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Au mieux, un sursaut verbal …

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Par Souraya Hélou

Alors que les Israéliens poursuivent sans relâche et avec une grande arrogance la judaïsation de "Jérusalem", les dirigeants arabes n’ont pas jugé bon de tenir un sommet extraordinaire ou de faire des déclarations musclées pour condamner les agissements israéliens. Au contraire, au cours de la réunion préparatoire du sommet  qui s’est tenue au Caire au niveau des ministres arabes des AE, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a obtenu l’aval des pays arabes pour le déclenchement de négociations indirectes avec les Israéliens sous l’égide des Etats-Unis ( les fameux proximity talks). Au cours d’une fameuse réunion qui s’est prolongée tard dans la nuit du 2 au 3 mars, Mahmoud Abbas avait expliqué aux ministres arabes pendant la réunion consacrée à l’initiative de paix du roi Abdallah qu’il n’avait pas d’autre choix que d’accepter de se lancer dans ces négociations, car, selon lui, le peuple palestinien est épuisé et il n’est pas en mesure de supporter une nouvelle guerre israélienne qui serait cette fois encore plus terrible que les précédentes. Devant les ministres arabes, Abbas avait même affirmé qu’il suffirait d’une balle pour déclencher une nouvelle offensive et, pour épargner son peuple, il était dans l’obligation de céder à la pression américaine.
A un ministre arabe qui lui demandait s’il n’était pas préférable pour lui de procéder d’abord à la réconciliation avec le Hamas, Abbas avait répondu avec colère que seule l’OLP représente le peuple palestinien et que de toute façon, le Hamas ne veut pas de la réconciliation et trouve toujours mille excuses pour éviter de signer le document destiné à la consacrer. A un autre ministre qui lui demandait s’il avait des garanties américaines sur un engagement israélien à geler même temporairement les colonies à Jérusalem et en Cisjordanie, Abbas avait reconnu qu’il n’avait que des promesses verbales de la part de Mme Clinton, répétant qu’il n’avait pas d’autre choix que de prendre la voie des négociations. Et lorsqu’un troisième ministre arabe lui a fait remarquer qu’il pouvait prendre l’option de la résistance, il a vertement répondu que c’est à celui qui parle de la guerre de la faire… A contre-coeur et sans grande conviction, les ministres arabes des AE ont fini par donner leur appui à la démarche de Abbas, avec toutefois l’opposition de la Syrie et du Liban. Officiellement, il s’agissait de donner une chance à la diplomatie du président Obama…
Quelques jours plus tard, le Premier ministre israélien annonçait la construction de nouvelles colonies de peuplement sans parler des travaux autour de la mosquée Al Aqsa. Face à l’ampleur de l’insulte, l’annonce ayant été faite alors que le vice-président américain Joe Biden se trouvait à Tel Aviv, l'envoyé spécial américain George Mitchell chargé de préparer la reprise des négociations israélo-palestiniennes, a reporté sa tournée dans la région.
Malgré cela, les dirigeants arabes n’ont pas jugé bon de réagir se contentant pour les uns de déclarations individuelles… Pourquoi, en effet, se précipiter puisque le sommet doit se tenir le 27 mars ?
C’est dans cette atmosphère dramatique que doit donc se dérouler le sommet de Libye. Que peut-on en attendre dans de telles circonstances ? Selon des sources bien informées, l’émir Séoud al Fayçal, ministre des saoudien des affaires étrangères, aurait évoqué avec le président syrien au cours de sa dernière visite à Damas la nécessité de publier une condamnation claire de la politique de colonisation israélienne à "Jérusalem" et en Cisjordanie. L’Arabie saoudite et la Syrie seraient ainsi convaincues qu’il faut à tout prix que le sommet arabe adopte une position très ferme sur la question, mais il s’agit aussi de convaincre les autres partenaires arabes de la nécessité d’adopter des mesures concrètes, comme le retrait de l’initiative de paix arabe présentée à Beyrouth en 2002.
Quelle sera à ce sujet la position de l’Egypte ? Les Saoudiens déployaient des efforts pour organiser une réconciliation entre les présidents syrien et égyptien dans le cadre du sommet de Libye. Mais Hosni Moubarak ayant subi une intervention chirurgicale, il ne participera probablement pas au sommet, mais il se pourrait que le président Assad se rende au Caire d’abord pour souhaiter un bon rétablissement au président Moubarak et ensuite pour consacrer la réconciliation entre eux. En principe, l’Egypte devrait aussi condamner la poursuite de la construction de colonies à Jérusalem et en Cisjordanie. Il est vrai que l’attitude du gouvernement israélien affaiblit la position des « Arabes dits modérés » et que ceux-ci sont contraints d’adopter des déclarations plus fermes, car ils ont accepté toutes les humiliations imposées par "Israël" et ils n’ont rien reçu en contrepartie. Ils avaient même essayé de miser sur un froid dans les relations entre les Etats-Unis "Israël" qui obligerait les premiers à sévir contre la politique de colonisation. Mais ils ont vite constaté que ce froid n’a pas duré. Maintenant, ils commencent à laisser entendre qu’avec le vote en faveur de son plan de réforme de la santé, le président Barak Obama est plus fort et va désormais être plus ferme avec les Israéliens. Mais ils ne croient pas vraiment à cette théorie. Même s’ils espèrent que l’administration américaine donnera un signal d’ici samedi pour renforcer leur position face à ceux qui réclament une condamnation assortie de mesures concrètes, comme le refus de la reprise des négociations.
La course a donc commencé entre les tenants de la position dure et ceux qui veulent faire encore des concessions. Comme d’habitude, le sommet arabe finira par adopter une formule de compromis  qui lui permettra de sauver la face devant la population révoltée par l’attitude israélienne et la complaisance américaine, mais qui sera dépourvue d’une véritable portée concrète. Le seul élément positif sera sans doute l’appui à la réconciliation inter-palestinienne qui devrait être encouragée par les dirigeants arabes. C’est en quelque sorte un peu malgré eux que les dirigeants arabes seront obligés d’adopter un ton dur avec "Israël", n’ayant pas vraiment d’autre choix avec la politique agressive du gouvernement Netanyahu. Quand donc seront-ils convaincus qu’avec les oppresseurs et les imposteurs seul le courage peut être efficace ? Les victoires répétées du Hezbollah contre "Israël" devraient les pousser à réfléchir, mais ont-ils encore la possibilité de réagir autrement qu’en paroles ? La réponse est laissée aux participants au sommet de Tripoli.

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