Royaume-Uni: Des experts onusiens s’inquiètent du sort de grévistes de la faim pro-palestiniens
Par AlAhed avec sites web
Huit activistes pro-palestiniens détenus au Royaume-Uni observent depuis le 2 novembre une grève de la faim illimitée. Après bientôt deux mois, cette protestation fait planer un risque vital immédiat sur les personnes concernées, alertent des experts indépendants de l’ONU, qui mettent en cause les autorités britanniques et dénoncent un climat plus large de restrictions visant l’activisme pro-palestinien.
Dans un communiqué conjoint publié vendredi 26 décembre, sept rapporteurs spéciaux de l’ONU, Dont Gina Romero, Tlaleng Mofokeng, Cecilia M. Bailliet, George Katrougalos, Ben Saul, Irene Khan et Francesca Albanese, se disent «profondément préoccupés» par la dégradation rapide de l’état de santé des détenus. Selon eux, ces derniers se trouvent à un «risque critique» de complications graves, allant de la défaillance organique à des lésions neurologiques irréversibles, en passant par des troubles cardiaques pouvant être fatals.
«La grève de la faim est souvent une mesure de dernier recours pour des personnes qui estiment que leurs droits à manifester et à disposer d’un recours effectif ont été épuisés», soulignent les experts.
Une obligation renforcée de protection
Les rapporteurs rappellent un principe central du droit international : le droit à la santé s’applique à toutes les personnes, y compris celles privées de liberté. Loin de s’atténuer dans le contexte carcéral, l’obligation de protection de l’État s’en trouve au contraire renforcée. «Le devoir de protection de l’État envers les personnes en grève de la faim est plus élevé, et non moindre», insistent-ils.
Or, selon les informations recueillies par les experts, les conditions de prise en charge médicale des grévistes soulèvent de sérieuses inquiétudes. Ils font état de retards dans l’accès aux soins, d’un usage jugé excessif de moyens de contention lors de traitements hospitaliers, de restrictions imposées aux contacts avec les proches et les avocats, ainsi que de l’absence d’un suivi médical indépendant et continu, une situation particulièrement préoccupante pour les personnes souffrant de pathologies préexistantes.
«Ces informations soulèvent de sérieuses interrogations quant au respect du droit international des droits humains, notamment des obligations de protéger la vie et de prévenir les traitements cruels, inhumains ou dégradants», avertissent-ils.
Un contexte plus large de restrictions
Les experts replacent ces grèves de la faim dans un environnement politique et juridique plus vaste, marqué, selon eux, par un durcissement des restrictions à l’égard de la mobilisation pro-palestinienne au Royaume-Uni. Ils rappellent avoir déjà alerté Londres sur l’utilisation de cadres antiterroristes pour encadrer, voire réprimer, des actes de protestation politique, ainsi que sur la criminalisation de formes de dissidence qu’ils estiment légitimes.
Ils expriment également leur préoccupation face à l’ampleur de la définition du «terrorisme» dans la législation britannique, à l’interdiction du réseau de protestation pro-palestinien Palestine Action en vertu de la loi antiterroriste de 2000, et aux arrestations et poursuites engagées pour un soutien présumé à ce mouvement.
«Ces grèves de la faim doivent être comprises dans le contexte plus large des restrictions imposées à l’activisme pro-palestinien au Royaume-Uni», soulignent-ils.
«Les décès évitables en détention ne sont jamais acceptables»
En conclusion, les rapporteurs appellent les autorités britanniques à garantir sans délai une prise en charge médicale adéquate pour l’ensemble des grévistes et à engager un dialogue réel afin de répondre à leurs revendications, comme aux violations présumées des droits fondamentaux.
«Les décès évitables en détention ne sont jamais acceptables. L’État porte l’entière responsabilité de la vie et du bien-être des personnes détenues», concluent-ils.
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