Que Dieu garde la Syrie de « ses amis »

Soraya Hélou
Que Dieu me garde de mes amis, mes ennemis je m’en charge. C’est sans doute ce qu’ont du se dire les Syriens en voyant la réunion dite des Amis de la Syrie qui s’est déroulée à Tunis. En effet, avec des amis pareils, les Syriens n’ont plus qu’à se terrer chez eux, en attendant les affrontements sanglants qu’ils leur promettent en insistant pour armer l’opposition. La situation pourrait être risible si elle n’était aussi dramatique pour cette population que soudain les Etats-Unis, la France, le Qatar et l’Arabie saoudite, pour ne citer que ces champions des droits de l’homme, veulent protéger et défendre.
Tunis, promue soudainement capitale des libertés et des démocraties, a été le théâtre de cette rencontre historique, où l’on a pu voir Mrs Hillary Clinton, assise parmi les responsables arabes et européens, aux côtés de son homologue britannique des Affaires étrangères William Hage qui, lui, avait la modestie de mettre des écouteurs, royale et si peu intéressée par les discours prononcés, qu’elle n’a même pas pris la peine de chercher à les comprendre en mettant les écouteurs de la traduction simultanée. A moins qu’elle ne sache d’avance leur contenu, puisqu’elle est apparue en véritable maitresse des cérémonies, face à de simples comparses. Le ministre saoudien a bien essayé de donner du pep au spectacle en faisant une sortie remarquée après avoir dénoncé le refus des participants d’une intervention militaire en Syrie. Séoud el Fayçal sait bien de quoi il parle puisqu’il a compris que sans une telle intervention, il sera très difficile, voire impossible, de faire chuter le régime de Bachar Assad, qui a montré, un an après le déclenchement du mouvement dit de protestation, sa solidité et sa cohésion. En dépit de toutes les pressions et des tentatives de séduction financières et institutionnelles que l’on a fait miroiter aux officiers et aux principales figures du régime, celui-ci poursuit son avancée étudiée vers les foyers de la rébellion, gagnant lentement du terrain pour éviter les tueries, mais déterminé à aller jusqu’au bout de l’opération militaire, tout en poursuivant les réformes. On ne peut même plus l’accuser d’atermoyer, puisque le référendum est devenu une réalité, ainsi que les réformes constitutionnelles.
En face, que voit-on ? Une opposition divisée et tiraillée entre plusieurs tendances : l’Armée de Syrie libre et le Conseil national Syrien de Borhan Ghalioun pratiquement soumis aux Frères musulmans lesquels sont financés par le Qatar et aidés par la Turquie et la France, et le Conseil militaire du général Moustafa Cheikh aidé et financé par l’Arabie saoudite. Les deux formations sont incapables de s’entendre, ni même de réaliser des victoires militaires, se contentant de plonger encore plus le pays dans la violence et d’utiliser les journalistes étrangers introduits clandestinement en Syrie, via les passeurs libanais, pour qu’ils se fassent tuer ou blesser et rameutent ainsi la communauté internationale. Belle stratégie pour des défenseurs des droits de l’homme, qui utilisent les civils et des journalistes grassement payés pour faire des scoops dramatiques, comme principal matériel de lutte contre le régime. On a bien vu la journaliste du Figaro Edith Bouvier, sur un lit lançant un appel à l’aide via les caméras clandestines, souriante et plutôt en bonne santé. La vidéo a été diffusée en boucle sur toutes les chaînes françaises et occidentales, pour montrer le drame des habitants du quartier de Bab Amr encerclés par les forces du régime et privés des soins humanitaires élémentaires. Mais lorsque les forces du régime ont assuré aux blessés une sortie sûre, certains ont refusé de partir. Comment expliquer cela si ce n’est qu’il s’agit d’une manipulation médiatique, une de plus, dans cette guerre d’un genre inédit décrétée par la communauté internationale contre un régime qui a le défaut de soutenir la résistance. Les faits sont désormais clairs et les manipulations sont à chaque fois démontées. Mais nombreux sont ceux qui ne veulent rien voir, mus par la haine, les intérêts ou leur suivisme aveugle à l’égard des Etats-Unis.
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