Un mois de Ramadan décisif…

Soraya Hélou
La déclaration de l'ancien Premier ministre Saad Hariri sur « l'impossibilité de rester silencieux face à ce que subit le peuple syrien à Hama » a donné le ton et a signé le début d'une nouvelle phase dans la campagne contre le régime syrien. C'est un peu comme si cheikh de son exil volontaire en France a eu une soudaine pensée pour les insurgés de Hama. Il a donc publié sa fameuse déclaration et aussitôt, les positions critiques à l'égard du régime syrien se sont multipliées en cascades, au Liban, en Occident mais aussi fait nouveau dans le monde arabe.
Bien entendu, il ne s'agit pas de dire que cheikh Saad est un chef d'orchestre mondial, mais simplement que son soudain réveil après des mois au cours desquels il insistait officiellement pour ne pas « intervenir dans les affaires internes syriennes » s'inscrit de la vaste campagne internationale contre le régime syrien. Et, comme selon certaines sources, Walid Joumblatt l'aurait entendu au cours d'une de ses visites à l‘étranger, le mois de Ramadan semble l'occasion d'un forcing systématique pour augmenter les pressions sur Bachar Assad.
La récente tempête lancée par le 14 mars contre la visite du ministre de l'Energie Gebrane Bassil, suivie de celle du ministre des AE Adnane Mansour à Damas et leurs rencontres respectives avec le président syrien s'inscrit aussi dans ce cadre. Le 14 mars et plus particulièrement le Courant du Futur pousse à fond leurs efforts pour exacerber le conflit confessionnel, en Syrie, mais aussi au Liban, peu soucieux des conséquences de leurs déclarations (voire de leurs actes) sur les pays et les populations qu'ils prétendent défendre.
A ce sujet, on peut se poser la question suivante : pourquoi cheikh Saad n'a-t-il été ému au point de réagir que devant les émeutes de Hama ? Deraa, Jisr el Choughour et les autres localités syriennes n'ont-elles aucune importance à ses yeux ? En réalité, il a parlé de Hama parce que cette localité a des consonances sunnites et évoque des événements qui se sont déroulés il y a près de 30 ans et il en a parlé la semaine dernière parce que c'est le début du mois de Ramadan que l'Occident espère décisif contre le régime, tentant ainsi d'aiguiser la colère des sunnites pour réaliser le fameux projet israélo-américain.
Cheikh Saad a-t-il été satisfait en voyant les images des manifestations de Tripoli au Liban « en guise de solidarité avec Hama » ? L'armée libanaise multiplie les mesures pour maintenir le calme au Nord, mais la tension ne cesse de monter entre les différentes composantes de la société au Nord. Est-ce dans l'intérêt du Liban de chercher à diviser la population, de monter les Libanais les uns contre les autres et de soulever des polémiques sur tous les sujets sensibles ? De quel sens national s'agit-il là qui pousse aux réactions extrêmes, en prenant des risques pour la stabilité du pays, pour la seule raison que l'on a perdu le pouvoir dans le cadre des règles constitutionnelles et démocratiques ? Le Liban ne tombera pas dans ce piège et ne fera pas le jeu de ceux qui par inconscience, maladresse ou volonté délibérée veulent le déstabiliser pour atteindre la Syrie. Non pas à cause du sens des responsabilités de l'opposition, mais de celui de la majorité, des responsables et de l'armée qui ont compris le jeu des nations et qui savent que dans un contexte aussi complexe, l'intérêt du Liban est de préserver son unité et sa stabilité internes et que celle-ci passe par le maintien de ses relations privilégiées avec la Syrie.
Comments

Nouvelle phase de la guerre universelle contre la Syrie
depuis 12 années

