Le Figaro: Comment la CIA contrôle la livraison d’armes aux rebelles syriens

Un article publié jeudi par le quotidien français le Figaro affirme la présence, toujours contestée par l'Occident, d'un armement en masse des groupes armés en Syrie de la part des pays occidentaux et arabes. Le grand reporter Georges Malbrunot dévoile les détails des livraisons clandestines d'armes via la Turquie, contrôlées par l'agence américaine et financées par les pays du Golfe.
Mi-mai, cet opposant affichait donc le sourire lorsqu'une quarantaine de dirigeants des conseils militaires de la « révolution » se sont discrètement rendus en Turquie pour recevoir un précieux arsenal. «Nous avons surtout récupéré des roquettes RPG 9 puisées sur les stocks de l'armée saoudienne», confiait-il lors d'un récent passage à Paris. «Elles ont été acheminées par avion, jusqu'à l'aéroport d'Adana, où la sécurité turque a surveillé les déchargements avant de savoir à qui ces roquettes allaient être destinées», poursuit-il dans l'article. Les roquettes ont été convoyées à Duma et Harasta, dans la banlieue de Damas, al-Zabadany sur la route du Liban, Deraa au sud, et dans la région d'Idlib, frontalière de la Turquie.
Nasser n'en parle pas, mais, en coulisses, les agents de la CIA veillent à ce que ces nouvelles armes qui parviennent en plus grand nombre aux activistes ne tombent entre les mains de djihadistes, infiltrés en Syrie. Le New York Times va même jusqu'à affirmer que les localisations des dépôts et leurs destinataires sont déterminés en coordination avec les espions américains. Pour les Occidentaux, qui ont beaucoup hésité avant d'accepter l'armement des insurgés, l'organisation de ces filières est une priorité: «Nous discutons même avec les Turcs de cibles à frapper. Et nous comptons maintenant hors de Syrie des représentants des conseils militaires qui ont chacun un relais dans une ville de l'intérieur», poursuit l'article citant l'opposant Nasser.
Ses rivaux islamistes liés aux Frères musulmans disposent eux aussi de leurs propres canaux d'approvisionnements. Et eux militent pour que ces armes aillent à leurs seuls partisans, afin d'être les grands vainqueurs de l'après-Al-Assad, rapporte l’article du Figaro.
Pour les monarchies du Golfe, principaux fournisseurs en armes des rebelles, ces livraisons doivent rééquilibrer le rapport de forces sur le terrain, pour forcer Al-Assad à accepter un compromis sur le modèle yéménite. «Les diplomates saoudiens nous répètent que tant que Bachar gardera une nette supériorité militaire sur ses ennemis, il n'aura aucun intérêt à négocier son départ», confie un diplomate français, qui rappelle que l'ex-président «Saleh, au Yémen, a discuté de sa sortie uniquement parce que l'opposition et ses partisans faisaient à peu près jeu égal».
Accélérer les défections
Le journaliste français indique que les membres de l'ASL estiment que ces livraisons d'armes doivent également accélérer les défections parmi les fidèles à Al-Assad. «De nombreux militaires hésitent, mais s'ils voient qu'avec des missiles antitanks, nous infligeons de lourdes pertes aux pro-Bachar, ils seront alors plus nombreux à nous rejoindre», jure Mohannad, un membre de l'Armée syrienne libre, réfugié en Jordanie. De leur côté, les activistes conduisent des opérations plus audacieuses, contre des hélicoptères notamment. «Avec ces armes, espère Kamal, un activiste, nous pourrons également libérer des régions comme Idlib». "À défaut d'armes qu'ils ne veulent pas livrer, que les Français nous donnent des équipements pour sécuriser les communications de nos combattants», réclame-t-il.
Qu'on le veuille ou non, «les armes passent», reconnaît Laurent Fabius au Quai d'Orsay. Incapables d'intervenir militairement en Syrie, les Occidentaux ne peuvent plus refuser aux rebelles des armes. Mais le pari de renverser Al-Assad est encore loin d'être gagné, assure Georges Malbrunot à la fin de son article.
source: le Figaro, Georges Malbrunot
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