Un axe stratégique entre la Turquie et l’Egypte ... très difficile
Source: Haaretz - Tsivi Bar'el
Le festival d'Erdogan s'est poursuivi hier en Egypte aussi. A part la signature d'accords commerciaux et la tenue de rencontres entre hommes d'affaires égyptiens et turcs venus à bord de son avion, Erdogan a aussi réussi à irriter les Frères musulmans et les mouvements de protestation. Lors d'une réunion du Club de commerce turco - égyptien au Caire, Erdogan a suggéré aux mouvements de protestation de donner une occasion pour appliquer le développement économique et les réformes. Ils ont compris cette proposition comme une recommandation d'arrêter la manifestation, au moment même où ils préparent les manifestations du vendredi prochain, exigeant un "ajustement de la trajectoire" du gouvernement et réclamant l'arrêt d'utilisation des tribunaux militaires, à laquelle sont soumis les suspects qui ont fait irruption dans l'ambassade d'Israël.
D'autre part, Erdogan a réussi à irriter les Frères musulmans quand il a suggéré à l'Egypte d'adopter le modèle d'Etat turc libérale et laïque. « Nous n'imaginons pas que le modèle turc est le modèle souhaitable pour l'Egypte", a déclaré cheikh Hazem Salah Abou Ismaïl, un membre éminent des Frères musulmans qui aspire au poste de chef de l'Etat. «Je suis convaincu que le peuple égyptien peut offrir au monde un modèle égyptien qui serait un exemple aux pays du monde, et non pas grâce à la laïcité qui sépare la religion de l'Etat."
Un autre membre éminent, Issam al-Aryan, adjoint du Parti de la liberté et la justice établi par les Frères musulmans, a cherché à mettre des limites à la capacité d'influence de la Turquie «Nous souhaitons la bienvenue pour Erdogan comme étant un leader exceptionnel dans la région, mais nous ne croyons pas que lui ou son pays peuvent diriger la région, ou dessiner son avenir", a-t-il déclaré.
L'intention de la Turquie à augmenter le volume des échanges commerciaux avec l'Egypte, à environ $ 5 milliards par an a été saluée. Mais le soupçon et la peur est de l'intention d'Erdogan de diriger le Moyen-Orient, ou au moins de retirer l'Egypte de la position de leader, suscite moins l'enthousiasme des Egyptiens. Ainsi, par exemple, on n'a pas entendu des propos sur une coopération militaire ou sur l'établissement d'un axe commun politique. Et selon des sources égyptiennes, Tantawi n'a pas été particulièrement enthousiasmé au sujet de l'appel d'Erdogan à annoncer un Etat palestinien indépendant, sans négociations. La position de Tantawi est similaire à celle de Moubarak, puisqu'il préfère les négociations avant l'Etat" a dit hier un analyste égyptien à "Haaretz".
Erdogan, qui s'est entretenu hier avec Mahmoud Abbas, l'a encouragé à poursuivre la campagne aux Nations Unies promettant le soutien de la Turquie. Mais en Egypte, certains voient dans sa position une intervention indésirable dans les affaires où l'Egypte se considère comme maitre.
Mais ce n'est pas seulement en Egypte qu'Erdogan a suscité des réservations. Dans un article à ton sévère publié dans le journal "saoudien "Achark Al Awsat" (Le Moyen-Orient), l'éditeur Tariq Hamid a établi un compte avec Erdogan sur le fait qu'il n'a pas dit un seul mot en public sur la Syrie, mais s'est concentré sur le conflit israélo - palestinien. «Si Erdogan veut que les Arabes le croient, il doit travailler sur la question syrienne. Quant à Israël, nous avons entendu des discours contre lui qui ont eu plus de succès que celui d'Erdogan. La réalité arabe aujourd'hui a dépassé la période des slogans sur le conflit israélo -arabes", a-t-il écrit.
Si dans médias arabes, la couverture médiatique s'est limitée dans la visite d'Erdogan à quelques rubriques principales, la visite a provoqué en Turquie quelques douleurs abdominales. Le grand analyste Burak Bakdil a dirigé ses flèches vers les commentaires d'Erdogan lorsqu'il a déclaré qu'il y avait dans l'affaire de la flotte un "argument de guerre" en ce qui concerne la Turquie, affirmant:. "J'espère que l'Iran ne sera pas assez sage pour envoyer une aide à la flotte de Gaza et que la Turquie n'ait pas à la protéger. Parce que si l'Iran fait cela, elle aura frappé trois coups d'un seul coup, la Turquie, Israël et les Etats-Unis.
Bekdil s'est également moqué de la revendication d'Abraham Klein, le conseiller principal d'Erdogan, qui a déclaré dans un article publié dans le journal «libertés» qu'Israël devrait lever le blocus sur Gaza comme une condition pour réparer les relations avec lui, en plus des excuses et d'une indemnisation. "Depuis quand les habitants de Gaza sont devenus des citoyens Turcs ... Désolé, M. Erdogan et Daoudaglu, vous n'êtes pas convaincants. Vous auriez pu être convaincants si vous vous étiez intéressé au sort des tamiliens pendant la guerre civile au Sri Lanka ou aux victimes juives du terrorisme du Hamas ou aux victimes des Russes en Tchétchénie."
Un autre grand journaliste, Yeldrai Awar, a écrit il y a une semaine dans le journal libéral "Taraf" qu'il a soutenu la flotte et qu'il voit les morts comme des martyrs. "Mais les Turcs doivent se demander pourquoi quelques militants sur le bateau de Marmara au lieu de l'adoption de la désobéissance non-violente, ils ont décidé de résister aux hommes du commando israélien par des battons de fer. Nous, les Turcs, devons être honnête avec nous-mêmes." Sur ce, il a attaqué la presse pro-islam et certains de ses détracteurs lui ont suggéré de commencer à écrire au "Jerusalem Post".
La Turquie est un pays très important, et malgré les critiques, Erdogan n'y a pas de compétition. Mais entre la direction du Moyen-Orient par la Turquie ou la construction d'un axe stratégique entre elle et les pays qui sont toujours en attente de leur avenir, il y a une longue distance.
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