Pourquoi et comment les extrémistes s’installent en Syrie?

Les Français seraient entre 50 et 80 à être allés faire le djihad en Syrie, affirme le grand reporter Georges Malbrunot dans un article publié mardi par le quotidien
Une information qui vient préciser une autre lancée dimanche par le ministre français de l'Intérieur: «Plusieurs dizaines de Français ou résidents en France» ont quitté l'Hexagone depuis un an que le conflit s'est militarisé entre l'armée régulière et les rebelles en Syrie, a révélé Manuel Valls.
Jamais, sur un laps de temps aussi réduit, un pays n'a autant attiré d’extrémistes français. «En Afghanistan et en Bosnie, ils n'étaient pas aussi nombreux», rappelle le juge antiterroriste Marc Trévidic. Et le phénomène ne touche pas seulement la France.
Un pays facile d'accès
Pourquoi est-il le cas en Syrie? Contrairement aux précédents «djihads», le «combat sacré» en Syrie est très particulier. S'y rendre est tout d'abord beaucoup plus aisé qu'atteindre l'Irak, le Yémen ou le lointain Afghanistan.
Nul besoin de visa pour atterrir en Turquie; d'Istanbul, la route est facile pour rejoindre un camp près de la frontière syrienne, où des contacts peuvent être pris avec l'intérieur. «Et personne ne les empêche de franchir la frontière», ajoute Marc Trévidic.
Les autorités turques sont elles aussi en pointe dans le complot international qui vise à faire tomber le régime du président Bachar el-Assad, comment doivent-elles alors freiner les extrémistes?
«Nous sommes dans une ambiguïté totale», reconnaît un expert antiterroriste. Et cette ambiguïté est renforcée par le caractère inorganisé des «démarches djihadistes». En Bosnie, les jeunes Français du réseau de Roubaix, par exemple, ralliaient le «bataillon des moudjahidins» de Zenica, point de passage obligé des «apprentis djihadistes». En Irak également, la branche locale d’al-Qaïda les prenait souvent en charge à leur entrée sur le territoire. «En Syrie, rien n'est clair», souligne le juge Trévidic.
"Réislamiser" la Syrie!
Certains extrémistes, comme Djamel Amer al-Khedoud, sont venus de Marseille sans vraiment savoir où ils allaient, si ce n'est pour combattre le régime de Bachar el-Assad. D'autres, mieux organisés, comme le franco-syrien Abdel Rahman Ayachi, ont retrouvé «la terre de (leurs) ancêtres» pour la «réislamiser» en attendant «la chute du pouvoir».
À l'image du salafiste marseillais Djamel, aujourd'hui dans une geôle damascène, la plupart des extrémistes français ne savent pas avec quel groupe ils vont combattre en arrivant sur place. D'autres, avant de partir, sont arrêtés par la police, ignorant également tout de leurs «frères
Dangereux à leur retour
Leur amateurisme ne doit pas masquer le fait, cependant, que tous seront potentiellement dangereux quand ils rentreront en France, après s'être «aguerris au combat face à une armée régulière».
«Ne nous trompons pas, renchérit l'expert antiterroriste, une bonne partie de ces candidats au djihad vont en Syrie dans l'espoir d'établir un État islamique radical». Et même si certains d'entre eux combattent aujourd'hui au sein de groupes salafistes syriens non liés à al-Qaïda, «le terrorisme commencera quand le régime tombera», prévient Marc Trévidic. Les combats fratricides se multiplieront entre fondamentalistes et ceux qui voudront éviter un basculement dans l'obscurantisme.
«On se bat pour faire tomber Bachar, mais aussi pour établir ensuite un vrai État islamiste, insiste le franco-belge Abdel Rahman Ayachi. Mais rassurez-vous, je ne rentrerai plus en France ou en Belgique», nous disait-il récemment depuis son repaire d'Idlib, au nord-ouest de la Syrie.
Source: lefigaro, édité par: moqawama.org
français le Figaro.
Des centaines de jeunes Européens se battent en Syrie aux côtés des fondamentalistes, a récemment mis en garde la présidente de l'agence européenne Eurojust, Michèle Coninsx.
d'armes» sur place. D'autres encore ont été appréhendés à leur retour en France, avant d'être relâchés.
«C'est très compliqué de qualifier leur aventure de terroriste», reconnaît le juge Trévidic.