Azzirarieh : la confrontation et le massacre
Fatima Ali
« Pour venger toute gouttelette de sang tombée » ; c’est l’expression que les habitants d’« Azzirarieh » du sud Liban ont lue sur les murs de leur village après le retrait des troupes sionistes dans la nuit du 11 mars 1985. En ce jour triste, l’armée de l’occupation israélienne a décidé d’envahir de nouveau ce village pour venger les opérations militaires courageuses menées par un grand nombre de jeunes résistants de la ville pendant l’occupation et dans toutes les zones du Sud Liban. Bilan : 40 martyrs, 37 blessés et plus de 160 détenus. Les Israéliens ont aussi perquisitionné les domiciles, démoli plusieurs maisons et saccagé les magasins.
Fiers du rôle de leur village dans la résistance et toujours unis sur ce choix, malgré tous les sacrifices
douloureux, les habitants d’ « Azzirarieh » remémorent ce mois les souvenirs du massacre commis par les troupes israéliennes, le 11 mars 2012, dans ce village. Ceux qui y étaient présents racontent que l’entrée soudaine de l’armée de l’occupation israélienne et le manque d’équipement n’a pas empêché les combattants, déployés aux alentours pour riposter à toute tentative d’invasion, de combattre jusqu’au dernier moment et parfois jusqu’au dernier souffle.
L’un de ces combattants, Mahmoud Zorkot, raconte à «French.moqawama.org » comment « les troupes sionistes ont encerclé la ville par un grand nombre de soldats et de chars » ajoutant que « les affrontements entre les résistants de la ville et les soldats de l’occupation ont duré environ 45 minutes ». Les combattants avaient pris leur décision: « ne pas quitter la ville et empêcher les sionistes d’avancer », dit-il. Mais, la dispersion des forces sionistes n’était pas favorable aux résistants qui « ne possédaient qu’une petite quantité d’armes légères ».
Malgré cette situation, « nous avons réussi à infliger des pertes à l’ennemi, c'est ce que nous avons constaté à travers les casques et les seringues utilisées pour soigner les blessés abandonnés dans l’une des vallées de la ville». Les bombardements israéliens se sont accélérés, ce qui a compliqué l'action de la résistance face à la progression des sionistes et les combattants de la ville devaient choisir entre la reddition et le martyre ; mais le premier choix leur était improbable ; certains d’entre eux sont tombés en martyre, et d’autres ont été détenus. Mahmoud Zorkot raconte qu’il « a vu un bassin d’eau appartenant à l’une des maisons proches du champ de la bataille » ; et lorsqu’il a réalisé qu’il était devenu impossible de prévenir l'entrée des Israéliens dans la ville, il demanda aux membres du groupe de « se cacher dans le bassin rempli d’eau ».
« La fille du propriétaire de la maison nous a vus et elle s’est précipitée pour couvrir le bassin à l’aide de sacs de blé, elle nous a même apporté des sandwiches pour manger. Les Israéliens ont ouvert le couvercle, mais l’obscurité les a empêchés de voir le fond du bassin». Ils entendaient les explosions partout dans la ville, et Mahmoud se rappelle bien avoir dit à ses camarades suite à une grande explosion « c’est ma maison qu’ils ont détruite ». Il n'a pas dû attendre pour longtemps pour découvrir que son intuition était vraie. Cependant, il était convaincu que si « les combattants possédaient les capacités militaires, ils iraient changer le cours de la bataille ».

Moussa Mroueh qui fut détenu le jour du massacre raconte que « les résistants étaient déterminés à entraver l’avancée des Israéliens pour que personne ne dise que l’attaque contre Azzirarieh fut facile et sans résistance ».
« Les résistants avaient brûlé deux chars et une petite jeep », affirme-t-il. « Mais au bout d’une heure, toutes nos munitions s'étaient épuisées et nous nous sommes cachés dans une maison. Les Israéliens ont découvert notre cachette et ont commencé à tirer pour nous empêcher de fuir. Nous avons été ensuite détenus par une troupe militaire qui nous a accompagnés vers la place de la ville où se trouvait une dizaine de détenus qui ont été transportés ensuite dans l'une des prisons de la Palestine occupée ».
De fait, les maisons des parents des martyrs, nombreuses à Azzirarieh, renferment des histoires intarissables. Taghrid Mroueh, la sœur du martyr Hassan Mroueh, tombé le jour du massacre, larmoie lorsqu’elle se souvient de cette date et de tous les martyrs de sa ville qui « gardaient leur région jours et nuits, et mon frère faisait partie d'eux ». « Il venait d’arriver de la garde lorsqu’un homme cria, disant que les Israéliens sont là. Il prit son arme et sortit », dit-elle. Les habitants n’avaient que le choix de courir d'une maison à une autre pour fuir le

Elle raconte comment elle a réussi avec une autre femme à évacuer le corps du martyr Reda Ali Mroueh tombé au cours d’une confrontation héroïque avec les soldats ennemis. C’est après le retrait des sionistes, que les habitants ont pu sortir de chez eux pour découvrir les atrocités commises par les forces de l’occupation sioniste, les martyrs et les blessés; ce qu’ils ont vu de leurs propres yeux était totalement ineffable; des massacres délibérées, à l’aide des chaînes des tanks qui sont montées sur les poitrines des citoyens, ou de ceux qui étaient tombés en martyr. La majorité des martyrs étaient tués à coups de couteaux. Taghrid Mroueh affirme que même après le retrait des sionistes de la ville, ils sont restés positionnés aux alentours et tiraient sur les gens tous azimuts ; « en revenant de l’hôpital auquel mon frère avait été transféré, les sionistes ont tiré sur la voiture qui nous transportait. Nous avons dû la quitter rapidement, et elle n'a pas tardé à s’exploser ».
« Azziraireh » a fait beaucoup souffrir les Israéliens à travers plusieurs opérations héroïques menées par certains de ses jeunes comme le martyr Anwar Mroueh, le martyr Mahmoud Daher et la martyre Yassar Mroueh ; et de nombreuses autres opérations dans lesquelles des résistants originaires de la ville ont été blessés.
L’histoire du martyr Neeme Hashem est connue pour les grands comme pour les petits dans la ville. Ce héros, qui fut détenu au cours des combats, était recherché depuis longtemps par les sionistes, qui voulaient le détenir à tout prix. Lorsque les soldats de l’occupation ont su que le prisonnier était Neeme Hashem, ils l’ont isolé du reste des détenus et l’ont amené au village avoisinant d'« Erzay ».
Dans ce village une importante opération militaire a provoqué la mort de plus que 50 soldats israéliens, y compris le colonel Abraham Amoushi ; le cerveau de cette opération fut Neeme. Les soldats israéliens, accompagnés du fils du colonel tué venus pour venger son père, ont entouré le corps de Neeme d’explosifs et l’ont bombardé, après l’avoir torturé vivant.
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