noscript

Please Wait...

«Les jihadistes aux yeux bleus» qui inquiètent tant l’Europe

«Les jihadistes aux yeux bleus» qui inquiètent tant l’Europe
folder_openEurope access_time depuis 12 années
starAJOUTER AUX FAVORIS

Dans des circonstances très particulières, le magazine américain Foreign Policy est parvenu à rencontrer deux extrémistes européens venus combattre le régime de Bachar el-Assad en Syrie, aux côtés d'Al Qaeda.


L'un est un «Européen de souche» converti à l'islam, l'autre est né musulman (ni d'origine européenne, ni d'origine arabe). Ils dissimulent leur visage dans des foulards pour ne pas être reconnus, et ont posé leurs conditions :
Ni leur nom, ni leur pays de résidence ne doivent être cités ;
L'entretien se déroulera dans un lieu non précisé, «quelque part dans le nord de la Grande Syrie» (Syrie, Liban, Palestine, Irak, Jordanie).

Pour des raisons de sécurité, les journalistes ont décidé d'envoyer un Syrien de confiance poser les questions qu'ils avaient préparées. L'entretien (filmé) se déroule en anglais, puisque ces Européens ne parlent pas arabe couramment. Le magazine parle de «djihad aux yeux bleux » («blue-eyed jihad»).


«Nous installerons la charia»

Abu Talal, «un blond aux yeux bleus» cagoulé, pose avec sa Kalachnikov. Il fait partie de l'Etat islamique en Irak et en Syrie, une scission du Front Al Nosra affiliée à Al Qaeda en Irak. C'est la branche extrémiste la plus radicale des rebelles syriens. Abu Talal, venu pour des raisons religieuses aider les combattants de l'Armée syrienne libre à renverser le régime, explique :
«(...) Le monde entier pense que la charia est mauvaise, mais ce n'est pas vrai. Nous aidons les gens... Et nous installerons la charia, quoi qu'il en soit.»


Le deuxième combattant, Abu Salman, se présente comme un franc-tireur spécialiste de«Les jihadistes aux yeux bleus» qui inquiètent tant l’Europe l'électronique :
«Je coopère avec n'importe quel groupe qui a besoin de moi. Je n'en ai pas rejoint un en particulier. Vu la nature de mon travail, tout le monde a besoin de moi.» Il préfère tout de même «les meilleurs combattants de l'islam», c'est-à-dire les groupes les plus radicaux. Abu Salman dit être passé illégalement en Syrie par la Turquie. «Tout le monde prend cette route», même si «cela devient plus difficile» pour les étrangers à cause des contrôles accrus.


Les deux hommes sont convaincus que les Américains finiront par intervenir dans le conflit syrien et utiliseront des drones - comme au Yémen et au Pakistan - contre les extrémistes.
Et si les groupes proches d'Al Qaeda gagnaient la guerre, «que se passerait-il ensuite pour les minorités chrétiennes, alaouites, chiites ?» demande Foreign Policy. «Ils devraient accepter» le nouvel état des choses «ou partir».


«Une potentielle menace terroriste»

Au-delà de ces témoignages, le magazine s'attarde sur les controverses que suscitent les extrémistes étrangers en Syrie.
«Certains Syriens reprochent aux djihadistes européens de souiller la pureté de leur révolution, tandis que le régime de Bachar el-Assad les brandit comme la preuve d'une infiltration étrangère de radicaux, et que les services de renseignement occidentaux les voient comme une potentielle menace terroriste.» Le risque serait qu'après avoir reçu une formation militaire, ces extrémistes de retour dans leur pays commettent des attentats. C'est la crainte d'une «filière syrienne» qui succéderait à d'autres terrains d'entraînement (Afghanistan, Bosnie, Tchétchénie...).D'après les estimations récentes du New York Times, plus de 600 combattants venus d'Europe, d'Amérique du Nord et d'Australie sont entrés en Syrie depuis 2011.

14 enquêtes judiciaires en France

La DCRI et la DGSE parlent «de 180 à 200 Français». Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, dans une interview à Libération, a détaillé les chiffres en mai :
«Outre les 50 Français encore sur place et les 40 en transit pour la Syrie, les 30 autres revenus dans l'Hexagone sont sous haute surveillance.»
Plusieurs interpellations d'individus soupçonnés de préparer leur départ en Syrie - ou d'acheminer d'autres combattants - ont eu lieu récemment en France. Une source judiciaire citée par l'AFP indique :«Quatorze enquêtes judiciaires relatives à des infractions terroristes en lien avec la Syrie sont actuellement en cours à Paris et cinq informations judiciaires ont déjà été ouvertes. Au total, ces enquêtes concernent 36 personnes mises en cause. »
Les autorités s'inquiètent aussi de la présence de quelques Français aux côtés des extrémistes lorsqu'ils occupaient le nord-Mali.
Manuel Valls et son homologue belge, Joëlle Milquet, ont appelé dans un communiqué conjoint à «mieux lutter au niveau européen contre les départs vers la Syrie et les autres zones de conflit».
Pour faire face à «ce phénomène qui prend une dimension inédite en Europe», les deux ministres de l'Intérieur se déclarent favorables à un système de «passenger name record» européen, permettant d'enregistrer les données des voyageurs aériens.
L'hypothèse avait pourtant été rejetée en avril par la commission Libe (des libertés civiles, justice et affaires intérieures) du Parlement européen. Les ministres de l'Intérieur ou de la Justice de neuf pays (Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Pologne, Royaume-Uni, Suède) ont écrit à la commission pour la faire changer d'avis.

Source : Rue89 et rédaction 

 

Comments

//