Abdel Rahim Mourad: La Syrie demeure forte, pas d’intervention militaire

Interview: Sanaa Mazbouh
Alors que les révolutions et l'instabilité règnent dans la plupart des pays arabes, le dossier syrien occupe actuellement la Une de la couverture médiatique internationale et régionale et s'attire des déclarations quotidiennes des dirigeants des grandes puissances ainsi que des dirigeants arabes.
Mais ce qui envenime la polémique médiatique mais aussi politique, ce sont les immenses contradictions au niveau des informations rapportées sur ce qui se passe sur le terrain dans ce pays. Alors que certains médias comme Al Jazira, la BBC, France 24, Reuters et plusieurs d’autres laissent penser, à travers leur couverture médiatique, à un génocide commis par le régime d’Assad contre son peuple, de nombreuses autres chaines syriennes locales mais aussi arabes, opposées aux interventions étrangères dans ce dossier, montrent que les responsables de tous ces massacres contre la population et contre l’armée sont des terroristes ayant franchi les frontières syriennes, équipés en armes très sophistiqués et fortement financés.
Qu'est ce qui passe réellement dans ce pays? Quelle est l'ampleur de l'intervention étrangère en Syrie? Tel est le sujet de notre interview avec l'ancien ministre libanais, Président du parti Al Ittihad, Abdel Rahim Mourad, connu pour ses positions en faveur des causes de la nation arabe.
Nous remarquons qu'il y a une forte contradiction au niveau des informations relatées de la situation en Syrie. Alors que certains médias diffusent des images sur des manifestations grandioses et des actes de répression de la part des forces de sécurité syrienne, d'autres transmettent des images tout à fait à l'opposé. Comment trouvez-vous la véritable situation en Syrie?
Tout d'abord je voudrais souligner que nous sommes en contact permanent avec des personnes sur le terrain en Syrie, donc, on ne se contente pas de suivre les bulletins de télévision ou la couverture médiatique. Nous avons plusieurs sources présentes dans toutes les circonscriptions syriennes. En tant que directeur d'université, nous sommes en contact avec des étudiants et des professeurs universitaires à Lattaquié, Dams, Homs, et dans toutes les autres régions. Selon toutes ces sources, la situation est très calme. En effet, il n'y a eu des manifestations qu'à Hama, et tout le reste n'est qu'une fabrication médiatique de la part des chaines telles que Al Jazira, la BBC, France 24, ainsi que tous les médias dans leur sillage. Bon, on ne peut nier que de petites manifestations regroupant une vingtaine de protestataires ont lieu après chaque prière de vendredi. On voit une vingtaine de personnes scander des slogans anti-Bachar parmi des centaines de fidèles venus prier dans les mosquées. La chaîne Al Jazira exploite alors ces images pour prétendre que tout le peuple syrien veut chasser le Président Bachar du pouvoir.
Quelle est la réalité des informations sur des bombardements des villes par l'armée syrienne?
Il y a des exagérations immenses sur cette question, dont l'objectif est de provoquer l'inquiétude du régime. Dans la ville d'al Qousseyr, à Homs, les autorités ont envoyé aux chefs de tribus des avertissements que l'armée sera obligée de pénétrer dans cette ville pour l'épurer des terroristes responsables de la mort des centaines de soldats et de civils innocents. Une fois que les chefs de tribus n'ont pas coopéré, l'armée a effectué une opération limitée pour chasser les fauteurs de troubles. La situation sécuritaire est bien contrôlée par l'armée, et je suis certain de ce que je dis. Il n'y a pas de morts, ce ne sont que des exagérations.
Qu'en est-il de réformes?
On ne peut nier qu'il y a eu des manifestations réclamant des réformes, même le régime a soutenu cette action et a entamé des réformes. La situation actuelle est très prometteuse, parce que le Président Assad a promis les délégations étrangères qu'il va envisager des réformes à grande échelle. Il est allé jusqu'à soutenir le changement de la Constitution, c'est-à-dire le changement du régime. Il a appelé au dialogue avec les différents représentants du peuple syrien, et a formé des comités de différents partis pour présenter des propositions sur les amendements de la Constitution.
Quel est le rapport entre la situation sur le terrain en Syrie et le jeu des grandes puissances mondiales, à leur tête les Etats-Unis?
En effet, tout un complot vise le régime de Bachar el Assad pour qu'il fasse des compromis. Avec l'approche du délai fixé aux forces de l'occupation américaine pour quitter l'Irak, les Etats-Unis exercent des pressions sur la Syrie pour arracher son accord permettant à ces forces de rester en Irak.
De même, on exerce des pressions sur Assad pour exiger des Palestiniens de renoncer à leur projet de recueillir une reconnaissance internationale de leur Etat aux Nations Unies. Les Etats-Unis soutiennent les terroristes et les poussent à fomenter des troubles dans le pays avec l'aide de pays occidentaux et des pays arabes.
Croyez-vous qu'il y aura une intervention étrangère en Syrie?
Il n'y aura pas d'intervention étrangère en Syrie. Les pressions visent à affaiblir le régime. En plus, les positions russe, chinoise et iranienne empêchent une telle intervention.
Comment évaluez-vous le rôle turc et qatari dans le dossier syrien?
En effet, le Qatar est complètement soumis aux ordres américains et toute sa position politique et médiatique n'est qu'un reflet de ces pressions. De même, le rôle turc s'inscrit dans ce cadre. Les menaces turques de lancer une attaque militaire contre Damas ne sont que des menaces verbales. Ils sont soucieux pour les réformes syriennes, qu'ils cherchent à mener des réformes dans leurs propres pays. Ce sont des menaces théoriques que la Turquie ne peut mettre en exécution.
Les sanctions économiques sur la Syrie se multiplient, et dernièrement, le Conseil de Sécurité a imposé un embargo sur l'exportation du pétrole. Quelles sont les répercussions de ces sanctions?
Il faut rappeler que la Syrie a une autosuffisance économique et alimentaire, donc, on ne craint pas pour la Syrie. Si l'Occident impose un embargo sur ce pays, il peut investir et exporter vers les marchés iranien, russe et chinois. Bref, les sanctions économiques sont inutiles.
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