Dans l’univers des fantômes…

Soraya Hélou
Le paysage tient du pur délire : Une personne fantôme est interviewée par un journaliste dont on ignore le nom et le tout est publié dans un hebdomadaire prestigieux, le Times Magazine des Etats-Unis. Même un petit journal de province dans un pays du Tiers-monde aurait refusé de publier une interview avec une personne non identifiée réalisée par un correspondant dont le nom est tenu secret. Mais non, le prestigieux Times saute sur l’occasion. En fait c’est son site internet qui publie le texte car dans la version papier, il n’y a rien de tel. Qu’importe, les vigilants piliers du 14 mars qui lisent chaque soir avant de dormir et chaque matin à leur réveil les médias internationaux, Times et der Spiegel en tête ont tout de suite décelé l’importance de cette entrevue fantôme et l’usage qu’ils peuvent en faire pour déstabiliser le gouvernement Mikati. Car au fond, c’est tout ce qui compte pour eux : se venger de Mikati et reprendre la place qui revient selon eux à Saad Hariri. Tous leurs slogans de vérité et de justice ne vont pas plus loin. Le fait que le gouvernement Hariri s’il était resté en place n’aurait pas pu arrêter les quatre personnes recherchées par le TSL ne les dérange pas outre mesure, ainsi que la faiblesse des indices présentés dans l’acte d’accusation. Non, leur monde s’arrête à un fauteuil et ce fauteuil, tous les moyens sont bons pour le retrouver, même l’utilisation ridicule d’un article de presse qui ne correspond à aucun critère déontologique et professionnel. Le correspondant du Times à Beyrouth a d’ailleurs bien du mal à tenter de tirer son épingle du jeu. Alors comme cela, on aurait rajouté à son article analytique l’interview réalisée par quelqu’un d’autre et il n’aurait pas protesté puisque le tout est signé de son nom ? Il n’aurait même pas cherché à savoir qui a réussi à le doubler pour réaliser un tel scoop alors qu’il se vante de bonnes relations avec le Hezbollah lui qui est installé au Liban depuis bientôt 11 ans ? Et c’est cette mascarade médiatique que les chansonniers les plus inventifs n’auraient pas pu imaginer qui sert de base à la campagne menée par le 14 mars contre le gouvernement ? Décidément, le débat politique au Liban tombe bien bas. Et en faisant feu de tout bois, même celui qui est pourri par l’humidité et les mensonges, le 14 mars montre plus que jamais combien il est pitoyable, n’ayant ni arguments, ni projet global, obsédé par le pouvoir et mû par la haine. C’est une bien belle alternative qu’il propose ainsi aux Libanais, dont ses partisans. Dans cet univers de fantômes et d’ombres, le plus triste est encore de voir qu’un scénario aussi gros et peu crédible fait quand même l’objet d’un débat…
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