Liban: les affrontements s’intensifient à Tripoli, un soldat et 4 civils tués

Au moins cinq personnes, dont un soldat de l’armée libanaise, ont été tuées et des dizaines d’autres blessées dans les violents affrontements qui opposent, depuis jeudi soir, les quartiers rivaux de Bab el-Tebbaneh (anti-Assad) et Jabal Mohsen (pro-Assad) à Tripoli, au nord du Liban.

Des affrontements qui, de surcroît, se sont étendus à d’autres quartiers de la capitale multiconfessionnelle du Liban-Nord, a rapporté vendredi l’Agence nationale d’information (ANI, officielle).

Selon l’ANI, un soldat de l’armée libanaise a été tué, vendredi vers midi, et un autre blessé par des tirs de francs-tireurs.

Vendredi matin, les affrontements se sont poursuivis entre Bab el-Tebbaneh et Jabal Mohsen, mais ils se sont aussi étendus à Chaarani, Maloula, Rifa et Baqqar, a rapporté la radio Voix du Liban qui a fait état de tirs nourris à l’arme automatique et de chutes d’obus.

L’armée déployée

Témoignant de la violence des combats, une bâche a été dressée sur la route de Zaheriyeh pour protéger les passants d'éventuels tirs de francs-tireurs.

La circulation était quasi-inexistante près des lieux des combats, alors que l’armée était déployée en force et tentait de riposter à l’origine des tirs.

L’autoroute principale reliant Tripoli à Akkar, plus au nord, a été fermée par les Forces de sécurité intérieure (FSI) et les écoles étaient fermées vendredi. Quelques commerces ont toutefois ouvert leurs portes.

Contacts politiques sans résultats

Pour l'heure, les différents contacts politiques entrepris pour tenter de mettre un terme aux affrontements ont été vains, a souligné l’ANI.

Le chef spirituel de la communauté alaouite au Liban, cheikh Assad Assi, avait solennellement indiqué jeudi que «la discorde s’est réveillée», et en avait attribué la responsabilité à une «minorité takfiriste». «On ne nourrit envers la population civile sunnite que les meilleurs sentiments», a-t-il martelé.

Dans une déclaration à l’agence al-Markaziya, Ahmad Karamé, ministre d’État, a déploré, jeudi, «le chaos» au niveau de la sécurité dans le pays, jugeant «illogique et anormal» ce qui s’y passe «puisque les incidents itinérants de sécurité n’épargnent aucune région, comme si quelqu’un donnait l’ordre pour que ce genre d’abus soit commis».

Parallèlement, les comités civils de Tripoli ont tenu, également jeudi, une réunion conjointe au terme de laquelle ils ont mis en garde, dans un communiqué, contre les affrontements et les attaques «répétées» contre des civils.
Ils ont affirmé redouter que ces incidents «n’augurent d’un retour à la violence programmée, avec un quinzième round que tout le monde craint». Ils ont demandé au gouvernement et aux forces de l’ordre de «réviser leur plan pour maintenir l’ordre dans la ville», jugeant nécessaire pour l’État de «ne pas pratiquer une politique de distanciation à l’égard de ce qui s’y passe».

Charbel: La situation est toujours "sous contrôle"

Côté officiel, le ministre libanais de l’Intérieur, Marwan Charbel, a affirmé vendredi que la situation à Tripoli était «toujours sous contrôle» malgré les derniers affrontements sanglants.

«Ce qui s’est passé est tout à fait inacceptable mais la situation est toujours sous contrôle», a déclaré M. Charbel à la Voix du Liban. «Il faut parvenir à un consensus politique sur la situation sécuritaire dans le pays. Les armes circulent partout au Liban, la majorité des partis sont armés», a-t-il ajouté.

Selon le ministre, «les combattants dans le nord jouissent toujours d’une couverture politique, les divergences commencent par être politiques puis deviennent confessionnelles et sectaires».

Source: Divers, édité par: moqawama.org