Trump annonce un cessez-le-feu à Gaza : réalité ou manœuvre politique ?

Par Assia Husseini
Selon le président américain Donald Trump, la guerre à Gaza touche à sa fin. Il a affirmé qu’«Israël» avait accepté de finaliser les termes d’un cessez-le-feu de soixante jours dans la bande de Gaza, appelant le mouvement de résistance Hamas à faire de même. «Nous travaillerons avec toutes les parties pour mettre fin à la guerre», a-t-il promis dans une déclaration publiée mardi dernier sur sa plateforme Truth Social.
Dans le même temps, le «ministre israélien des Affaires stratégiques», Ron Dermer, se trouvait à Washington pour y rencontrer de hauts responsables de la Maison Blanche et finaliser cette proposition censée déboucher sur une trêve. Pourtant, selon plusieurs sources politiques, notamment à Doha, les négociations en cours entre les différentes parties n’ont toujours pas abouti. Sur quoi donc s’appuie Donald Trump pour promettre la fin imminente de la guerre ?
Une initiative motivée par des considérations politiques ?
Il semble que les déclarations de Trump soient liées à des échanges avec Benjamin Netanyahou concernant son avenir politique. Craignant d’être poursuivi dès la fin de la guerre, le «Premier ministre israélien» chercherait une intervention directe du président américain pour le protéger. Trump, de son côté, n’a pas caché son souhait de voir les poursuites judiciaires contre «Bibi» annulées, qualifiant son procès de «chasse aux sorcières». Il a même proposé que soit accordée une grâce présidentielle à ce qu’il appelle un «grand héros», au lendemain du cessez-le-feu entre «Israël» et l’Iran.
Selon la politologue Ghada Hoballah, Donald Trump tente de sauver Netanyahou à la fois des procédures judiciaires internes et des risques de poursuites devant les tribunaux internationaux. «Il essaie de lui offrir une issue pour échapper à ses procès, en l’incitant à mettre fin à la guerre à Gaza», affirme-t-elle. Hoballah ajoute que Netanyahou redoute l’arrêt de la guerre, car celui-ci pourrait marquer le début de ses ennuis judiciaires. Trump chercherait donc à lui garantir un avenir politique, à condition qu’il contribue à apaiser les tensions au Moyen-Orient. «Pour le président américain, la région doit entrer dans une nouvelle phase, en mettant un terme aux guerres lancées par Israël et en élargissant les accords d’Abraham à de nouveaux États comme la Syrie ou l’Arabie saoudite. Cela offrirait à Netanyahou une image de vainqueur tant attendue, tout en permettant aux États-Unis de recentrer leur stratégie sur le véritable enjeu géopolitique : la Chine», conclut-elle.
Une proposition rejetée par la Résistance
Mais qu’en est-il de la position du Hamas et des autres factions de la Résistance palestinienne ? La proposition actuellement négociée ne diffère pas fondamentalement de celle présentée auparavant par l’émissaire américain Steve Witkoff, qui imposait les conditions «israéliennes» sans tenir compte des revendications du Hamas. Ce texte ne garantit en rien la fin de la guerre, mais propose une trêve de soixante jours pour permettre un échange de prisonniers et initier des discussions en vue d’une trêve prolongée.
Selon l’analyste politique palestinien Saleh Abou Ezza, l’approbation rapide par «Israël» de cette proposition vise à embarrasser la Résistance et à la rendre responsable de la poursuite du conflit. «Le Hamas considère que ce projet, qui impose l’exil aux dirigeants de la Résistance hors de Gaza et exige le désarmement du Hamas, du Jihad islamique et des autres factions, ne fait que concrétiser les exigences israéliennes, alors même qu’Israël est en pleine impasse militaire dans la bande de Gaza», explique-t-il.
Une guerre toujours en cours et une situation humanitaire catastrophique
Sur le terrain, les opérations de la Résistance contre l’armée d’occupation «israélienne» se poursuivent. Le quotidien «israélien» «Yedioth Ahronoth» a révélé que le mois de juin dernier avait enregistré le plus grand nombre de pertes humaines dans les rangs de l’armée «israélienne» depuis le début de l’année, avec un total de 20 soldats et officiers tués. Malgré le blocus étouffant et une guerre d’extermination qui dure depuis plus de vingt mois, les combattants palestiniens parviennent toujours à mener des opérations efficaces contre les forces d’occupation.
Sur le plan humanitaire, la situation ne cesse de se détériorer. Les crimes de guerre se poursuivent, et le nombre de martyrs augmente chaque jour, que ce soit à cause des bombardements aériens ou des tirs directs visant des civils qui attendent une aide humanitaire. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a dénoncé vendredi un système «militarisé» de distribution de l’aide humanitaire à Gaza qui, selon lui, tue des innocents. «Les Gazaouis sont tués simplement parce qu’ils tentent de nourrir leurs familles et eux-mêmes. Aller chercher de la nourriture ne devrait jamais être une condamnation à mort», a-t-il déclaré devant la presse à New York.
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