«Ils vont mourir dans les semaines qui viennent»: Médecins du Monde appelle la France à accueillir des blessés gazaouis

Par AlAhed avec sites web
Malgré la mise en œuvre d’un accord de trêve à Gaza et l’arrêt des bombardements «israéliens» depuis plusieurs jours, le système de santé local reste exsangue, a indiqué, mardi matin sur France Inter, Jean-François Corty, président de Médecins du Monde, prévenant que la situation demeurait critique.
«Près de 20.000 blessés aujourd’hui nécessitent d’être pris en charge en urgence. Et ce n’est pas le système de santé en l’état qui va pouvoir les prendre en charge. Il va falloir les évacuer», a-t-il déclaré.
Selon lui, les structures médicales de l’enclave ne sont plus en mesure de répondre à l’afflux de patients.
Il a appelé à une coopération internationale immédiate, «on attend aussi la capacité des hôpitaux de la sous-région et des pays occidentaux, dont la France, de pouvoir se mobiliser pour prendre leur part (…) sinon ils vont mourir dans les semaines qui viennent.»
Le responsable humanitaire a également plaidé pour un acheminement rapide de matériel et de vivres. «Il va falloir faire entrer beaucoup de camions qui sont d’ailleurs positionnés depuis deux ans en Égypte, en Israël aussi, et qui ne demandent qu’à entrer avec des conditions de sécurité qui soient adéquates pour nos équipes.»
«Jamais avant Gaza nous n’avions perdu de collègues à cause de la faim»
Sur le terrain, les équipes de Médecins du Monde ont vécu des conditions extrêmes.
«Nos équipes ont dû chercher à manger et à boire comme les civils de l’enclave, nous avons perdu des collègues dans les bombardements, tout le monde a perdu un proche», a raconte Jean-François Corty. «C’est une situation exceptionnelle. Nous avons été engagés dans de nombreux conflits, mais jamais avant Gaza nous n’avions perdu de collègues à cause de la faim.»
L’organisation a par ailleurs dû fermer sa clinique à Gaza City, détruite par les frappes «israéliennes».
Jean-François Corty a insisté sur la nécessité de «soulager nos équipes» avec du personnel supplémentaire.
La reconstruction du réseau de soins prendra du temps.
«Il y a énormément de malnutris, énormément de blessés, et ce n’est pas du jour au lendemain qu’on va pouvoir remettre sur pied un système de santé qui a été complètement détruit », a-t-il constaté.
Alors que des dizaines de milliers d’habitants regagnent le nord de la bande de Gaza, Médecins du Monde appelle à «accompagner ces retours» et à «reconstruire progressivement le système de santé».
Selon les chiffres du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, jugés crédibles par l’ONU, plus de 70.000 personnes ont été tuées depuis deux ans dans les frappes «israéliennes», dont plus de 20.000 enfants et 150.000 personnes ont été blessées.