Feltman et Liberman : de la poudre aux yeux

Soraya Hélou
En somme, malgré le tapage médiatique et l’accueil en grande pompe des personnalités du 14 mars, les visites des personnalités américaines ont fait plus de bruit que de résultats réels. Le monde a bel et bien changé. C’est la principale leçon qu’il faut tirer de la double visite de Feltman et de Liberman à Beyrouth. Toute la poudre aux yeux ne peut plus cacher les nouvelles réalités et la visite du premier vice-président iranien à la tête d’une importante délégation à Beyrouth en même temps que les Américains est bien là pour le prouver…
Le coup est dur et ce n’est pas l’extrême servitude de cheikh Boutros Harb, candidat non
déclaré à la présidence de la République libanaise, ployé devant Feltman, qui va y changer quelque chose ? Une fois de plus, la diplomatie américaine montre le peu de cas qu’elle fait du 14 mars et de ses envies, face à ses intérêts propres. Depuis 2005, ce courant qui a réellement cru pouvoir prendre le pouvoir au Liban en otage au moins pour les 50 prochaines années, n’a cessé d’essuyer déception sur déception. Et pourtant, il continue à miser sur un cheval peut-être perdant, en tout cas peu soucieux de lui donner des victoires.
Autrement plus intéressantes étaient les discussions de Feltman et du sénateur Joe Liberman avec les responsables libanais, Sleiman, Berry et Mikati. Là, c’était des entretiens sérieux, les interlocuteurs américains étant soucieux d’obtenir deux choses : l’appui à l’opposition syrienne sous couvert d’aide aux réfugiés et le respect des sanctions économiques contre la Syrie et l’Iran. Alternant promesses et menaces, ils ont cherché à arracher des engagements clairs de la part des responsables dans ce sens. Mais ils se sont vus contraints de déclarer publiquement qu’ils comprenaient la position officielle du Liban à l’égard de la Syrie et sa priorité à sa stabilité interne. La plus grande puissance mondiale en était presque à supplier le Liban officiel à rejeter les offres iraniennes au sujet de l’électricité, tout en se voulant menaçante et en laissant entendre qu’elle pourrait bien lever le secret bancaire qui protège si bien les avoirs des Libanais et des étrangers au Liban. C’est quand même hallucinant : un petit pays comme le Liban dont la moitié de la classe politique est acquise aux thèses américaines inquiète les Etats-Unis qui ne savent plus comment faire pression sur lui pour lui arracher des promesses. Connaissant parfaitement la manière de penser des Américains, le président de la Chambre s’est empressé de faire
valoir en contrepartie les droits du Liban à l’exploitation de sa zone économique exclusive (dans la mer), face aux appétits israéliens. Et les Américains qui, pour le moment veulent le moins de problèmes possibles tout en maintenant la pression sur la Syrie et l’Iran pour neutraliser toute éventuelle action militaire israélienne, n’avaient d’autre choix que de promettre de faire de leur mieux.
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