Document d’entente Hezbollah-CPL: objectifs et défis

Six ans après la signature du document d’entente entre le Hezbollah et le Courant patriotique libre: a-t-il réalisé ses objectifs et résisté face aux défis ?
Le document d’entente signé entre le Hezbollah et le Courant Patriotique Libre a subi depuis sa signature le 6 février 2006, une campagne virulente menée par des parties internes et étrangères. Les motifs de cette campagne pourraient être la nouvelle réalité qu’a instaurée le document, par lequel ont été lésées les parties qui exploitaient le clivage islamo-chrétien pour jouer le rôle de médiateurs, et paver la voie aux ingérences étrangères dans les affaires libanaises internes.
En dépit de cette campagne, le document est parvenu à créer de nouvelles réalités politiques, sociales et culturelles, mais aussi des changements majeurs dans la structure de la société politique libanaise et l’a dotée d’une immunité face aux crises qui ont frappé la région depuis l’invasion américaine de l’Irak, passant par l’agression de juillet, et arrivant aux tentatives occidentales et arabes visant à semer la discorde sunno-chiite.
A l’ombre des mutations en cours dans la région, où pouvons- nous placer le document d’entente signé à l’église Mar-Michael, par le sayed Hassan Nasrallah et le général Michel Aoun en février 2006?
Les deux députés Ali Fayyad (bloc de la Fidélité à la Résistance), et Alain Aoun (bloc du Changement et de la Réforme) ont évalué ci-dessous les effets de ce document sur la vie politique Libanaise.
Le député Ali Fayyad a défini le document d’entente en disant : « Ce document a inauguré une nouvelle phase politique et joué un rôle décisif durant la période précédente, notamment au niveau des équilibres qu’il a instaurés. Il a empêché que le clivage politique dégénère en clivage islamo-chrétien, mais aussi il a entravé la discorde et permis de produire de nouveaux équilibres sur la scène libanaise interne, face à l’agression politique et militaire qui a visé le Liban, notamment en 2006. »
M.Fayyad de poursuive : « En plus des résultats politiques, ce document a eu des effets sociaux, notamment au niveau des relations islamo-chrétiennes. Il a produit un nouveau discours chrétien, sans précédent à l’égard du conflit israélo-arabe, qui a eu des retombées positives sur la situation des chrétiens du Levant ».
Le député a souligné la nécessité de poursuivre les efforts afin d’établir des accords partiels qui développent la conception commune des questions convenues dans le document initial. « C’est ce qui pourrait expliquer ce qui est apparu comme des divergences dans l’approche adoptée par le CPL et le Hezbollah, vis-à-vis de certaines affaires politiques » a-t-il précisé.
« Michel Aoun est l’un des leaders historiques des chrétiens. Le discours politique qu’il a lancé et parfois le discours culturel a eu des effets positifs sur le point de vue des chrétiens à l’égard de la Résistance et du conflit israélo-arabe. Ce fait a représenté un tournant dans la défense des chrétiens du Levant, face aux dangers qui les guettent. Le général Aoun est parfaitement conscient du fait que toutes les formes de protection externe aux chrétiens ont échoué et qu’ils sont un pari perdu qui avait augmenté l’envergure des menaces que subissait la présence chrétienne, alors que l’enracinement des chrétiens dans leurs sociétés arabes et leur rôle avant-gardiste dans la confrontation des défis, les protège » a ajouté M.Fayyad.
En ce qui concerne la lenteur dans l’exécution du projet de l’édification de l’Etat, qui a été au cœur du document d’entente, le député a estimé que « ce fait ne résulte pas d’une lacune dans le document, mais résulte plutôt du clivage au sein de la société libanaise, à la suite de l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafik Hariri et de l’émission de la résolution 1559.»
« L’environnement du clivage et ses répercussions politiques et confessionnelles, a constitué un obstacle devant l’effectivité des tentatives de réformes adoptées par le Hezbollah et le Courant patriotique libre, car le clivage bloque la réforme et l’introduit dans les labyrinthes des divisions confessionnelles. Le climat favorable aux réformes, nécessite une psychologie collective ouverte et tolérante, qui n’était pas disponible durant les dernières années. Cela n’a pas empêché le CPL de tenter à plusieurs reprises, d’établir des réformes, mais ces initiatives ont été bloquées par le mur des divisions confessionnelles. Toutefois, l’expérience des derniers années a permis de maintenir un minimum de stabilité sécuritaire et politique et a préservé des institutions et un semblant d’Etat capable de remplir ses obligations envers les citoyens » a indiqué M.Fayyad.
Quant aux informations véhiculées dans les médias sur un éloignement entre le CPL et le Hezbollah à propos de certains dossiers, le député Fayyad a affirmé que ces informations sont inexactes. « Nous reconnaissons le fait que des lacunes existaient au niveau de la coordination entre les deux partis. Mais ces lacunes ont été comblées plus tard par le renforcement de la coordination entre les deux partis pour qu’elle englobe principalement les ministres et puis les députés. Les divergences sur tel ou tel dossier n’affectent pas le parcours de l’entente entre les deux partis et leur conviction concernant le développement du consensus pour qu’il aboutisse à des résultats stratégiques au Liban », a affirmé M.Fayyad.
Prié enfin de répondre sur une question concernant le rôle de la relation entre le sayyed Nasrallah et le général Aoun, dans la consolidation du document d’entente, le député a conclu : « la relation entre ces deux personnalités politiques exceptionnelles, est caractérisée par un haut niveau d’harmonie et de confiance mutuelle, de respect et de convivialité. Cette relation est l’un des piliers de la stabilité de l’entente entre les deux partis et aidera à la doter d’une dimension stratégique ».
Le député Alain Aoun a pour sa part indiqué que le document d’entente entre le CPL et le Hezbollah a en premier lieu préservé la stabilité du Liban et le minimum de l’unité entre les Libanais. « Il est parvenu à leur épargner les affrontements, au moment où il existait des tentatives pour isoler une des communautés. Par conséquent, le document a rétabli l’équilibre de la structure interne du pays » a-t-il précisé.
Quant aux articles politiques figurant dans le document, concernant notamment l’édification de l’Etat civil, le règlement de la question des armes palestiniennes, la stratégie de défense et par la suite, les armes du Hezbollah, le député Aoun a affirmé que ces articles nécessitent un minimum d’entente au niveau national et ne peuvent être réalisés uniquement par le Hezbollah et le CPL.
M. Aoun a en outre estimé que les campagnes menées par des parties intérieures et étrangères sont normales, puisque ces parties ont été lésées par le document d’entente. « L’objectif de ces parties était d’isoler le Hezbollah sur le plan interne » a-t-il précisé, notant que l’alliance a pu résister face à des échéances cruciales, sans qu’elle ne soit ébranlée.
« Mais cette alliance devrait être développée et consolidée pour qu’elle puisse faire face à des échéances, relatives à l’activité du gouvernement et aux dossiers internes. L’entente est parvenue à encaisser les divergences qui existent parfois sur les priorités, notamment dans un contexte régional agité, qui prévaut sur les problèmes internes, selon la vision du Hezbollah, alors que le Courant patriotique libre se concentre sur les affaires internes et les réformes » a-t-il expliqué.
Le député Aoun a enfin souligné la nécessité d’élargir l’entente entre les deux partis sur les dossiers socio-économiques, mais aussi politiques, dont la modernisation du système et la loi électorale et qui selon lui, intéressent les libanais.
Il a enfin appelé toutes les parties politiques à se joindre à l’entente pour qu’elle englobe toute les composantes de la patrie et qu’elle garantisse la sécurité du Liban.
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