France: Eurolinks poursuivi en justice pour ses ventes de composants de munitions à «Israël»
Par AlAhed avec agences
L’association Jurdi a assigné en justice la société Eurolinks pour contester ses contrats avec des entreprises «israéliennes» d’armement, en raison de violations du droit international depuis le 7 octobre 2023. Le procès est fixé au 23 mars 2026.
Selon l’assignation consultée par le quotidien la Marseillaise, Eurolinks a exporté des composants pour fusils mitrailleurs vers «Israël» malgré des appels de l’ONU à cesser les livraisons dans ce conflit. L’association Juristes pour le respect du droit international estime que ces contrats sont «contraires à l’ordre public français» et demande leur annulation. Le procès a lieu le 23 mars devant le tribunal judiciaire de Marseille.
«Nous irons si besoin en appel et éventuellement devant la Cour de cassation et la Cour européenne des Droits de l’homme», a déclaré Ghislain Poissonnier, vice-président de Jurdi.
Les révélations de Disclose, le média d’investigation indépendant et spécialisé dans les affaires militaires et les violations des droits humains, publiées le 4 juin 2025, montrent que des maillons M27 fabriqués par Eurolinks ont été livrés à «Israël» et pourraient avoir été détournés pour des frappes sur des zones civiles à Gaza.
L’enquête indique qu’aucun contrôle sur place n’a été effectué par les services français, et que le risque d’utilisation contre des civils ne peut être écarté. Le PDG d’Eurolinks, Jean-Luc Bonelli, a déclaré : «Même si la licence précise qu’ils ne peuvent être utilisés par l’armée israélienne, personne ne peut le garantir. Je n’ai évidemment pas d’agent pour surveiller ce que fait IMI Systems», fournisseur exclusif des forces «israéliennes».
Dénégations persistantes de la France
Pour rappel, Sébastien Lecornu, alors ministre des Armées avait indiqué lors de la publication de cette enquête que les licences d’exportation ne donnaient pas droit à une utilisation offensive par l’armée «israélienne» et que les équipements concernés étaient «à double usage ou non létaux».
Lecornu avait alors ajouté que «la France respecte strictement ses engagements internationaux» et rappelé que chaque livraison faisait l’objet d’un contrôle, sans qu’aucun audit public ni suspension formelle de ces exportations n’ait été annoncé dans les mois suivants, malgré les appels de plusieurs ONG.
Le 14 octobre 2025, Lecornu, désormais Premier ministre, a rejeté à l’Assemblée nationale les propos de Mathilde Panot, présidente du groupe LFI, l’accusant de faire de la France une «complice d’un génocide» dans la bande de Gaza. Lors du débat qui a suivi son discours de politique générale, il a répondu : «Je ne peux pas accepter de dire que la France a participé à un génocide à Gaza (...) Arrêtez de caricaturer et de mentir sur la position de la France sur un sujet aussi grave».
Jurdi en appelle au président français
En septembre 2025, Jurdi avait également déposé un recours contre l’État français devant le tribunal administratif de Paris, estimant que la France avait violé ses obligations issues de la Convention de 1948 sur la prévention du génocide. Le recours soulignait l’absence de mesures prises pour empêcher les actes de violence contre les civils palestiniens et le maintien d’autorisations d’exportation d’armements à destination d’«Israël». Parallèlement, la Ligue des droits de l’Homme (LDH) a porté plainte contre Eurolinks pour sa fourniture présumée de composants utilisés dans des frappes contre des civils.
Dans une lettre ouverte au président Emmanuel Macron, Jurdi a demandé l’interdiction de tout transfert, exportation, transit ou transbordement d’armes, munitions, pièces détachées, composants, technologies et biens à double usage à destination d’«Israël», de «suspendre toute coopération militaire, sécuritaire, financière ou scientifique» avec «Tel Aviv».
Depuis le début de la guerre génocidaire «israélienne» en octobre 2023, plus de 69.000 Palestiniens ont été tués et 170.600 blessés, selon le ministère de la Santé du territoire, principalement des femmes et des enfants.
Un cessez-le-feu a été établi le mois d'octobre. Selon le Hamas, «Israël» aurait tué 271 Palestiniens depuis l’entrée en vigueur de l’accord, dont 39 femmes, 107 enfants et 9 personnes âgées, et fait 622 blessés, dont 137 femmes et 221 enfants.
Sur le plan juridique international, la Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné dès janvier 2024 à «Israël» de prévenir tout acte de génocide et de permettre l’accès à l’aide humanitaire. La Cour pénale internationale (CPI) a confirmé des mandats d’arrêt contre Benjamin Netanyahu et Yoav Gallant, accusés de crimes de guerre, notamment d’avoir utilisé la famine comme méthode de guerre.
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