Pékin exclu d’exercices militaires: la Chine regrette une mesure «non-constructive»

Les Etats-Unis ont annoncé mercredi avoir retiré une invitation présentée à la Chine de participer à des exercices militaires dans le Pacifique, pour protester contre la militarisation par Pékin d'îles disputées, une décision aussitôt condamnée par la Chine.
«Nous avons des preuves claires du fait que la Chine a déployé des missiles anti-navires et des missiles sol-air, ainsi que des brouilleurs électroniques sur les îles contestées des Spratleys en mer de Chine», a indiqué un porte-parole du Pentagone, le lieutenant-colonel Chris Logan.
«Nous avons retiré notre invitation à la Marine de la République populaire de Chine pour l'exercice» biennal Rim of the Pacific (RIMPAC), a-t-il ajouté, en référence aux plus importants exercices maritimes du monde, auxquels participent tous les deux ans près de trente pays. Ils sont prévus cette année du 27 juin au 2 août.
«La Chine maintient que les constructions sur ces îles sont destinées à assurer la sécurité en mer, l'assistance à la navigation, la recherche et le sauvetage en mer ainsi que la protection des pêcheurs», a poursuivi le lieutenant-colonel Logan.
Mais "le déploiement de ces armements ne peut servir qu'à un usage militaire" dans une zone maritime qui voit passer près du tiers du commerce mondial, a-t-il ajouté.
Cette annonce est intervenue au moment où le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, se trouvait justement à Washington pour des entretiens avec le nouveau chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo.
C'est "une mesure non constructive", a -t-il déploré. "C'est aussi une décision prise à la légère et qui n'aide pas à une compréhension mutuelle entre la Chine et les Etats-Unis", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse commune avec son homologue américain, tandis que M. Pompeo préférait s'en remettre au Pentagone pour commenter cette mesure.
La Chine a participé à deux de ces exercices dans le passé, en 2014 et en 2016. Ceux de cette année auraient marqué la troisième participation de Pékin.
La Chine revendique pour des raisons historiques de très nombreuses îles et récifs de la mer de Chine méridionale, notamment l'archipel des Spratleys, au nord des Philippines. Un arbitrage international de 2016 lui a cependant donné tort et des nations voisines (Vietnam, Philippines, Malaisie, Brunei) ont des revendications rivales, qui se chevauchent parfois.
Pékin appuie ses prétentions de souveraineté en renforçant par remblaiement des îlots et récifs qu'il contrôle. Il y construit des installations civiles mais aussi des pistes d'atterrissage capables d'accueillir des avions militaires.
Le régime communiste s'est attiré une volée de protestations, notamment de la part des Etats-Unis, du Vietnam et des Philippines, en organisant vendredi des exercices militaires dans les eaux contestées de mer de Chine méridionale. En cause: une série de décollages et d'atterrissages effectués par des bombardiers à longue portée et à capacité nucléaire H-6K.
Washington et d'autres pays occidentaux ont insisté sur le fait que les différends dans cette vaste région maritime devaient être réglés légalement et que la liberté de navigation devait être respectée.
Le premier exercice RIMPAC s'est tenu en 1971 et il a été annuel jusqu'en 1974, date à laquelle il a été décidé de ne le tenir qu'une fois tous les deux ans en raison de son ampleur. Les pays fondateurs sont les Etats-Unis, l'Australie et le Canada.
Source : AFP