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La crise israélo-turque une tentative pour faire passer le déploiement du bouclier antimissile sur les territoires turcs

La crise israélo-turque une tentative pour faire passer le déploiement du bouclier antimissile sur les territoires turcs
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Fatima Ali

L’expulsion de l’ambassadeur israélien à Ankara et l’approbation de la Turquie sur le déploiement du bouclier antimissile sur ses territoires sont aujourd’hui à la base des débats dans la région islamique et arabe. French.moqawama.org a rencontré le spécialiste dans les affaires turques Dr. Mohammad Noureddine pour lui poser des questions sur les derniers développements sur la scène turque et régionale. 

1. Pourquoi la Turquie a-t-elle décidé à présent d’intensifier ses réactions sachant qu’"Israël" n’a jamais fait un signe montrant qu’elle a l’intention de d’excuser ?

La Turquie était toujours convaincue qu’elle pourra obtenir les excuses et les compensations à travers les voies légales et pacifiques et non pas à travers la prise des mesures préventives contre "Israël". La Turquie n’a pas voulu tendre ses relations avec l’Occident surtout après l’arrivée de Barak Obama au pouvoir, et ne voulait pas reprendre la période de Georges Bush durant laquelle les relations entre Ankara et Washington étaient mauvaises.

Je crois que la Turquie s’est patientée jusqu'à présent parce qu’elle attendait les résultats de la commission d’enquête formée par le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki Moon. Cependant, lorsque les fuites d’informations concernant les résultats du rapport sont parues dans le journal du New York Times, la Turquie a su qu’elle faisait face à un « sale jeu » dirigé par les Etats-Unis et l’"Israël", dont elle a été la victime.

2. Pourquoi à votre avis "l’Israël" s’est-elle montrée intransigeante et pourquoi n’a-t-elle pas essayé d’éviter les problèmes avec la Turquie au moins pour protéger ses intérêts ?

A mon avis, la Turquie a mal traité ce sujet dès le début. L’accident de la flottille n’était pas un accidentLa crise israélo-turque une tentative pour faire passer le déploiement du bouclier antimissile sur les territoires turcs habituel ou marginal quand il s’agit de relation entre les pays surtout quant à l’histoire moderne de la Turquie. C’est une première, que des citoyens et civils turcs soient tués par des étrangers.
 
L’accident était très grave et la réaction de la Turquie devait être à la hauteur.  Mais, Ankara a seulement retiré son ambassadeur en « Israël » après l’attentat. Il a eu aussi plusieurs concessions offertes par la Turquie comme l'acceptation de tenir des réunions secrètes avec "les Israéliens" sachant que certaines étaient faites au niveau des ministres des affaires étrangères. De plus, la Turquie a décidé d’envoyer des avions pour aider à éteindre les incendies ravageaient le Nord « d’Israël ».

De même, la Turquie n’a pas montré de sympathie avec la deuxième flottille de la liberté lorsque Erdogan a interdit au navire « Marmara » d'y participer. Tous ces pas et beaucoup d’autres n’étaient pas conformes aux ambitions d’un Etat qui souhaite jouer un grand rôle sur le plan régional et international. Cela a été interprété par "Israël" comme une faiblesse de la part de la Turquie, ce qui a encouragé la première à se montrer plus intransigeante et à ne pas présenter ses excuses. 

3. Pourquoi, selon vous, les pays Occidentaux n’ont pas servi le gouvernement turc à travers l’émission d’un rapport  convenable pour la Turquie surtout que celle-ci s’est totalement alignée à côté d’eux dans leur combat contre la  Syrie?

Je crois que la Turquie est toujours inapte à comprendre la mentalité occidentale et israélienne dans cette région. L’Occident ne possède pas de partenaires dans le monde islamique, il possède soit des adversaires, soit des dépendants. La Turquie ne diffère pas des autres pays arabes ou islamiques qui ont accepté de faire partie des politiques structurelles de l’Occident soit à travers les pays atlantiques ou européens. Les intérêts de l’Occident  exigeaient une exploitation de la Turquie sans nuire aux affaires israéliennes.  Malgré que la Turquie prétende avoir une vision à long terme et qu’elle souhaite jouer un grand rôle sur les niveaux régional et international, je trouve qu’elle demeure inapte à comprendre que les intérêts d’"Israël" resteront, pour l'Occident, une ligne rouge à ne pas franchir. Finalement entre la Turquie et Israël, l’Occident choisira toujours "Israël".  A mon avis, le problème se trouve chez la Turquie qui croit que l’Occident est prêt à lui offrir son support, mais au moment décisif l’Occident se tiendra toujours du côté "d’Israël".

4. Est-ce que nous sommes face à une rupture des relations turco-israéliennes, ou s’agit-il d’un manœuvre turcLa crise israélo-turque une tentative pour faire passer le déploiement du bouclier antimissile sur les territoires turcs pour sauver sa face devant son peuple ?

La réponse à cette question dépend de la manière dont la Turquie perçoit son futur rôle dans la région.  Ici, je cite par exemple l’approbation de la Turquie sur le déploiement du bouclier antimissile sur ses territoires. C’est un projet qui est clairement dirigé contre l’Iran, la Syrie et même la Russie et toutes les forces hostiles aux politiques occidentales. De plus, si le gouvernement du Parti de la Justice et du développement voit que le projet visant à créer un rôle principal et commandeur pour la Turquie dans la région et le monde ne peut s’appliquer qu’à travers la coopération avec l’OTAN et les politiques occidentaux dans la région , donc les relations turco-israéliennes ne seront pas offensées et évoluerons malgré tout ce bruit qui accompagne les mesures prises par la Turquie. La seule chose qui pourra offrir à ces mesures un sens positif, loin de l’exploitation de la cause palestinienne, est lorsque la Turquie se désengage de ses relations structurelles avec les politiques atlantiques et occidentales et je ne vois pas que la Turquie ait planifié une telle mesure. Nous pouvons conclure que les relations turco-israéliennes continueront et l’intensification turque n’est qu’une tempête dans un verre d’eau car la Turquie ne peut pas être en même temps du côté de l'OTAN et contre "Israël".

