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Liban: Quels sont les paris des partisans du désarment de la Résistance ?

Liban: Quels sont les paris des partisans du désarment de la Résistance ?
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Les campagnes politiques et médiatiques n'ont jamais résolu le débat. Leur impact sur l'opinion publique est considérable. Dans un pays comme le Liban, les inconvénients du système confessionnel n'empêchent pas la transformation des tensions religieuses en un point de départ pour défendre une idée dont l'objectif dépasse les intérêts d'un groupe confessionnel particulier. Cependant, lorsque le sondage du destin dans ce pays est interdit, selon des normes scientifiques et des critères uniformes, le débat sur toute question fondamentale est également soumis à des considérations non scientifiques et ne repose point sur des critères clairs.

Les États-Unis traitent aujourd'hui le Liban comme une colonie qui leur est soumise, et les responsables du nouveau pouvoir comme des vassaux n'ayant aucun droit de discussion ou d'opposition. Ils s'appuient dans leur démarche sur l'existence de forces, de personnalités et d'entités qui adoptent le point de vue américain et ne se limitent pas à le défendre, à l'instar des forces opposées à la résistance contre l'occupation et appelant au désarmement.

Ces forces estiment que les résultats de la guerre «israélienne» contre le Liban (bien qu'elle ne soit pas encore terminée) leur permettent de pousser davantage à considérer la Résistance comme une action nuisible pour le Liban. Par conséquent, le désarmement est perçu comme le minimum à faire, avec des ajouts affirmant que le fait d'obtenir la confiance des grandes puissances de la région et du monde nécessite de répondre à leurs exigences, notamment en empêchant toute hostilité active envers «Israël». Il est à noter qu'au sein des adversaires de la Résistance au Liban, certains affichent plus que jamais que la cause palestinienne ne concerne en rien les Libanais, et qu'il n'y a aucune justification pour un quelconque engagement politique, national ou moral envers le peuple palestinien, ce qui conduit à une seule conclusion : «Israël» n'est pas un ennemi à combattre ou contre lequel il faut se préparer à lutter !

Le courant libanais opposé à la Résistance souhaite que l'ennemi poursuive sa guerre contre le Liban et n'est pas opposé à une augmentation des pressions américaines et à un resserrement de l'étau arabe sur le Liban jusqu'à l'annonce de la capitulation…

Le problème aujourd'hui ne réside pas dans le type de la campagne, son niveau ou l'intensité du discours autour du désarmement de la Résistance. Ce qui pose problème, c'est que les forces désireuses de se débarrasser de la Résistance, tant sur le plan des idées que des outils et de l'organisation, estiment que les pertes considérables subies par la Résistance au Liban lors de la dernière guerre, ainsi que l'expansion de l'influence américaine et israélienne dans la région, incitent à un abandon volontaire des armes. Ce groupe ajoute à sa vision la nécessité que le nouveau pouvoir fasse preuve de volonté et de capacité à désarmer par la force, sauf si le Hezbollah accepte de s'en défaire volontairement.

Ces personnes supposent que ce processus est difficile, mais qu'il est possible et réalisable. Elles théorisent en affirmant que les gens en ont assez de la résistance et des armes, et que le Hezbollah ne trouvera personne pour se battre à ses côtés pour défendre ces armes.

Mais cette façon de penser reflète-t-elle vraiment la réalité du pays ? Les Libanais sont libres d'adopter n'importe quel récit qui correspond à leurs esprits ou à leurs émotions, mais ils ont besoin de beaucoup de raison lorsqu'ils envisagent d'adopter un point de vue qui pourrait être l'entrée à une explosion interne bien plus grande que celle que le pays a connue il y a cinquante ans.

Tous les discours sur la nécessité pour les Libanais d'apprendre des leçons de la guerre civile et de ne pas y retourner sont théoriques et déconnectés de la réalité, car le Liban vit, depuis 1990, sous un régime de division politique et communautaire, et reste toujours prêt à retourner à la guerre civile. Bien que la nature de l'équilibre qui a accompagné l'Accord de Taïf se soit fondée sur des rapports de force intérieurs et extérieurs qui empêchent la création d'un environnement capable de poursuivre la guerre civile, la situation actuelle du Liban indique des changements significatifs. Parmi ceux-ci, «Israël», soutenu par les États-Unis, pense que ce pays n'est pas dans une position qui lui permet de choisir son avenir, et qu'il doit se soumettre aux exigences, sous peine de perdre sa stabilité, ses capacités et ses opportunités de stabilité et de croissance.

Cette position américaine et «israélienne» pousse les forces locales anti-Résistance à hausser le ton, arrivant à tenter la confrontation sur le terrain.

