur la région, «la pire depuis 60 ans», selon l'ONU, a vite eu raison des maigres réserves des habitants. D'autant que, sans doute en raison du réchauffement climatique, les épisodes secs se sont multipliés au cours des deux dernières années. Il n'a plu que très rarement. Plus grave encore, l'aridité touche le centre et le sud de la Somalie, une région comprise entre les rivières Juba et Shabelle, considérée comme le grenier de la Somalie et même de la sous-région.
«Il y a une sécheresse évidente. L'eau ne coule plus dans le lit des fleuves. Les puits sont bouchés. Mais cela ne suffit pas à expliquer l'ampleur d'une catastrophe que l'on a d'ailleurs du mal à mesurer. Mais sans la guerre l'impact serait bien moindre. Le conflit qui gangrène le pays est un facteur hautement aggravant », explique Rachid Abdi, analyste pour le centre de recherche international Crisis Group (ICG).
Les zones les plus touchées dans le sud de la Somalie sont inaccessibles. Les Shebab, la milice qui les contrôle, barre l'accès aux principales ONG depuis deux ans.
La famine en chiffres
"Au total, 4 millions de personnes sont en situation de crise en Somalie, dont 750 000 qui risquent la mort dans les quatre prochains mois en l'absence d'une réponse adéquate" en termes d'acheminement d'aide, a prévenu dans un communiqué le centre d'analyse pour la sécurité alimentaire (FSNAU) de l'ONU. "Des dizaines de milliers de personnes sont déjà mortes, dont plus de la moitié étaient des enfants", rappelle-t-il.
L'état de famine répond à une définition stricte des Nations unies : au moins 20 % des foyers confrontés à une grave pénurie alimentaire, 30 % de la population en état de grave malnutrition et un taux de mortalité quotidien de 2 sur 10 000 personnes.
Les régions frappées par la famine
La région de Bay, la dernière en date à être déclarée en situation de famine par l'ONU, inclut notamment la ville de Baidoa, une des principales du pays.
Cinq autres régions ont déjà été jugées en situation de famine par l'ONU depuis juillet : d'abord le Bas Shabelle et le sud de Bakool, toutes deux contiguës à la région de Bay, puis les 400 000 déplacés des camps d'Afgoye, au nord de Mogadiscio, ceux installés dans la capitale somalienne elle-même, et enfin les districts de Balaad et d'Adale dans la région du Moyen Shabelle.
Selon le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR), plus de 750.000 Somaliens sont actuellement réfugiés dans les pays voisins du leur (Kenya, Yémen, Éthiopie). Depuis le début de l'année 2011, ils sont 135.000 à avoir suivi le même chemin, un exode qui s'est encore accéléré en juin, quand quelque 54.000 personnes ont fui le pays.
Aides ou manque d'aides internationales ?
Les ONG et les agences humanitaires onusiennes attendent encore de la communauté internationale un effort de plusieurs centaines de millions de dollars.
Lors de la réunion d'urgence convoquée par l'organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) en juillet 2011 à Rome, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé à réunir d'urgence 1,6 milliard de dollars pour la Somalie, pour les douze prochains mois. Mais la communauté internationale n'en a promis que la moitié.
Triste ironie de l'histoire, les donateurs se sont habitués aux crises chroniques qui frappent la Corne de l'Afrique. Ils se sont donc détournés du problème, l'argent n'arrive plus et les organisations humanitaires peinent à venir en aide aux réfugiés.
Tandis que l'organisation de coopération islamique (OCI), s'est engagée en août 2011 à Istanbul, à fournir 350 millions de dollars aux victimes de la famine dans le pays, d'autres pays comme l'Iran, le Sénégal, le Gabon, le Soudan, l'Égypte, l'Algérie, l'Arabie Saoudite, Qatar, Bahreïn, la Turquie et la Malaisie ont également promis d'apporter leur contribution.
La République Islamique d'Iran a déjà commencé à envoyer des tonnes d'aides alimentaires et à récolter des fonds pour secourir la population frappée par la crise naturelle, mais aussi par la crise politique interne, et par le jeu international qui exploite toutes les richesses de ce grand pays pétrolier de l'Afrique, jusqu'à en être sur le point de l'épuiser !

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