Gaza: L’armée «israélienne» a enfoui les corps des demandeurs d’aide dans des fosses sommaires, révèle CNN
Par AlAhed avec agences
Un reportage accablant de CNN met en lumière une pratique terrifiante autour du passage de «Zikim» au nord de Gaza : l’armée «israélienne» aurait, à plusieurs reprises, bulldozé les corps de Palestiniens venus chercher de l’aide alimentaire, les enfouissant dans des fosses sommaires ou les laissant se décomposer à l’air libre.
L’enquête s’appuie sur des centaines de vidéos, des témoignages, de chauffeurs de camions d’aide, ainsi que des analyses d’images satellite. Tous décrivent une même scène : des civils affamés, sous les tirs réguliers de l’armée, tombant près des camions de distribution d’aide. Beaucoup n’ont jamais été retrouvés.
CNN a identifié au moins deux vidéos montrant des corps partiellement enterrés, entassés près d’un camion renversé, après une journée de tirs en juin dernier. Des conducteurs d’aide humanitaire rapportent avoir vu des bulldozers «israéliens» pousser des corps dans le sable, parfois mêlés aux cartons d’aide. Deux anciens soldats «israéliens», qui ont témoigné anonymement, confirment que cette pratique s’est produite ailleurs dans Gaza au cours de la guerre : des cadavres laissés des jours sous le soleil, puis recouverts de terre sans identification. L’un d’eux parle d’une odeur insoutenable, de chiens errants dévorant les corps, et surtout de l’absence totale de protocole pour traiter les dépouilles.
Pour les familles, le cauchemar continue. Beaucoup, comme celle d’Ammar Wadi — parti chercher un sac de farine et jamais revenu — cherchent encore un corps, une trace, un signe. «Nous acceptons le destin, dit sa mère. Mais nous voulons savoir ce qui est arrivé à notre fils.»
Les scènes décrites dans ce reportage s’ajoutent à une série de révélations sur la façon dont l’armée «israélienne» a traité les morts palestiniens depuis le début de la guerre. L’année dernière déjà, des fosses communes avaient été découvertes dans l’enceinte de plusieurs hôpitaux, et des cimetières avaient été littéralement rasés par les bulldozers. Pour les organisations de défense des droits humains, ces procédés s’inscrivent dans une logique d’effacement et de déshumanisation.
Au-delà des images, c’est la disparition silencieuse de nombreux Palestiniens qui frappe. Des dizaines d’hommes et d’adolescents qui n’ont laissé derrière eux que des téléphones portables, des messages d’adieu, ou le souvenir d’une dernière tentative pour trouver de la nourriture. Leurs familles errent entre l’espoir ténu de les retrouver vivants et la certitude douloureuse qu’ils reposent quelque part sous le sable déplacé par une machine. Le reportage souligne enfin l’opacité totale de la zone du passage de «Zikim», décrite par plusieurs témoins comme une «zone de non-droit», inaccessible aux équipes de secours et aux organisations humanitaires. Ce vide de transparence entretient les soupçons et renforce une seule certitude : sans accès indépendant, la vérité sur ce qui s’est produit là risque de demeurer ensevelie, elle aussi, sous les couches de terre que les bulldozers ont déplacées.
Euro-Med Monitor a indiqué que les forces «israéliennes» ont enterré à plusieurs reprises des corps palestiniens sur des places publiques, des terrains vagues et à proximité d'infrastructures vitales, notamment des centres de distribution d'aide, des hôpitaux et des écoles, après avoir bouclé militairement ces lieux et bloqué l'accès des équipes médicales, des familles et des habitants.
«Cette pratique détruit des preuves potentielles d’homicides illégaux, entrave les enquêtes efficaces et prive les familles du droit de connaître le sort et le lieu de sépulture de leurs proches, constituant ainsi une violation supplémentaire de la dignité humaine et du droit international», a-t-il ajouté.
Ces incidents, a déclaré l'observateur, reflètent un «schéma récurrent de déshumanisation délibérée et d'utilisation de la terreur pour briser la population palestinienne et la forcer à la soumission et au déplacement».
«Cela constitue une preuve supplémentaire de l’intention spécifique requise pour le génocide en vertu du droit international, tout en étant susceptible d’être qualifié de crime contre l’humanité et de crime de guerre à part entière.»