À ce stade, les choses deviennent très compliquées, les craintes provenant de ceux qui savent qu'une confrontation interne ne réalisera pas l'objectif de désarmer, mais conduira plutôt le Liban vers une phase encore pire en matière d'effondrement.

Les adversaires de la Résistance adoptent actuellement deux rhétoriques : l’une directe comme celle de Samir Geagea et son camp, disant que la Résistance et ses armes ne relèvent pas de la nature du Liban et sont inutiles.

Le second discours tente de contourner l’objectif, évoquant l’échec de la faisabilité de la Résistance et des armes et un besoin d’abandonner cette option.

La différence entre ces deux approches réside dans le fait que Geagea se considère à la tête d’une force capable de jouer un rôle direct dans le processus de désarmement, alors que ceux de la seconde approche craignent que l’explosion sape tout ce qui leur reste en matière de gains, de postes et d’influence.

Mais sur quoi misent ceux-là?

Pratiquement, il n'y a pas beaucoup d'éléments sur lesquels compter. Tout d'abord, l'équipe locale hostile à la Résistance souhaite qu'«Israël» poursuive la guerre et termine ce qu'elle considère comme un projet réussi pour anéantir la Résistance. Elle souhaite également répéter l'expérience de 1982, en ce sens qu'«Israël» prenne lui-même en charge le processus d'extermination de la Résistance.

Ce groupe n'hésite pas à soutenir le renforcement du blocus américain et arabe sur le Liban, le privant de tout type d'aide ou de facilités si cela contribue à atteindre l'objectif de désarmement. Cependant, ces forces ne sont ni en mesure, ni même désireuses de jouer un rôle dans ce processus.

D'un autre côté, ces personnes misent sur le fait que la base populaire de la Résistance se trouve dans une situation difficile, que le parti de la Résistance traverse des moments éprouvants, et que les gens ont besoin d'une poussée pour déclarer leur abandon. Ainsi, ils croient que resserrer l'étau se fait en mobilisant les groupes libanais sur des bases confessionnelles, sectaires et politiques contre la Résistance d'une part, et en incitant l'armée et les forces de sécurité intérieure à entreprendre des actions sur le terrain pour cerner la résistance d'autre part.

Mais, existe-t-il à l'étranger des acteurs qui parient sur des éléments supplémentaires ?

Il n'est pas clair que les Américains et les «Israéliens» comptent sur des forces libanaises pour mener une lutte armée contre la Résistance en préparation au désarmement. Il ne semble pas non plus que les Américains souhaitent déployer leurs troupes au Liban pour répéter l'expérience des années 80. Cependant, «Israël» pourrait ne pas être opposé à l'idée d'élargir son occupation et d'entreprendre davantage d'actions militaires qui lui permettraient de faire la pression sur le Hezbollah pour qu'il dépose les armes. De plus, certains pays arabes, comme l'Arabie Saoudite et les Émirats, ne seraient pas réticents à fournir un soutien financier à ceux qui jouent un rôle dans le projet de désarmement.

Mettons de côté la volonté de la Résistance et ce qu’elle pourrait faire pour se défendre et préserver son arsenal. Examinons d’autres facteurs.

Les ennemis de la Résistance ne pensent-ils pas que la nature de la division politique et sectaire qui existe a contribué à transformer la question des armes en une problématique existentielle pour la majorité chiite et une minorité d'autres confessions ? N'observent-ils pas la réalité de l'environnement de la Résistance après la guerre, la manière dont le Hezbollah gère ses affaires et celles de sa base, ainsi que les résultats de cette gestion ? Et ce qui se passe actuellement indique-t-il un effondrement ou un recul qui présage d'un effondrement imminent ?

Ensuite, contre quoi veulent-ils un renoncement aux armes ? Les ennemis de la Résistance ont-ils pensé à donner une réponse logique sur les moyens de faire face aux agressions israéliennes, ou vont-ils nous assourdir avec des discours sur le rôle de l'armée, de la communauté internationale et de la diplomatie efficace?

Et puis de quel modèle parlent-ils pour être imité en ce qui concerne le règlement avec l'ennemi ? Est-ce le modèle de la Jordanie, dont le régime a désormais besoin de la protection de l'ennemi lui-même et craint de s'effondrer à tout moment ?

Ou est-ce le modèle de l'Égypte, qui traverse des moments très difficiles, et dont l'incapacité à nourrir sa population ne cesse de s'accentuer, tout comme son incapacité à jouer un rôle à la hauteur de sa taille dans la région ?

Ou alors, le modèle de l'Autorité de Ramallah, où la mendicité est la seule stratégie pour obtenir des salaires pour des fonctionnaires qui ne font que poursuivre et tuer les membres de leur propre peuple sous prétexte de résister à l'occupation, tandis que la colonisation s'intensifie dans toute la Cisjordanie ?

