Turquie : heurts Kurdes /police, Le PKK lance un «dernier avertissement» à Ankara

En Turquie, un rassemblement de Kurdes fêtant les progrès de leurs frères syriens tourne à l’affrontement avec la police, au moment où le PKK lance un «dernier avertissement» à Ankara.

Dans la petite ville de Cizre, à la frontière turco-syrienne, des centaines de Kurdes ont célébré vendredi soir la victoire d’une de leur faction rebelle contre des extrémistes à Ras al-Aïn, une localité syrienne frontalière de la Turquie.

Le rassemblement, interdit, a été dispersé violemment par la police turque qui a tiré des gaz lacrymogènes et a fait usage de canons à eau.

En représailles, des manifestants kurdes ont jeté des cocktails Molotov et des engins pyrotechniques sur les véhicules blindés de la police.

Les Kurdes syriens chassent al-Qaïda

Samedi, des combattants kurdes syriens ont délogé des extrémistes d'un barrage clé dans le nord du pays, saisissant des armes et des munitions, rapportent les médias.

Mercredi, les combattants kurdes syriens avaient également infligé une cuisante défaite à al-Nosra et à l'«Etat islamique en Irak et au Levant» (EIIL), deux groupes affiliés à al-Qaïda, en les chassant de Ras al-Aïn.

«Des affrontements ont fait rage dans la nuit de vendredi à samedi mettant aux prises les combattants kurdes au Front Al-Nosra, à l'EIIL et à d'autres groupes (...) près des villages de Tal Alou, Karhouk et Ali Agha», a indiqué une source médiatique.

Les heurts ont «pris fin à 08H00 (05H00 GMT), lorsque les comités populaires kurdes se sont emparés d'un barrage (clé) là-bas», a-t-elle poursuivi.

Et de préciser: «Les combattants kurdes ont alors saisi des munitions, des armes légères et un véhicule équipé d'une mitraillette».

Des responsables kurdes ont indiqué vendredi que les Kurdes prévoyaient de créer un gouvernement autonome temporaire pour administrer les régions où ils sont majoritaires en Syrie.

Ankara craint que l’émergence d’une région autonome de l’autre côté de la frontière ne vienne encourager dans sa lutte contre le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).

Le PKK lance un «dernier avertissement» à Ankara

Dans ce contexte, les rebelles kurdes de Turquie ont adressé vendredi au gouvernement turc un «dernier avertissement» en le sommant de prendre des mesures pour faire avancer le «processus de paix» en cours s'il ne veut pas être responsable de son interruption.

«En tant que mouvement, nous lançons un dernier avertissement au gouvernement de l'AKP (le Parti de la justice et du développement, islamo-conservateur, au pouvoir en Turquie, ndlr). S'il ne prend pas des mesures concrètes au plus vite dans les domaines définis par notre peuple et l'opinion publique, le processus ne progressera plus et (il) en sera responsable», a déclaré le PKK dans un communiqué cité par l'agence de presse kurde Firat.
«Il est clair que le gouvernement de l'AKP mène des actions pour saboter le processus», a ajouté l'organisation, reprochant notamment aux autorités la construction de nouvelles casernes et le maintien de milices kurdes supplétives de l'armée.

Les autorités turques sont engagées depuis la fin de l'an dernier dans des «discussions de paix» avec le chef emprisonné du PKK, Abdullah Öcalan, pour tenter de mettre un terme au conflit kurde, qui a fait plus de 40.000 morts depuis 1984.

Dans le cadre de ce «processus», les rebelles kurdes ont déclaré un cessez-le-feu en mars et commencé en mai à se retirer du territoire turc. Ils réclament en contrepartie des gestes du gouvernement en faveur de la minorité kurde de Turquie.

Les rebelles ont rappelé vendredi qu'ils attendaient du gouvernement l'autorisation pour une délégation indépendante de médecins de rendre visite à M. Öcalan dans son île-prison d'Imrali.

Source: agences et rédaction