L’Egypte de l’après révolution : Rejet de la normalisation des relations avec "Israël"

Fatima Ali

Les voix de la foule qui manifestait devant l'ambassade israélienne au Caire ont soudain pris une autre forme. Les cris de joie et d'enthousiasme ont rempli la place lorsque la foule a aperçu un jeune homme escaladant les murs du bâtiment de l'ambassade. Ce jeune homme n'avait dans la tête que décrocher le drapeau israélien et le remplacer par le drapeau égyptien. Ahmad Al-Shahat (le Spiderman ou le Flagman de l'Egypte comme ses amis et ses fans sur le réseau Facebook préfèrent le surnommer) a voulu que son mouvement soit considéré comme une annonce mettant fin à la relation entre l'Egypte et l'entité sioniste, une relation fondée par l'ancien président égyptien Anwar Al-Sadat et favorisée et encouragée par l'ancien régime de Hosni Mobarak.

Al-Shahat a déclaré lors d'une conférence de presse qu'il a tenue le 21 août, qu'il « n'est qu'un citoyen égyptien qui a été attristé, comme tous les Egyptiens, par la tuerie des soldats égyptiens qui sont tombés en martyr dans un raid israélien à la frontière avec la Palestine occupée» et que « son but était d'envoyer un message aux Israéliens leur disant que la jeunesse égyptienne est prête à défendre sa patrie ». Le héro égyptien, qui n'appartient à aucun des partis politiques présents sur la scène égyptienne, raconte que lorsqu'il était arrivé au huitième étage, il a « rencontré un officier égyptien brandissant son arme, je lui ai fait un signe de victoire et j'ai poursuivi mon chemin. » Il continue en disant qu'il a « décidé d'escalader (le bâtiment) afin de réaliser le désir des millions au monde arabe qui veulent décrocher le drapeau israélien. »

La révolte d'Ahmed Al-Shahat contre la présence israélienne dans son pays, n'est ni étrange ni unique dans les rues égyptiennes qui, malgré qu'il soit passé 33 ans sur la signature des accords de Camp David, demeurent insoumises devant les tentatives visant à normaliser les relations entre l'Egypte et l'entité sioniste. Cela apparait clairement à travers les plaintes que présentent les différents ambassadeurs israéliens qui affirment qu'ils se sentent indésirables dans ce pays. Plusieurs incidents prouvent ces déclarations ; l'ancien ambassadeur israélien Shlomo Cohen a été par exemple chassé à plusieurs reprises des restaurants et cafés égyptiens, on raconte qu'après les attaques sionistes sur Beyrouth en juillet 2006 ce dernier a été chassé d'un restaurant dans la région du centre-ville.

Le mouvement de la jeunesse du 6 Avril, qui fut l'un des mouvements qui ont appelé aux manifestations de la révolution, avait refusé à travers une annonce de donner une interview télévisée au canal 10 israélien. Dans le même contexte, le porte parole de ce mouvement a déclaré que : « cette position se révèle du fait que le mouvement refuse toute normalisation de relations avec l'entité sioniste sur les plans médiatique, économique ou même artistique». De même, le coordinateur général du mouvement Mohamed Adel a déclaré que « la position du mouvement envers l'entité sioniste est solennelle et claire, et qu'il n'aura pas de normalisation de relations avec ceux qui occupent des territoires arabes.»

Rappelons que des milliers d'Egyptiens ont commencé, le vendredi 19 août, une manifestation devant l'ambassade d'"Israël" réclamant l'expulsion de son ambassadeur au Caire suite à la mort des soldats égyptiens par des tirs israéliens sur les frontières.