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Ben Bella est mort, la cause est de plus en plus vivante

Ben Bella est mort, la cause est de plus en plus vivante
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Akil Cheikh Hussein

Ben Bella n'est plus. La France officielle, ex-pays colonisateur qui a tant et tant persécuté Ben Balla et le peuple algérien dans une guerre d'agression de 160 ans durant lesquels les massacres ont fait de l'Algérie, le "Pays de deux millions de martyrs" (deux tiers de la population), observe un silence total. Sarkozy ne veut pas en pleine campagne électorale, irriter la droite et l'extrême droite ainsi que les "Bottes noires", ces Français qui ont considéré et considèrent toujours l'Algérie comme un pays qui leur revenait de droit rien que parce qu'ils l'avaient colonisé par le feu et le sang.   

Quant à elle, l'Algérie est en deuil officiel de huit jours décrété par le président algérien, AbdelazizBen Bella est mort, la cause est de plus en plus vivante Bouteflika. Un deuil qui dépasse les frontières car Ben Bella est ineffaçable de la mémoire des peuples arabes et du Tiers-monde : N'était-il pas une grande figure symbolique pour tous les mouvements de libération qui sont nés pendant les révolutions pour l'indépendance aux années cinquante et soixante ?
 
Combattant en chef lors de la révolution algérienne contre l'occupation française et homme politique ayant présidé pour trois ans la jeune République démocratique et populaire algérienne, il n'était plus depuis le coup d'Etat dirigé contre lui par Boumediene en 1965.

Entre prisons, assignations à résidence et exils, Ben Bella a passé une trentaine d'année à lutter pour ses idéaux allant d'une Algérie libre, d'un Maghreb et d'un monde arabe et musulman unis avec le Tiers-monde et les forces hostiles en Occident aux politiques hégémoniques imposées aux Etats par les complexes militaro-industriels et autres lobbys et mafias du système capitaliste.

Réhabilité par l'actuel président, Bouteflika, Ben Balla retourne en Algérie et poursuit son combat en appelant à la réconciliation après la guerre civile qui a opposé les Islamistes au régime au pouvoir.

Sur le plan international, il appelle les Arabes à s'unir et à défendre l'Irak face à l'agression américaine. Membre du comité de parrainage du Tribunal Russell sur la Palestine, il a continué de mettre la cause palestinienne à la tête de ses priorités. Depuis 2007, il est président du groupe des Sages de l'Union africaine.

Décédé le 11 du mois en cours d'avril, il n'aurait pas été content s'il savait qu'après toutes ses luttes et engagements, certains ne trouvent d'autres idées pour l'évoquer, lui qui ne cessait jamais d'appeler à l'unité du Maghreb, que de lancer un débat sur sa véritable nationalité, algérienne ou marocaine.

C'est certainement plus dur pour Ben Bella que la mort -si l'on peut parler ainsi de ce que beaucoup de mortels considèrent comme le passage obligatoire, mais salutaire, vers la Félicité éternelle- de voir les grandes idées du panarabisme et de l'unité des peuples épris de liberté évincées par un discours séparatiste et isolationniste que répètent des intoxiqués, conditionnés et manipulés qui donnent un caractère sacré au nationalisme borné et aux frontières tracées par les puissances colonialistes dans le but de diviser les peuples et de les affaiblir pour mieux les dominer et asservir.

Il est vrai que les parents de Ben Bella étaient originaires du Maroc. Il est vrai aussi qu'il a, en tant qu'algérien, largement contribué au lancement de la révolution et à la victoire de la révolution algérienne contre l'occupation française.

Ben Bella est mort, la cause est de plus en plus vivanteEt ce n'est pas qu'en tant qu'algérien, marocain ou français, mais plutôt en tant qu'homme libre qu'il a pris les armes dans l'armée puis dans la résistance française contre l'occupation nazie.

Il a passé sa longue vie entre l'Algérie, la France et l'Egypte. On peut même dire qu'il était Egyptien dans la mesure où l'Egypte de Nasser incarnait l'espoir à l'indépendance et la liberté non seulement pour les Egyptiens et les Arabes, mais également pour beaucoup des pays en Afrique, en Asie et en Amérique latine qui luttaient contre l'impérialisme américain.

Cette cause de l'indépendance, de la liberté et de la justice qui a porté Ben Bella à conduire la révolution algérienne contre l'occupant français pouvait également le porter à combattre ce même occupant en Indochine.

Ou à faire sienne, côte à côte avec Nasser en 1956, de la lutte armée contre l'agression tripartite israélo-franco-britannique lors de la guerre de Suez. Ou côte à côte avec patrice Lumumba au Congo, fidèle Castro et Che Guevara à Cuba et en Bolivie dans les luttes contre l'impérialisme et ses sbires.

C'est à ce titre et pour ces mêmes causes que Ben Bella fut entièrement attaché à la cause du peuple palestinien, non seulement par ce que ce peuple est arabe, mais justement parce qu'il a été et il est toujours injustement traité par les Sionistes, leurs protecteurs occidentaux et leurs partenaire arabes.
 

Algérien, panarabe, panislamique, panafricain et tiers-mondiste, le président Ben Bella a été l'un de ces dirigeant qui -comme Nasser en Egypte, Mao Tsé Toung en Chine, Ahmad Sukarno en Indonésie, Jawaharlal Nehru en Inde, J. B. Tito en Yougoslavie, Kwam nkrumah    à Ghana, Muhammad Mossadegh en Iran, Ahmad Sékou Touré en Guinée et tant d'autres- ont allumé à l'époque le flambeau de la liberté pour leurs peuples, l'ont conduit vers l'indépendance et l'espoir en une vie meilleure après des siècles passés sous le joug des puissances colonialistes et néo-colonialistes.

Ben Bella n'est plus. Sa mort intervient à un moment où la plupart des pays mentionnés sont à nouveau en prise avec de nouvelles formes d'asservissement. L'évoquer et évoquer les noms des dirigeants mentionnés prouve qu'ils ne sont pas oubliés et que, pour se libérer, le Tiers-monde et les révolutions arabes finiront par se rendre compte du besoin qu'ils ont de leurs idées et de leurs expériences. Avec le groupe de BRICS, la prise de conscience est déjà inaugurée et le camp de la résistance mondiale prend de la force jour après jour.

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