Syrie: Septième jour de combats meurtriers à Soueida malgré les appels au cessez-le-feu

Par AlAhed avec AFP
Des combats ont opposé samedi 18 juillet des tribus et bédouins sunnites aux combattants druzes dans la ville méridionale syrienne de Soueida malgré les appels au cessez-le-feu, au septième jour de violences intercommunautaires ayant fait 940 morts selon une ONG.
Le pouvoir syrien a annoncé plus tôt le début du déploiement de ses forces dans la province à majorité druze de Soueida et appelé «toutes les parties à respecter» le cessez-le-feu qu'il a proclamé.
Les Etats-Unis ont eux aussi annoncé vendredi soir un accord de cessez-le-feu entre la Syrie et «Israël», en appelant «les druzes, les bédouins et les sunnites à déposer les armes».
Les affrontements entre tribus et bédouins sunnites d'une part et des combattants de la minorité druze de l'autre ont continué dans l'ouest de la ville et à ses abords, selon des correspondants de l'AFP sur place.
Ahmad Charaa, président intérimaire arrivé au pouvoir après avoir renversé le président Bachar al-Assad en décembre, a réaffirmé son engagement à protéger les minorités et souligné «le rôle important joué par les Etats-Unis, qui ont confirmé leur soutien à la Syrie».
Son ministère de l'Intérieur a annoncé dans le même temps «le début du déploiement des forces de la sécurité dans la province de Soueida (...) dans le but de protéger les civils et de mettre un terme au chaos».
«Israël», qui affirme vouloir défendre les druzes, une minorité ésotérique issue d'une branche de l'islam, était jusque-là opposé à la présence de telles forces dans cette région.
80.000 déplacés
Le pouvoir syrien, disant vouloir rétablir l'ordre, avait déjà déployé ses forces mardi à Soueida, jusque-là contrôlée par des combattants druzes, avant de les retirer sous la pression et la menace militaire d'«Israël».
L’entité «israélienne» avait bombardé plusieurs cibles du pouvoir à Damas et menacé d'intensifier ses frappes si Damas ne retirait pas ses forces de Soueida. Charaa en annonçant le retrait, avait dit sa volonté d'éviter une «guerre ouverte» avec «Israël».
L'«OSDH», des témoins et des groupes druzes avaient accusé les forces gouvernementales déployées à Soueida d'avoir combattu au côté des bédouins et commis des exactions.
Les violences ont fait 940 morts depuis le 13 juillet dans la province de Soueida, dont 588 druzes -326 combattants et 262 civils- et 312 membres des forces gouvernementales et 21 bédouins sunnites, selon l'«Observatoire syrien des droits de l'homme» (OSDH).
Près de 80.000 personnes ont été déplacées d'après l'Organisation internationale pour les migrations.
Vendredi, des combattants de tribus ont afflué de régions syriennes vers Soueida pour aider les bédouins. Un chef tribal, Anas Al-Enad, a affirmé à l'AFP être venu avec ses hommes de Hama (centre) «en réponse aux appels à l'aide des bédouins».
Ni eau, ni électricité
Selon le médecin Omar Obeid à l'hôpital gouvernemental de Soueida, le seul de la ville qui fonctionne encore, l'établissement a accueilli entre lundi et vendredi «plus de 400 corps» dont enfants et des personnes âgées.
«Ce n'est plus un hôpital, c'est une fosse commune», a déclaré un autre membre du personnel de l'hôpital de la ville privée d'eau et d'électricité et où les communications sont coupées.
Ces nouvelles violences intercommunautaires fragilisent encore plus le pouvoir de Charaa dans un pays meurtri par près de 14 ans de guerre.
En mars, des massacres avaient fait plus de 1.700 morts, essentiellement des membres de la communauté alaouite dont est issu M. Assad, après des affrontements forces de sécurité et des hommes fidèles au président déchu dans l'ouest du pays, selon un bilan de l'«OSDH».
Présente principalement à Soueida, la communauté druze de Syrie comptait avant la guerre quelque 700.000 personnes. Cette minorité est aussi implantée au Liban et en Palestine occupée.
Comments

