Mort de Stéphane Hessel, le défenseur opiniâtre des droits des Palestiniens

De tous les combats auquel Stéphane Hessel, mort mercredi 27 février à l'âge de 95 ans, a prêté son enthousiasme et sa hauteur de vues, celui pour les droits des Palestiniens occupe une place à part dans son parcours.
Né à Berlin à la fin de la Première Guerre mondiale d’un père juif et d’une mère protestante, il quitte l’Allemagne très jeune pour débuter des études entre la France et l'Angleterre. En 1941, il répond à l’appel du général de Gaulle pour se lancer dans la résistance. Arrêté puis déporté, il échappe des camps de concentration et, au sortir de la guerre, rejoint l’ONU. C’est durant cette période qu’il participe à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Ardent militant de la paix, il a été présent sur tous les fronts de la lutte pour le respect du droit international et notamment dans le conflit israélo-palestinien. En hommage à son engagement pro-palestinien, qui l'avait mené à de multiples reprises en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, l'auteur d'Indignez-vous (éditions Indigène, 2010) avait été fait en novembre citoyen d'honneur en Palestine.
"C'est vraiment très triste, réagit le poète Elias Sanbar, ambassadeur de la Palestine à l'Unesco. Stéphane était quelqu'un d'extrêmement chaleureux, animé d'une énergie vitale, d'une foi inébranlable dans le droit. C'est une perte énorme, et pas que pour la Palestine."
Début d'un combat
Dans un livre de dialogue, publié en 2012, Le Rescapé et l'Exilé (éditions Don Quichotte), les deux hommes, unis par un même amour de la poésie, avaient évoqué leur rapport à la question palestinienne. Hessel y racontait qu'à la sortie de la seconde guerre mondiale, marqué par l'expérience de la déportation, il était favorable à la création d'"Israël".
"Pendant vingt ans, j’ai continué à considérer favorablement le développement d’Israël... Tout a changé en 1967 avec la guerre des Six Jours. Cette guerre, gagnée par Israël pratiquement en une matinée, a donné aux gouvernants de l’époque ce que j’appelle une hubris, un sentiment de supériorité extraordinaire, qui les a amenés à ne plus tenir compte du droit international. C’est à partir de 1967 que je me suis engagé dans le camp de ceux qui voulaient un retrait des forces israéliennes et la création d’un État palestinien". En août 2006, Stéphane Hessel signe un appel contre les frappes israéliennes au Liban.
Le 5 janvier 2009 et le "crime contre l'humanité".
"En réalité, le mot qui s’applique, qui devrait s’appliquer, est celui de crime de guerre et même de crime contre l'humanité. Mais il faut prononcer ce mot avec précaution, surtout lorsqu’on est à Genève, le lieu où siège un haut-commissaire pour les droits de l'homme, qui peut avoir là-dessus une opinion importante. Pour ma part, ayant été à Gaza, ayant vu les camps de réfugiés avec des milliers d’enfants, la façon dont ils sont bombardés m’apparaît comme un véritable crime contre l’humanité". Quelques mois plus tard, en fervent défenseur de la Palestine, Stéphane Hessel cite "Israël" dans une liste d’États "tyranniques".
Il participa également à la création d'un tribunal sur la Palestine, le tribunal Russel qui permettrait d'indiquer, dans des sessions d'experts, les violations "insupportables commises non seulement par Israël, mais aussi par l'Union européenne, les Etats-Unis et les multinationales".
Bête noire des milieux pro-israéliens français
En 2009, l'infatigable Hessel s'insurge contre l'opération "Plomb durci", qui coûte la vie à plus d'un millier de résidents de Gaza, qualifiant les bombardements israéliens de "crimes contre l'humanité". Il milite pour la libération de Salah Hamouri, le jeune Franco-Palestinien condamné par "Israël" à sept années de prison, pour son implication supposée dans un improbable complot visant à assassiner un rabbin. Il joint également sa voix à la campagne BDS (boycottage, désinvestissement, sanctions), qui lutte de façon non-violente contre l'impunité d'"Israël", en appelant notamment à un boycottage des produits fabriquées dans les colonies juives de Cisjordanie.
Ce ralliement achève d'en faire la bête noire des milieux pro-israéliens français, qui, à l'instar de l'écrivain Pierre-André Taguieff, martèlent qu'il appelle à la "haine d'Israël " et qu'il s'est rangé dans le camp des "pires antijuifs". En janvier 2011, le CRIF obtient même l'annulation d'une conférence à laquelle il devait participer à l'Ecole normale supérieure, rue d'Ulm à Paris.
Les Sionistes fêtent la mort de Stéphane Hessel
La Ligue de Défense Juive (LDJ), ce mouvement d’extrême-droite sioniste qui s’est illustré à plusieurs reprises par ses actions violentes, s’est ouvertement réjoui de la mort de Stéphane Hessel. Alors que son décès venait juste d’être annoncé, on pouvait lire, le mercredi 27 février, sur la page officielle du mouvement sioniste, «l’antisémite est mort. Champagne!». Avec d’autres commentaires aussi réjouissants que celui-ci «Repose en paix, en enfer».
Et la LDJ n’est pas le seul mouvement sioniste à ne pas avoir caché sa joie à l’annonce de la mort du militant Stéphane Hessel. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) s’est empressé de rappeler, par la bouche de son président, M. Richard Prasquier: "Il est de notoriété publique que nous étions très opposés à ses prises de position, notamment à sa volonté obsessionnelle de faire de Gaza l'épicentre de l'injustice dans ce monde et du Hamas un mouvement pacifique. Pour Richard Prasquier, M. Hessel est avant tout "un maître à ne pas penser".
Source : Benjamin Barthe, lemonde.fr., édité par moqawama.org