5. Plusieurs écrivains turcs et étrangers ont lié le sujet de l’approbation de Turquie sur le déploiement du bouclier antimissile sur son territoire avec l’expulsion de l'ambassade israélien tout en disant que cette intensification a pour objet de faire passer le projet du bouclier antimissile. Que pensez-vous ?

La crise israélo-turque une tentative pour faire passer le déploiement du bouclier antimissile sur les territoires turcsSi la Turquie n’avait pas annoncé ses mesures prises contre "Israël", le principal thème serait aujourd’hui en Turquie et dans toute la région le déploiement du bouclier antimissile en Turquie. Cette démarche n’était pas marginale ni habituelle, il s’agit d’une démarche très grave quant aux relations entre l’Occident et l’Orient d’une part et entre la Turquie et ses voisins, principalement l’Iran, d’une autre part. La Turquie à travers cela offre à l’Occident une couverture pour exercer une politique agressive contre l’Iran de par l’offre de ses territoires. Il s’agit donc d’un acte d’agression qui n’a pas été fait même par les gouvernements laïcs qui ont précédé le Parti de la Justice et du Développement. Pour cette raison, il est probable que les mesures turques soient prises après quelques heures de l’annonce de la Turquie de son approbation sur le déploiement du bouclier antimissile. Ces mesures sont en partie pour faire passer le projet du déploiement du bouclier antimissile sur les territoires turques avec le moins de bruit possible.

De même, lorsque la Turquie suggère qu’elle ne laissera pas la méditerranée orientale dans la main israélienne, nous savons qu’elle ne vise pas "Israël" car nous nous rappelons que la transaction devait être faite entre "Israël" et la Turquie. Si "Israël" avait présenté ses excuses, cela devait renforcer les relations économiques et militaires turco-israéliennes. Et donc la Turquie n’allait plus parler de la méditerranée orientale dans la main israélienne et n’allait pas se diriger vers la cour internationale de justice à Lahey et allait même reconnaitre la légitimité du blocus de Gaza. J’affirme donc que les relations entre Israël et la Turquie sont restantes. Il s’agit donc d’une tempête dans un verre d’eau, sauf si la Turquie désire changer sa stratégie dans la région, un désir que j’écarte.


6. Pourquoi selon vous la Turquie a choisi de créer des obstacles avec ses voisins à travers le déploiement du bouclier antimissile. Ne voyez-vous pas que cela s’oppose au principe du « Zéro problèmes » avec les pays voisins et les principes du livre de Davutoglu « La Profondeur Stratégique » ?

J'estime que les révoltes arabes qui ont réussi à renverser les régimes  autoritaires qui existaient ont ouvert la voie à l'accès des mouvements politiques islamiques, en particulier les Frères musulmans, au pouvoir comme en Tunisie, et probablement en Syrie, au cas où ils ont réussi. Par conséquent, cela a crée une opportunité pour la Turquie pour tenter son projet pour la région.  C’est-à-dire faire de la Turquie le commandant de cette région, et cela ne pouvait pas se réaliser sans le renversement des pouvoirs présents. Ce pari turc a débuté en Egypte et en Tunisie et s’est propagé vers la Syrie. Mais l’échec des tentatives visant à renverser le régime syrien de la même manière et avec la même vitesse que les régimes tunisiens et égyptiens a mis les politiques étrangères turcs dans cette situation délicate.

Le désir turc pour créer leur projet sur les ruines de l’axe voisin à travers l’affaiblissement et le renversement du régime syrien est à la base de la mutation turque que nous avons aperçue durant les derniers mois et semaines. Mais il est certain que ce projet est tombé jusqu’à présent. Le pari de la Turquie est aussi tombé mais la Turquie ne revoit pas ses positions ; au contraire, elle poursuit la  fuite en avant et va même jusqu’à l’intensification de son discours, elle suggérera qu’elle n’a plus confiance au Président syrien Bashar Al-Assad et que toute réforme est en retard. C’est dans le même contexte que la Turquie a accepté le déploiement du bouclier antimissile et a intensifié sa coopération avec l'OTAN en Lybie et d’autres lieux. Je crois que tout cela a donné un coup au principe du « zéro problèmes » et l’a transformé du principe du « zéro problèmes » au principe du « zéro confiances », et a aussi été l’une des graves fautes commises par les auteurs du soi-disant « La Profondeur Stratégique ». 


7. Quel est selon vous l’avenir des relations arabo-turques ?

Je crois que la Turquie a perdu ce qu’on appelle « l’axe de la résistance » sur tous les plans ; que ce soit le plan politique ou social ou même confessionnel et dans le même temps n’a pas gagné le deuxième axe appelé « l’axe des pays modérés » parce que cet axe n’est pas totalement satisfait du comportement turc envers les révolutions comme lors de la révolution égyptienne. De même, ces pays-ci considèrent que la Turquie exerce une politique de double standard comme en Syrie. Ils prétendent que la Turquie supporte l’opposition et en même temps offre au régime l’opportunité de faire ses réformes ; un avis que je ne vois pas vrai.
La Turquie a donc brisé la confiance avec les pays de « l’axe de la résistance » et n’a pas conservé ses relations solides avec les pays de « l’axe des pays modérés ». 

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