L’Union européenne attend «Madame Brexit» au tournant

Theresa May participe à son premier sommet européen. Son plaidoyer pour un «hard Brexit» inquiète Bruxelles et les Etats membres.
Trois mois après son arrivée au pouvoir, Theresa May participera, jeudi 20 octobre, à son premier Conseil des dirigeants européens. La première ministre britannique n’est certes pas une inconnue à Bruxelles, où elle a maintes fois représenté son pays en tant que ministre de l’intérieur du gouvernement Cameron. Mais dans ses nouvelles fonctions de «Madame Brexit», c’est peu dire qu’elle est attendue au tournant.
L’agenda des 28 est en effet chargé. Les thèmes principaux qui seront traités lors du sommet jeudi portent sur l’immigration, la sécurité et la défense. Vendredi, ce sera au tour des questions commerciales de prendre la vedette.
Mais pour chacun de ces sujets, dont certains ont des implications sur l’après-Brexit, la position du Royaume-Uni est attendue au tournant. «Les 27 seront attentifs à la position du Royaume-Uni sur des textes qui ne le concernent plus», prévient-on côté français.
Si le pays fait mine de bloquer des sujets importants pour le futur, il risque d’en payer les conséquences lors de sa propre négociation pour sortir de l’UE. Mais côté britannique, la diplomatie compte bien faire valoir ses intérêts jusqu’au bout. «Nous sommes parties prenantes de l’UE, jusqu’à ce que ne soit plus le cas», assure une source diplomatique.
Si le sujet du Brexit n’est donc pas à proprement parler à l’ordre du jour, il sera néanmoins en embuscade.
Les 28 discuteront notamment du système d’enregistrement des visiteurs provenant de pays ne nécessitant pas de visa, l’Etias, équivalent de l’Esta américain.
Le dispositif, qui doit être mis en place dans la zone Schengen, doit permettre de sécuriser les frontières extérieures et notamment de contrôler les entrées sur le territoire européen. Il concernera tous les pays tiers exonérés de visa ; or dans la perspective d’un «hard Brexit» qui semble se profiler puisque Theresa May ne veut entendre parler de libre circulation des Européens, il est fort probable que les Anglais se retrouvent, dans 2 ans, à devoir payer pour mettre les pieds en Europe. Les discussions de l’Etias les concernent donc directement.
De même les questions d’immigration, qui seront évoquées jeudi, représentent un enjeu brûlant pour le pays.
L’accès du Royaume-Uni au marché intérieur de l’UE dépendra en effet de la libre circulation des Européens sur son territoire, que le pays ne semble pas prêt à accepter. Côté européen, Merkel, Hollande, Tusk et Juncker ont répété à maintes reprises qu’il s’agissant d’une condition sine qua non.
L’UE veut mettre en place des «pactes migratoires» avec 5 pays africains, le Niger, le Mali, le Sénégal, le Nigeria et l’Éthiopie, alors que le Royaume-Uni est plutôt partisan de mesures bilatérales en la matière. L’attitude du Royaume-Uni sera aussi importante lors de la principale discussion du dîner, concernant la Russie ; l’attitude à adopter envers le pays et notamment la réaction à avoir par rapport aux bombardements russes en Syrie concerne directement la puissance militaire britannique.
Au menu du vendredi, les questions commerciales devraient également passionner Theresa May. L’UE doit s’interroger sur sa position à l’égard des accords qu’elle négocie, après l’échec du TTIP notamment, et après les interrogations posées par la Belgique ou encore la cour constitutionnelle allemande sur le CETA. Or le Royaume-Uni entend justement négocier, de son côté, en parallèle, les négociations commerciales, ce qui fait la force du Royaume-Uni selon Theresa May. Le pays a donc tout intérêt à faire capoter les tentatives d’accord de l’UE avec le Canada par exemple, dont la dernière ligne droite s’avère compliquée.
Enfin la question de la simplification de l’organisation des conseils européens, qui sera aussi au menu du dîner, semble également être une réponse directe aux critiques exprimées par les «Brexiteers».
Source : sites web
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