"C'est vraiment très triste, réagit le poète Elias Sanbar, ambassadeur de la Palestine à l'Unesco. Stéphane était quelqu'un d'extrêmement chaleureux, animé d'une énergie vitale, d'une foi inébranlable dans le droit. C'est une perte énorme, et pas que pour la Palestine."
Début d'un combat
Dans un livre de dialogue, publié en 2012, Le Rescapé et l'Exilé (éditions Don Quichotte), les deux hommes, unis par un même amour de la poésie, avaient évoqué leur rapport à la question palestinienne. Hessel y racontait qu'à la sortie de la seconde guerre mondiale, marqué par l'expérience de la déportation, il était favorable à la création d'"Israël".
"Pendant vingt ans, j’ai continué à considérer favorablement le développement d’Israël... Tout a changé en 1967 avec la guerre des Six Jours. Cette guerre, gagnée par Israël pratiquement en une matinée, a donné aux gouvernants de l’époque ce que j’appelle une hubris, un sentiment de supériorité extraordinaire, qui les a amenés à ne plus tenir compte du droit international. C’est à partir de 1967 que je me suis engagé dans le camp de ceux qui voulaient un retrait des forces israéliennes et la création d’un État palestinien". En août 2006, Stéphane Hessel signe un appel contre les frappes israéliennes au Liban.
Le 5 janvier 2009 et le "crime contre l'humanité".
"En réalité, le mot qui s’applique, qui devrait s’appliquer, est celui de crime de guerre et même de crime contre l'humanité. Mais il faut prononcer ce mot avec précaution, surtout lorsqu’on est à Genève, le lieu où siège un haut-commissaire pour les droits de l'homme, qui peut avoir là-dessus une opinion importante. Pour ma part, ayant été à Gaza, ayant vu les camps de réfugiés avec des milliers d’enfants, la façon dont ils sont bombardés m’apparaît comme un véritable crime contre l’humanité". Quelques mois plus tard, en fervent défenseur de la Palestine, Stéphane Hessel cite "Israël" dans une liste d’États "tyranniques".
Il participa également à la création d'un tribunal sur la Palestine, le tribunal Russel qui permettrait d'indiquer, dans des sessions d'experts, les violations "insupportables commises non seulement par Israël, mais aussi par l'Union européenne, les Etats-Unis et les multinationales".

Bête noire des milieux pro-israéliens français
En 2009, l'infatigable Hessel s'insurge contre l'opération "Plomb durci", qui coûte la vie à plus d'un millier de résidents de Gaza, qualifiant les bombardements israéliens de "crimes contre l'humanité". Il milite pour la libération de Salah Hamouri, le jeune Franco-Palestinien condamné par "Israël" à sept années de prison, pour son implication supposée dans un improbable complot visant à assassiner un rabbin. Il joint également sa voix à la campagne BDS (boycottage, désinvestissement, sanctions), qui lutte de façon non-violente contre l'impunité d'"Israël", en appelant notamment à un boycottage des produits fabriquées dans les colonies juives de Cisjordanie.
Ce ralliement achève d'en faire la bête noire des milieux pro-israéliens français, qui, à l'instar de l'écrivain Pierre-André Taguieff, martèlent qu'il appelle à la "haine d'Israël " et qu'il s'est rangé dans le camp des "pires antijuifs". En janvier 2011, le CRIF obtient même l'annulation d'une conférence à laquelle il devait participer à l'Ecole normale supérieure, rue d'Ulm à Paris.
Les Sionistes fêtent la mort de Stéphane Hessel
La Ligue de Défense Juive (LDJ), ce mouvement d’extrême-droite sioniste qui s’est illustré à plusieurs reprises par ses actions violentes, s’est ouvertement réjoui de la mort de Stéphane Hessel. Alors que son décès venait juste d’être annoncé, on pouvait lire, le mercredi 27 février, sur la page officielle du mouvement sioniste, «l’antisémite est mort. Champagne!». Avec d’autres commentaires aussi réjouissants que celui-ci «Repose en paix, en enfer».
Et la LDJ n’est pas le seul mouvement sioniste à ne pas avoir caché sa joie à l’annonce de la mort du militant Stéphane Hessel. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) s’est empressé de rappeler, par la bouche de son président, M. Richard Prasquier: "Il est de notoriété publique que nous étions très opposés à ses prises de position, notamment à sa volonté obsessionnelle de faire de Gaza l'épicentre de l'injustice dans ce monde et du Hamas un mouvement pacifique. Pour Richard Prasquier, M. Hessel est avant tout "un maître à ne pas penser".
Source : Benjamin Barthe, lemonde.fr., édité par moqawama.org
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