Brésil: Le parquet réclame la condamnation de Bolsonaro pour «coup d’État»

Par AlAhed avec AFP
Le parquet brésilien a demandé au Tribunal suprême fédéral (TSF), mardi 15 juillet, de condamner pour «coup d’Etat» l’ancien président Jair Bolsonaro. Son procès a provoqué une crise diplomatique entre le Brésil et les Etats-Unis.
Après plusieurs journées d’audience, le ministère public s’en est tenu à la thèse selon laquelle l’ex-chef de l’Etat d’extrême droite et sept de ses collaborateurs de l’époque ont essayé d’assurer leur «maintien autoritaire au pouvoir par des tentatives de perturber violemment l’ordre démocratique», indique son communiqué.
Jair Bolsonaro a aussitôt nié les faits qui lui sont reprochés et dénoncé une persécution politique.
«Il n’y a pas d’intérêt à m’emprisonner, ils veulent m’éliminer», a-t-il déclaré au site Poder360.
L’ancien président se dit victime d’une cabale destinée à l’empêcher de se représenter à la présidentielle de l’année prochaine, bien qu’il soit inéligible jusqu’en 2030 pour avoir diffusé des fausses informations sur le système électoral.
Jugé cette fois pour tentative de coup d’Etat, l’ancien président brésilien (2019 à 2022) encourt jusqu’à quarante ans de prison.
Il est accusé d’être le «leader d’une organisation criminelle» ayant conspiré pour son maintien au pouvoir quel que soit le résultat de l’élection présidentielle d’octobre 2022, remportée par l’actuel président de gauche, Luiz Inacio Lula da Silva.
«Après avoir vérifié l’implication des individus dans les faits», le procureur général a conclu qu’il était «nécessaire qu’ils soient condamnés (…) pour organisation criminelle armée», «tentative d’abolition de l’Etat démocratique», «coup d’Etat» ainsi que pour d’autres délits en lien avec des dommages causés aux biens publics, a précisé le parquet.
Devant le tribunal, M. Bolsonaro, qui se dit innocent des faits lui étant reprochés, a simplement reconnu avoir envisagé «un dispositif constitutionnel» pour empêcher l’investiture de Lula.
L’ancien président a «instrumentalisé l’appareil d’Etat et délibérément mis en œuvre un plan visant à attaquer les institutions publiques et le processus de succession» à l’élection présidentielle, a en revanche conclu le parquet.
Cette conspiration a échoué faute de soutien de la part des commandants des forces armées.
De nouvelles menaces américaines
Le sort de M. Bolsonaro et de ses anciens associés est entre les mains du juge du TSF Alexandre de Moraes, menacé de sanctions par Washington pour ses décisions contre des plateformes américaines de réseaux sociaux.
Le procès intenté à l’ex-chef de l’Etat a en outre provoqué la colère de Donald Trump, qui accuse le Brésil de «chasse aux sorcières» et a annoncé des droits de douane de 50 % à partir du 1er août sur les produits brésiliens importés.
Les Etats-Unis ont par ailleurs annoncé mardi avoir lancé une enquête contre le Brésil pour «pratiques commerciales déloyales» qui pourrait servir de base juridique afin d’imposer des surtaxes douanières à l’encontre du géant sud-américain.
Cette enquête «cherchera à déterminer si les actes, les politiques et les pratiques du gouvernement brésilien (…) sont déraisonnables ou discriminatoires et constituent (…) une restriction pour le commerce des Etats-Unis», précisent les services du représentant au commerce de la Maison Blanche dans un communiqué.
Elle prendra aussi en compte ce que Washington considère comme des «attaques contre des entreprises américaines de réseaux sociaux».
Lula n’a pas encore réagi à l’ouverture de cette enquête.
Il avait affirmé qu’il chercherait à négocier avec Washington pour éviter les droits de douane, tout en condamnant «l’ingérence» de Donald Trump dans le système judiciaire brésilien.
Il a également annoncé que le Brésil pouvait décider d’opter pour la «réciprocité» face à «toute mesure de hausse des droits de douane de manière unilatérale».
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