«Israël» a espionné et tenté de manipuler la CPI pendant cinq ans, révèle une enquête

Par AlAhed avec agences
«Israël» a supervisé une opération d'espionnage ciblant la CPI et plusieurs ONG palestiniennes. Objectif: contrecarrer une enquête sur les crimes de guerre «israéliens», selon une enquête conjointe de +972.com, du magazine Local Call et du Guardian.
Une opération supervisée par Netanyahu
Une enquête conjointe de +972.com Magazine, Local Call et du quotidien anglais The Guardian révèle que depuis 2015, «Israël» surveille de hauts responsables de la Cour pénale internationale, des défenseurs des droits de l'homme palestiniens et des fonctionnaires onusiens. L’objectif de cette opération secrète visait à contrecarrer l'enquête de la CPI contre le «Premier ministre israélien» Benjamin Netanyahu et Yoav Gallant, l’ancien «ministre de la Guerre».
Ce travail journalistique s'appuie sur des entretiens menés avec plus d'une vingtaine d'agents des services de renseignement et de responsables gouvernementaux «israéliens», anciens et actuels, ainsi qu'avec d'anciens responsables de la CPI. Selon l’enquête journalistique, en cinq ans, cette opération secrète et complexe a impliqué les grandes agences de renseignements «israéliennes», les plus hautes entités du «gouvernement», l'armée, des diplomates et des avocats internationaux.
«Tout le monde a mis la main à la pâte : le ministère de la Justice, le Département du droit international militaire [qui fait partie du Bureau de l'avocat général militaire], le Shin Bet, le Conseil national de sécurité. [Tout le monde] considérait la CPI comme un enjeu crucial, comme une guerre à mener et contre laquelle Israël devait être défendu. Elle était présentée en termes militaires», explique +972.com.
Tout ce déploiement a été effectué pour surveiller en permanence non seulement l'actuel procureur général de la Cour, Karim Khan, sa prédécesseure Fatou Bensouda, mais aussi des dizaines d'autres responsables de la CPI et de l'ONU.
L'Autorité palestinienne dans le viseur
«Les services de renseignement israéliens ont également surveillé les documents transmis par l'Autorité palestinienne au bureau du procureur et surveillé les employés de quatre organisations palestiniennes de défense des droits humains dont les observations sont essentielles à l'enquête», révèle l'investigation journalistique.
Le but de la manœuvre était d'identifier les documents qu'ils recevaient des Palestiniens, «car les conclusions de ce type de commissions d'enquête sont généralement utilisées par la CPI».
Des activistes palestiniens ciblés
Les principales organisations palestiniennes des droits humains étaient aussi surveillées de près, car elles «nuisent à la réputation d'Israël». Il s’agit d’Al-Haq, Addameer, Al Mezan et du Centre palestinien pour les droits humains (PCHR). Addameer a transmis des informations à la CPI concernant les pratiques de torture contre les prisonniers et les détenus, tandis que les trois autres groupes ont communiqué de multiples informations au fil des ans.
Elles concernaient la colonisation «israélienne» en Cisjordanie, les démolitions punitives de maisons, les campagnes de bombardements à Gaza et certains hauts responsables politiques et militaires «israéliens».
L'enquête révèle même qu’Omar Awadallah et Ammar Hijazi, responsables du dossier de la CPI au sein du ministère des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne, ont également découvert que le logiciel Pegasus avait été installé sur leurs téléphones.
Avec ces masses d’informations, «Israël» a tenté au cours des rencontres informelles entre ses avocats et des responsables de la CPI de disqualifier l’argumentaire de l'Autorité palestinienne et d'éviter des poursuites devant cette haute institution judiciaire de l’ONU.
Les rencontres secrètes entre «Israël» et la CPI ont pris fin en décembre 2019, lorsque l'enquête préliminaire menée par Bensouda, qui a duré cinq ans, a conclu qu'il existait des «motifs raisonnables de croire qu'Israël avait commis des crimes de guerre».
Cinq ans plus tard, Karim Khan, le nouveau procureur de la CPI délivrait aussi à son tour un mandat d'arrêt contre Netanyahu et son ministre de la Guerre. «Compte tenu des preuves recueillies et examinées par mon Bureau, j’ai de bonnes raisons de penser que la responsabilité pénale de Benjamin NETANYAHU, le Premier ministre d’Israël, et de Yoav GALLANT, ministre de la Défense d’Israël, est engagée pour les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité ci-après commis sur le territoire de l’État de Palestine (dans la bande de Gaza) à compter du 8 octobre 2023 au moins», affirmait Karim Khan dans une déclaration officielle le 20 mai 2024.
Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, visé depuis la fin de l’année dernière par une enquête pour «faute présumée», a temporairement quitté ses fonctions, a indiqué son bureau le vendredi 16 mai. «Le procureur a fait part de sa décision de prendre congé jusqu’à la fin de la procédure», menée par des enquêteurs de l’ONU, a déclaré le bureau du procureur dans un communiqué, plusieurs médias ayant fait état d’accusations de comportement sexuel inapproprié à son encontre.
Karim Khan, 55 ans, a nié les accusations. «Les procureurs adjoints seront chargés de la gestion du bureau du procureur pendant son absence», a ajouté son bureau. Le procureur de la CPI se plaint régulièrement de pressions multiformes dont la CPI et lui-même sont victimes, sans en préciser la nature ni les auteurs.
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