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Présidentielle française : l’extrême droite s’affirme au pouvoir

Présidentielle française : l’extrême droite s’affirme au pouvoir
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Dina Chamseddine

Lorsque Jean Marie Le Pen a été prié de commenter les résultats du Front National, présidé actuellement par sa fille Marine, au premier tour de la présidentielle française, il a dit qu’il n’est pas jaloux de la réussite de sa fille, qui, portant le flambeau, court plus vite que son père.

Il avait raison de le dire, puisque le score du FN au premier tour du scrutin, a dépassé toutes les estimations des sondages.

Jean Marie le Pen,  plus jeune député de France en 1956, a fondé le parti d’extrême droitePrésidentielle française : l’extrême droite s’affirme au pouvoir nommé Front National. Resté inaperçu depuis sa formation, le FN s’affirmera dans le paysage politique français après les présidentielles de 1981 et portera toujours les empreintes de son fondateur.

Bien que sa fille Marine ait adopté un ton moins radical que celui du père fondateur, durant la campagne électorale, l’idéologie du parti demeure la même.

Sa stratégie de conquête ne s’appuie pas uniquement sur des slogans électoraux, mais sur une vision relativement structurée du monde, sur un système idéologique dont la construction s’est faite au cours des 35 dernières années et dont les racines sont plus anciennes encore. 

Des propos récents de Marine Le Pen le confirment : « A l’inverse des autres formations politiques, j’allais dire politiciennes, nous le savons, le combat que nous menons et que nous allons mener, n’est pas seulement un combat politique. C’est plus que cela. C’est un combat de civilisation, c’est un combat pour nos valeurs ».
De ce fait, derrière les slogans électoraux, développés par Marine le Pen, se cachent une idéologie et une vision du monde relativement cohérente, qui s’articulent sur des thématiques qui trouvent un écho dans la société française.

La notion d’Ordre est tout à fait centrale dans le réseau idéologico-conceptuel de tout mouvement d’extrême droite, notamment du FN.

"La société n’est pas le produit du contrat, mais le fruit d’un Ordre. II y a, en effet, dans la continuité des civilisations et des peuples, une harmonie préétablie, reflet de la Création, que les Grecs appelaient Cosmos, qui signifie Ordre. Le non-respect de cet ordre par le matérialisme scientifique conduit à la barbarie. Tourner le dos à l’Ordre qui permet la Vie c’est choisir, ainsi que l’a rappelé le Pape Jean-Paul II, la « culture de mort »....Cette notion d’ordre implique le primat des agents de cohésion sociale, d’ordre social ».

L’ordre selon eux englobe tous les aspects de la vie : politique, social, spirituel, économique et moral, d’où l’importance du culte du chef charismatique et du principe d’Autorité.

Lorsque l’ordre social est menacé, il est nécessaire d’après cette idéologie de trouver un bouc émissaire. Ce bouc émissaire varie suivant les époques : le juif, l’arabe, le communiste, le franc-maçon…En outre, designer un bouc émissaire a un avantage considérable : il permet de trouver des explications très simples et immédiates a toutes sortes de désordres économiques et sociaux qui peuvent être complexes à analyser par des moyens rationnels.
Le métissage qu’il soit biologique, culturel ou ethnique est donc à proscrire ou est considéré comme dommageable. La décadence de la société est souvent mentionnée. Elle constitue une sorte de synthèse et d’aboutissement des désordres mentionnés précédemment.

La famille est la cellule génératrice de l’ordre social, par transmission du lignage, des règles et des traditions. Mais l’ordre social ne saurait exister sans un ordre spirituel, d’où la référence au christianisme et préférentiellement au catholicisme.

L’ordre moral, rempart contre la débauche des mœurs, le non-respect des autres, des hiérarchies, est aussi une manifestation de ce principe d’ordre.

Les forces de l’ordre militaire et policier sont considérées comme fondamentales pour lutter contre le désordre politique et social. La force n’a pas à être marginalisée au profit de la discussion. Celle-ci se manifeste souvent par des symboles de virilité. Ce n’est donc pas par hasard que Jean-Marie le Pen se soit engagé dans un régiment de parachutiste pendant la guerre d’Indochine.

L’ordre social est fondamental : Manifestations, grèves sont considérées comme des atteintes à la paix civile, une paix censée refléter l’harmonie de l’ordre social établi. La délinquance est aussi facteur de désordre social et doit être sévèrement réprimée.

Selon le FN, le mélange d’ethnies à l’intérieur d’une même communauté ou d’un même Etat est source de conflits incessants. « En revanche, l’homogénéité ethnique des nations leur permet de coexister à condition que chacune soit dotée d’un territoire propre. La composante territoriale du pays est ainsi tout à fait essentielle, au point de considérer le pays comme une entité territorialisée, et de confondre instinct national et instinct territorial.
Les mouvements migratoires sont évoqués en des termes catastrophiques, ce qui traduit la hantise du métissage des peuples, qualifié par le FN de « génocide », qui a lieu « par le mélange, plus que par l’extermination pure et simple »,  pareillement au métissage culturel  considéré  par le FN comme source de décadence, de désagrégation des identités.

Dans les propos du FN, le monde blanc est intimement associé à la chrétienté, de sorte que la menace de mort qui pèse sur l’identité occidentale a aussi une dimension religieuse. Le principal assaut vient de l’Islam, analysé comme une religion conquérante qui a toujours considéré l’Europe, aux dires de Jean-Marie le Pen, comme « une aire d’expansion ou de champ d’exercice aux disciples du prophète ».