Ou s'agit-il du nouveau modèle en Syrie, où l'expansion israélienne est soumise à l'humeur du dirigeant à «Tel Aviv», et où les nouveaux dirigeants de Damas craignent même de condamner l'invasion «israélienne», montrant leur disposition à empêcher toute action contre «Israël» en échange de l'approbation de l'Occident et des pays arabes ?

Ou est-ce le modèle du «Front libanais», qui s'est engagée dans une collaboration ouverte avec «Israël», a expérimenté l'idée de division, puis a pris le pouvoir selon la volonté de l'occupation, ce qui a entraîné l'effondrement complet du projet ?

Il y a un débat futile avec ceux qui affirment qu'il est nécessaire de renoncer à la Résistance et à ses armes. Il est donc nécessaire de raviver les blessures et de rappeler aux Libanais les conséquences de la collaboration avec l'ennemi, ainsi que le bilan de cette coopération et de la soumission aux exigences américaines. C'est un processus difficile, mais il semble qu'il soit urgent, uniquement pour clarifier la situation aux gens qui, bien qu'ils soient fatigués et ne souhaitent pas que le conflit avec «Israël» se poursuive, ne semblent pas réaliser qu'une telle étape nécessite un consensus libanais ou une majorité libanaise claire, tout en nécessitant un contexte régional et international qui n'est absolument pas celui d’aujourd'hui.

Chacun de nous a le droit d'annoncer ce qu'il souhaite, et nous ne voyons pas d'alternative aux armes de la Résistance pour lutter contre l'ennemi, libérer la terre et les prisonniers, et dissuader l'agression. Nous considérons que la mission de préparation et d'organisation de la capacité requise pour rétablir le concept de dissuasion ne peut pas être en contradiction avec l'idée de construire une autorité qui gère les affaires des gens de manière juste.

N'a-t-il pas eu au Liban, entre 1992 et 2000, des autorités qui réorganisaient les affaires des gens, tandis que des dizaines de milliards de dollars affluaient au Liban, alors que la Résistance menait une bataille quotidienne contre l'ennemi dans la zone occupée ?

Oui, cela est possible, et c'est ce qui doit se passer.

Pourquoi les États-Unis humilient-ils l'armée libanaise ?

Trois semaines après l'annonce d'un cessez-le-feu dans le sud, le commandement de l'armée libanaise a commencé à publier des communiqués réguliers informant les citoyens que l'armée procéderait à des explosions de munitions non explosées à plusieurs endroits dans le sud.

On avait l'impression que les opérations de déminage avaient permis à l'armée d'extraire des missiles et des obus tirés par l'ennemi qui n'avaient pas explosé pendant la guerre.

Mais un examen approfondi révèle que les munitions «israéliennes» que l'armée fait exploser sont très limitées, et que la majorité provient d'armes et de munitions qu'elle a obtenues de la Résistance dans les zones au sud du fleuve Litani. Avec le temps, il a été dévoilé que les États-Unis avaient imposé à l'armée de détruire toute arme qu'elle obtient ou saisit de Hezbollah, et d'éliminer toutes les sortes d'armes, y compris les armes individuelles.

Pour s'assurer de son engagement, les Américains ont imposé un mécanisme de suivi étroit, notamment lorsque l'armée reçoit des stocks de missiles Katioucha ou Grad, ou des missiles antichars comme le Kornet russe, ou toute charge explosive et moyens de combat à caractère offensif.

Alors que l'armée ne semble pas prête à annoncer la situation ou à donner des explications sur ce qui se passe et sur la raison pour laquelle elle accepte les ordres américains lui interdisant de posséder des armes équivalentes à celles qu'elle ne reçoit pas des États-Unis, des officiers supérieurs parlent avec beaucoup de regret d'une orientation américaine qui veut que l'institution militaire se transforme en une simple unité de maintien de l'ordre. Les États-Unis empêchent clairement l'armée de posséder toute capacité qui pourrait être considérée par «Israël» comme une menace, y compris des armes offensives, notamment des armes antichars. De plus, il existe des «tabous» encore plus clairs, interdisant à l'armée de posséder ses propres drones ou des capacités explosives permettant de renforcer ses stocks dans ce domaine.

 La situation devient encore plus complexe en examinant les détails de la rencontre entre l'envoyée américaine Morgan Ortagus et le commandant de l'armée, le général Rodolph Hajj. Elle a informé certains de ceux qu'elle a rencontrés des résultats de la réunion, et qu'elle avait «réprimandé» le commandant parce que l'armée ne joue pas suffisamment son rôle dans le processus de désarmement de Hezbollah dans tout le Liban !

Article paru dans le quotidien libanais Al-Akhbar, traduit par AlAhed

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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