Le vote des émigrés et la réalité sur le terrain

Soraya Hélou
Le vote des émigrés est devenu le thème préféré des politiciens en vue de la préparation des prochaines élections. Longtemps ce thème a été évoqué par les parties chrétiennes cherchant à, selon leurs propres termes, « rééquilibrer les voix des électeurs ».
Mais désormais, tout le monde fait de la surenchère sur la question, alors que le Courant du Futur monte au créneau pour accuser le 8 mars de ne pas vouloir l’appliquer par crainte que les
La réalité sur le terrain est en effet différente. Comme le dit un haut responsable de l’Etat qui est en contact quasi-permanent avec les communautés libanaises à l’étranger, il y a beaucoup d’illusions sur le sujet des émigrés. Non seulement, ils reflètent désormais les mêmes schémas confessionnels « des Libanais du Liban », mais de plus, ils ne sont pas forcément intéressés à s’inscrire aux consulats libanais dans les pays d’émigration.
Autrement dit, que ce soit en Australie, aux Etats-Unis, en Europe ou en Amérique latine, les émigrés libanais sont aussi bien chrétiens, sunnites, chiites ou encore druzes.
Les premières vagues arrivées au début ou au milieu du siècle dernier étaient certes en majorité chrétiennes, mais les sunnites et les chiites n’ont pas tardé à suivre, reproduisant la même diversité confessionnelle qu’au Liban. Ceux qui comptent donc sur un réservoir de voix monocolore se trompent donc totalement.
De plus, les émigrés en général, surtout dans les pays lointains, ne se sentent pas vraiment concernés par la situation politique au Liban. Ils s’investissent dans la politique de leur pays d’adoption, où tous leurs droits sont respectés et n’ont pas l’intention de remettre en cause tous ces acquis pour s’impliquer dans la politique libanaise.
Le Liban, c’est donc pour eux, les racines, la famille, les liens avec le passé, mais certainement plus l’avenir. C’est pourquoi une grande partie d’entre eux ne fait aucun effort pour inscrire ses
Au cours de son dernier voyage en Australie, le président libanais Michel Sleiman a contourné cette réalité en mettant la responsabilité sur le ministère des Affaires étrangères et en qualifiant la machine de ce ministère d’être totalement rouillée, mais il a eu suffisamment de contacts (les membres de la délégation qui l’accompagne aussi) pour savoir qu’il ne s’agit pas seulement de cela.
Les 400000 Libanais émigrés en Australie, par exemple, y sont bien installés et s’ils font en général un séjour au Liban tous les deux ans, c’est surtout pour retrouver la famille mais pas pour s’investir dans la politique libanaise. Ils sont certes leurs opinions, parfois figées dans le temps, mais ils ne sont pas suffisamment mobilisés pour aller jusqu’à voter aux élections.
Si on veut même être encore plus précis, les émigrés chiites qui se regroupent autour de leurs chefs religieux sont encore les plus proches de la réalité libanaise, d’autant qu’il leur arrive de subir un certain ostracisme de la part des Australiens d’origine en raison d’un climat d’islamophobie véhiculé de temps à autre par certains médias occidentaux. S’il faut donc miser sur un paquet de voix, ce serait plutôt sur celles qui restent les plus soudés face aux divisions affichées par les émigrés chrétiens et même sunnites.
En gros, le thème du vote des émigrés qui occupe la classe politique depuis plusieurs semaines déjà est en réalité un faux problème, les principaux concernés étant le moins intéressés par ce sujet et n’étant pas prêts à faire des efforts pour s’impliquer dans la politique interne libanaise. S’ils sont partis, c’est qu’ils avaient envie de tourner la page, surtout s’ils ont choisis des pays lointains.
Or, on ne peut pas comme on veut revenir au passé et dérouler le temps à l’envers. Le président Sleiman l’a bien compris puisqu’il a bien déclaré aux émigrés libanais en Australie qu’il ne leur demande pas de revenir, mais de maintenir le lien avec le pays et de songer à y investir… voix des émigrés versent globalement dans son camp. La polémique bat son plein et comme toutes celles soulevées par le 14 mars, elle n’est fondée sur aucun élément concret.
enfants aux consulats libanais ou pour renouveler les papiers d’identité libanais.
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