Présidentielle française : l’extrême droite s’affirme au pouvoirD’autre part, il s’agit d’une religion « d’essence totalitaire » qui diffère en tout point du christianisme et qui connait de surcroit depuis les années 90 un réveil marqué par le « retour aux sources religieuses et culturelles ainsi que par une violente prise de conscience anti-européenne ». Enfin, le défi que l’Islam représente pour le monde chrétien est aussi démographique du fait de la très forte expansion numérique du monde musulman qui devrait le conduire à « constituer 40% du genre humain au cours du XXI siècle ».

La vision des peuples proposée par le FN prend cependant ses distances vis-à-vis du racisme biologique à partir des années 80, pour épouser une rhétorique raciste plus moderne qui n’abandonne pas une once de ses convictions sur l’existence d’inégalités originelles, mais le camoufle derrière une rhétorique valorisant les différences irréductibles entre peuples et la nécessaire préservation de leur identité respective. Le FN insiste depuis, sur la spécificité et l’irréductibilité des identités ».

Le différentialiste ethnique, couplé au nationalisme engendre un rejet de l’immigration et l’ancrage du racisme à l’égard de l’autre, de culture et de croyance différente, ainsi que l’obsession sécuritaire.
Depuis l’émergence d’une droite nationale-populiste au moment de l’affaire Dreyfus, au tournant des XIXe et XXe, passant par le temps des ligues », dans les années 1930, la flambée poujadiste au milieu des années 1950, l’émergence trente ans plus tard du Front national, arrivant au score du FN aux présidentielles de 2012, comment interpréter l’essor et la consolidation des formations d’extrême droite et par la suite la flambée du vote antisystème  en Europe, notamment en France.

Présidentielle française : l’extrême droite s’affirme au pouvoirDans plusieurs des pays membres de l’UE, les partis de droite convergent, vers certains des thèmes du discours de l’extrême-droite : anti-immigration, exploitation des enjeux liés à la criminalité et au sentiment d’insécurité, programme économique hybride, défense des systèmes nationaux de protection sociale et mobilisation de toutes les formes de ressentiment envers les grandes formations politiques.

Les partis politiques ayant essentiellement une fonction de médiation entre le peuple et le pouvoir politique, sont censés représenter les masses, être les porte-paroles des différents groupes de la société auprès du pouvoir politique.

Mais l’image des partis est cependant très mauvaise en France, où il n’y a pas eu d’établissement de liens forts entre les partis politiques et la société civile.   

Selon une thèse exposée par Katz et Mair, les "partis établis" se seraient progressivement éloignés de leurs militants et de la société civile pour devenir des agences semi-publiques et centralisées, s'appuyant sur des moyens de communication moderne (sondages, consulting, nouveaux médias), et de plus en plus dépendants des ressources étatiques (et notamment du financement public), ils "s'entendraient" pour former une sorte d'alliance tacite visant à s'assurer le contrôle et le partage des ressources et à en exclure les formations nouvelles et concurrentes. Cette "cartellisation" aurait pour conséquence de favoriser le rapprochement programmatique des principales formations et de limiter la compétition politique, sans empêcher pour autant l'émergence d'organisations partisanes contestataires.

Pour Katz et Mair, la crise pronostiquée s'apparenterait donc davantage à une crise des partis dans leur relation avec la société civile et par conséquent à une crise des partis de masse, plutôt qu'à une crise générale de la forme partisane.

A ces facteurs, s’ajoute la crise économique en France qui a conduit à une véritable décomposition politique, et au tarissement de l’offre électorale.  D'abord l'évolution Présidentielle française : l’extrême droite s’affirme au pouvoirstructurelle de nombreux systèmes politiques, marquée par un essoufflement de l'offre électorale. Ce « vide », inhérent à l'enchaînement d'alternances aux effets difficilement perceptibles par une partie de l'électorat  en France, a permis aux formations d'extrême-droite  de prétendre incarner une « vraie » alternative.

La droite, avec la perte de l’identité partisane, et abstraction faite de sa taille, a réussi à attirer les électeurs et à accentuer son influence sur la décision politique et même à parvenir au pouvoir, sans le détenir formellement.
Le résultat du FN au premier tour des présidentielles, et qui a atteint les 18%, a placé le président sortant Nicolas Sarkozy dans l’embarras, puisque son seul salut est les voix de l’extrême droite. Ce constat résulte d’un simple calcul ; Sarkozy doit attirer 23% de « nouvelles voix » pour garantir la réussite. Mais la réserve traditionnelle des voix de la droite n’est pas disponible et Sarkozy ne peut pas miser sur la totalité des voix du candidat centriste François Bayrou, qui a reçu 3.2 millions de billets (soit 9.10% d’électeurs). Les sondages montrent que ces derniers seront répartis en trois groupes : l’un pour Sarkozy, le second pour le candidat du PSF François Hollande et le troisième s’abstiendra de voter.

Le fait que l’extrême droite française ait hérité les idées antisémites largement répandues en Europe avant la deuxième guerre mondiale, ne signifie pas nécessairement que cette droite appuie les causes arabes et islamiques, ou qu’elle soit hostile à "Israël". Bien au contraire, l’extrême droite  a diffusé des idées hostiles à l’islam et aux Musulmans de France, mettant les Français en garde contre « l’islamisation » du pays et exhortant au retour à l’identité chrétienne  et aux racines ethniques européennes pures  des Français. Il serait donc impossible que le Front National, tout comme les autres formations politiques, exprime une quelconque solidarité avec les causes des arabes et des musulmans.

Source : moqawama.org

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