Egypte/2ème anniversaire de la révolte: plus de 450 blessés, Morsi appelle à "rejeter la violence"

Deux ans après la révolution populaire, l'Egypte revit les mêmes drames: bâtiments officiels attaqués, plus de 450 blessés et sept morts… Le président Morsi appelle à rejeter la violence
Le président égyptien Mohammed Morsi a appelé vendredi soir les Egyptiens à «rejeter la violence» après les affrontements entre manifestants proches de l'opposition et forces de l'ordre vendredi qui ont fait sept morts et plus de 450 blessés selon un nouveau bilan officiel.
Appel à une «nouvelle révolution»
Vendredi, des heurts faisant plus de 250 blessées et cinq morts -dans un premier bilan- se sont produits dans plusieurs villes d’Égypte lors de manifestations contre le pouvoir islamiste, à l’occasion du second anniversaire du soulèvement populaire qui avait renversé Hosni Moubarak.
Crise politique et économique
L’opposition, composée de mouvements en majorité de gauche et libéraux, et qui affiche une unité encore précaire, a appelé à défiler en reprenant les mêmes mots d’ordre qu’il y a deux ans: «Pain, liberté, justice sociale».
Les Frères musulmans n’avaient pas officiellement appelé à manifester vendredi, souhaitant célébrer le «Jour de la révolution» en lançant une initiative intitulée «Ensemble nous construisons l'Egypte», qui rassemble une série d'actions sociales et caritatives.
Le contexte est alourdi par l’annonce attendue samedi du verdict dans le procès des responsables présumés de la mort de 74 personnes à l’issue d’un match de football à Port-Saïd, au Nord-Est, en février 2012. Les Ultras du club cairote d’al-Ahly, qui assurent compter la grande majorité des victimes, menacent de manifestations violentes et d’une «nouvelle révolution» s’ils n’obtiennent pas justice.
Source: Agences, édité par: moqawama.org
«J'en appelle à tous les citoyens pour qu'ils adhèrent aux nobles valeurs de la révolution pour exprimer librement et pacifiquement leurs opinions, et à rejeter la violence dans les paroles et dans les actes», a-t-il déclaré dans des messages postés dans la nuit sur ses comptes Twitter et Facebook.
Selon le ministère la Santé sept personnes ont été tuées vendredi -six à Suez et une à Ismaïliya- et 456 autres ont été blessées.
M. Morsi a affirmé que les «criminels» responsables de ces violences seraient «poursuivis et traduits en justice», et a assuré que des policiers figuraient parmi les tués. Le ministère de l'Intérieur a quant à lui fait état de 95 blessés parmi ses hommes.
«Les pouvoirs publics vont faire tout leur possible pour assurer le caractère pacifique des manifestations», a ajouté le chef de l'Etat égyptien.
Des accrochages sporadiques entre groupes de jeunes et forces de l’ordre se sont poursuivis tout au long de la journée aux abords de la place Tahrir, dans le centre du Caire, où une foule de milliers de personnes réclamait une «nouvelle révolution» et une «vraie démocratie».
Une énorme pancarte était déployée sur la place avec l’inscription «Le peuple veut faire tomber le régime», tandis que la foule scandait: «Dégage, dégage» à l’encontre du président Morsi, comme pour M. Moubarak il y a deux ans. Certains manifestants se sont momentanément rassemblés devant le très symbolique immeuble qui abrite la télévision d’État et le ministère de l’Information.
Des manifestants ont également jeté des pierres sur un immeuble abritant les locaux du site Internet des Frères musulmans. D’autres se sont rendus près du palais présidentiel, où la police a tenté de les disperser avec du gaz lacrymogène.
À Alexandrie, sur la côte méditerranéenne, la police a également fait usage de gaz lacrymogène contre des manifestants, selon des témoins. «Il y a beaucoup de fumée à cause des pneus brûlés. Et il y a des gens étendus par terre qui n’arrivent pas à respirer à cause du gaz lacrymogène », a indiqué une habitante. À Suez, au Nord-Est, où également des manifestations ont eu lieu, cinq morts sont à déplorer.
À Ismaïliya, plus au sud, des manifestants ont mis le feu au siège local du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), la formation politique des Frères musulmans, et envahi le siège du gouvernorat.
Le climat s’est fortement envenimé depuis fin novembre, quand M. Morsi s’était doté temporairement de pouvoirs exceptionnels puis avait poussé les feux pour faire adopter une nouvelle Constitution rédigée par une commission à «dominante islamiste». Le texte, adopté par référendum en décembre, continue d’être vivement critiqué par l’opposition qui estime qu’il «ouvre la voie à une islamisation accrue du pays et est pauvre en matière de protection des libertés».
Outre la crise politique, l’Égypte affronte une grave crise économique, avec l’effondrement des investissements étrangers, la chute du tourisme et un déficit budgétaire en hausse notamment.
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