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La Grèce entre deux choix : La révolution ou la tutelle extérieure !

La Grèce entre deux choix : 
La révolution ou la tutelle extérieure !
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Akil Cheikh Hussein

Pour rejoindre l'Union européenne, la Grèce devait, selon certains observateurs, prouver qu'elle est à la mesure d'une telle faveur. Lourdement endettée avec un budget déficitaire et une situation économique critique due à la corruption, au populisme et aux dépenses militaires excessives, le gouvernement grec a emprunté le chemin le plus court : Une escroquerie fomentée avec l'aide de la banque américaine Goldman Sachs lui a permis de dissimuler aux Européens la mauvaise situation de ses économies.

C'est ainsi, et peu importe de savoir si les Européens aient été dupés par la version grecque ou aient fait semblant d'y croire sur la voie des mauvaises intentions que les Grands nourrissent envers les Petits qu'ils comptent partager entre eux et les avaler, la Grèce a été admise comme membre de l'Union.

Mais la vérité ne pouvait pas être dissimulée à l'infini. Quelques années plus tard, l'escroquerie fut mise à découvert en 2009, et tout le monde était au courant du déficit financier du gouvernement grec, de sa dette chiffrée à plus de 300 milliards d'euros (Environ 450 milliards de dollars), et de la taille de son déficit budgétaire s'élevant à 60 milliards d'Euros (Environ 90 milliards de dollars). La Grèce est au bord de la faillite.


En d'autres termes, elle était prête à être une proie facile pour les usuriers des banques européennes, du Fond Monétaire Internationale qui ont signé en 2010 un accord selon lequel la Grèce obtiendra une somme de 110 milliards d'Euros payables en plusieurs versements parallèlement à la mise en œuvre d'une série de réformes exigées par les créanciers.

Ces réformes devaient passer par des programmes d'austérité comprenant des hausses d'impôts, des baisses des dépenses publiques et des salaires.

Des 110 milliards, la Grèce a obtenu jusqu'à présent une somme de 53 milliards. Mais la poursuite de l'application des réformes ne peut se faire qu'avec l'obtention d'autres versements. Ceux-ci nécessitent à leur tour la mise en œuvre d'un nouveau programme d'austérité visant à épargner quelques 28 milliards d'Euros sur les quatre années à venir. Ce nouveau programme doit être présenté lundi au parlement et les syndicats menacent de lancer des grèves d'envergure au cas où il serait voté par les députés.

En même temps, des discussions se déroulent à Bruxelles et Luxembourg sur les moyens d'intervention pour stopper la marche de la Grèce vers la faillite et les bouleversements sociaux et politiques susceptibles de toucher par contagion d'autres pays européens. Il parait que les Allemands et les Français sont parvenus à des accords selon lesquels des sommes supplémentaires seront allouées à la Grèce pour empêcher la contagion d'atteindre des pays comme l'Espagne et le Portugal, mais aussi pour sauver la réputation de l'euro et défendre les intérêts des banques privées allemandes et françaises qui détiennent des grandes parts de la dette grecque.

Dans ces discussions, se profilent des solutions possibles comme le fait d'allouer à la Grèce de nouveaux prêts, d'échelonner ses anciennes dettes, de privatiser certains domaines du secteur public, d'inciter la Grèce à déserter la zone euro et à revenir à sa monnaie nationale, la drachme, qu'elle pourrait dévaluer pour alléger le poids de sa dette ou, enfin de la laisser vendre une partie de sa dette à la Chine qui a déjà acheté une partie de la dette portugaise.
 
Il s'agit de solutions dures, mais le plus dur est que chacune d'entre elles passe par les réformes que dictent la Banque Centrale Européenne, le FMI, et les banques européennes privées auxquels s'ajoutent les Etats européens soucieux de contenir le problème, comme l'Allemagne et la France, ou menacés par la contagion, comme le Portugal, l'Espagne, l'Irlande et l'Italie…

D'où, le problème se pose intensément au niveau intérieur grec et prend la forme d'un problème politique. La rue refuse les mesures d'austérité auxquelles s'ajouteront, parait-il, dans le cadre de la deuxième série de réformes, des privatisations qui toucheront les principaux domaines du secteur public. La Grèce est en proie depuis plusieurs mois à des manifestations et des grèves et des rassemblements et des Places de la Libération semblables à celles du Caire et de Tunis apparaissent maintenant à Athènes.

Quant au gouvernement socialiste de Papandréou, il se voit déserté par un certain nombre de ses ministres qui sont remplacés, en vue de calmer les protestations, par des ministres connus par leur hostilité vis-à-vis des plans d'austérité, ce qui ne manque pas de susciter les craintes des créanciers.

Parmi les principaux ministres remplacés, on compte le ministre des finances, Georges Papaconstantinou, le principal artisan du plan d'austérité mis en application actuellement. Son successeur, Evangelos Venizelos se montre prêt, d'après la première de ses déclarations officielles, à fournir "toutes les garanties pour l'application d'un programme particulièrement douloureux et ardu de grandes réformes structurelles qui rendront la Grèce plus viables pour les années à venir" !

D'autre part, et sous la pression des risques d'un éclatement éventuel du Pasok, le parti socialiste au pouvoir, Papandréou n'hésite pas à faire des acrobaties pour composer avec la droite, ce qui ne fait qu'exacerber le mécontentement populaire et pousser la crise vers plus de complications… Et la Grèce vers plus de sujétion à la tutelle européenne et internationale.         

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