Al-Azhar, la plus haute autorité de l'islam sunnite, a réuni jeudi au Caire les principaux partis rivaux qu'il a appelés au dialogue pour régler la grave crise qui secoue le pays.

Le grand imam d'Al-Azhar, cheikh Ahmed al-Tayyeb, a présidé au siège de son institution une réunion des chefs de l'opposition libérale, des islamistes, des mouvements révolutionnaires, des indépendants et des représentants chrétiens.

Y étaient présents notamment Mohamed el-Baradei, figure de proue du Front de salut national (FSN), principale coalition de l'opposition, Amr Moussa, un autre dirigeant de cette coalition, ainsi que Saad al-Katatni, chef du Parti de la liberté et de la justice, branche politique des Frères musulmans dont est issu le président Mohammad Morsi.

Des représentants des Eglises d'Egypte et d'autres mouvements islamistes, dont Al-Wasat, participaient aux discussions.

La rencontre survient alors que se multiplient les tentatives de favoriser le dialogue en Egypte, qui connaît depuis une semaine une nouvelle vague de violences, déclenchée avec le deuxième anniversaire de la révolte qui a renversé Hosni Moubarak et qui ont fait au moins 56 tués.

Mercredi, M. el-Baradei a appelé à une réunion d'urgence avec le chef d'Etat égyptien, deux jours après avoir refusé un appel au dialogue lancé par M. Morsi.

Merkel demande à Morsi "plus de démocratie"

Ce dernier était le jour même en visite à Berlin, la première depuis son accession au pouvoir en septembre 2012. Une visite destinée à «chercher un allègement de dettes et de possibles investissements allemands afin d'aider l'économie égyptienne à sortir de l'ornière», selon les médias allemands.

La chancelière allemande Angela Merkel a demandé au président égyptien de dialoguer avec «les différentes forces politiques», et de respecter les droits de l'Homme, tout comme la liberté religieuse.

De son côté, M. Morsi a assuré qu'il voulait faire de l'Egypte «un Etat de droit» qui respecte «des opinions divergentes». Il a également appelé au développement des relations entre l'Allemagne et l'Egypte, mais «sans immixtion dans les affaires intérieures».

À cause des violences meurtrières en Egypte, cette visite a été écourtée, et une visite à Paris prévue vendredi a été reportée sine die.

Quelques heures avant son arrivée, le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a prévenu que les aides financières allemandes à l'Egypte étaient tributaires de l'avancée de la démocratie dans ce pays.

Après sa rencontre avec Mme Merkel, le président égyptien participait à une conférence avec le ministre de l'Economie Philipp Rösler et le président de la Chambre allemande de Commerce et d'Industrie (DIHK), Hans Heinrich Driftmann. Sa rencontre avec le président de la république Joachim Gauck, prévue jeudi, a en revanche été annulée, le président égyptien rentrant au Caire dès mercredi soir.

En décembre, Berlin, inquiet de l'évolution de la situation politique au Caire, avait suspendu l'effacement partiel (qui pourrait atteindre près de 250 millions d'euros) de la dette de l'Egypte. La dette de l'Egypte envers l'Allemagne s'élève au total à deux milliards et demi d'euros.
L'Allemagne est le troisième partenaire commercial de l'Egypte, après les Emirats Arabes Unis et l'Arabie Saoudite.

Source: Agences, édité par: moqawama.org