Nucléaire: L’Iran rejette toute négociation si Washington insiste sur l’abandon de l’enrichissement

Par AlAhed avec AFP
Un conseiller du leader de la Révolution islamique d’Iran a affirmé lundi 14 juillet que les négociations autour du programme nucléaire de l'Iran «n'auront pas lieu» si les États-Unis continuent à exiger l'abandon de l'enrichissement de l'uranium.
«Si les négociations doivent être conditionnées à l'arrêt de l'enrichissement, de telles négociations n'auront certainement pas lieu», a déclaré Ali Akbar Velayati, un conseiller de l'imam sayyed Ali Khamenei, cité par l'agence de presse Irna. Ali Akbar Velayati s'exprimait à Téhéran lors d'une rencontre avec le ministre pakistanais de l'Intérieur, Mohsin Naqvi.
«Israël», ennemi juré de la République islamique d'Iran, et les pays occidentaux, États-Unis en tête, soupçonnent de longue date ce pays de vouloir se doter de la bombe atomique. Téhéran, qui se défend vigoureusement d'avoir de telles ambitions militaires, dit développer le nucléaire pour des besoins civils, notamment pour l'énergie.
L'Iran et les États-Unis ont tenu depuis avril cinq cycles de discussions sur le nucléaire via le médiateur omanais, avant qu'«Israël» ne lance le 13 juin une agression contre l'Iran, qui a déclenché une guerre de 12 jours. Téhéran et Washington devaient se rencontrer le 15 juin, mais les discussions ont été annulées en raison de la guerre.
Lundi, le président iranien Massoud Pezeshkian a affirmé que son pays était «en faveur de la diplomatie et de l'engagement constructif», dans un message publié sur le site de la présidence. «Nous continuons de croire que la fenêtre de la diplomatie reste ouverte, et nous poursuivrons cette voie pacifique avec sérieux», a-t-il ajouté.
L'Iran a dit lundi ne pas écarter une reprise des pourparlers avec les États-Unis. «Pour l'instant, aucune date, heure ni lieu précis n'ont été fixés pour une rencontre», a dit le porte-parole de la diplomatie, Esmaïl Baghaï.
Il était interrogé par des journalistes sur une rencontre entre Abbas Araghchi, ministre iranien des Affaires étrangères, et Steve Witkoff, son interlocuteur côté américain pour les pourparlers sur le nucléaire. «Nous avons été sérieux dans le processus de négociation, nous y sommes allés de bonne foi mais, comme chacun a pu le constater, le régime sioniste (Israël) en coordination avec les États-Unis a agressé militairement l'Iran, avant un sixième cycle» de pourparlers, a souligné Esmaïl Baghaï.
Ambiguïté nucléaire
«Les États-Unis ont commis une violation flagrante du droit international au cours d'un processus diplomatique», a ajouté le porte-parole de la diplomatie iranienne.
Les États-Unis ont bombardé le 22 juin le site souterrain d'enrichissement d'uranium de Fordo, au sud de Téhéran, et des installations nucléaires à Ispahan et Natanz (centre).
Durant la guerre, «Israël» a mené des centaines de frappes sur des sites nucléaires et militaires iraniens et tué des scientifiques liés au programme nucléaire iranien. Téhéran a riposté avec des tirs de missiles et de drones sur «Israël».
Lundi, le président Pezeshkian a réaffirmé que les forces armées iraniennes «étaient au plus haut niveau de leurs capacités de défense». «Si les ennemis envisagent une nouvelle agression contre le territoire iranien, ils feront face à des ripostes encore plus écrasantes», a-t-il averti.
Selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'Iran est l'unique pays non doté de l'arme nucléaire à enrichir de l'uranium à un niveau élevé (60%), bien au-delà de la limite de 3,67% fixée par l'accord international conclu en 2015 avec les grandes puissances, dont les Etats-Unis se sont retirés en 2018, lors du premier mandat de Donald Trump.
Pour fabriquer une bombe, l'enrichissement doit être poussé jusqu'à 90%, d'après l'AIEA. «Israël», qui maintient l'ambiguïté sur sa propre possession de l'arme atomique, détient 90 ogives nucléaires, selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).
Menaces de sanctions
L'accord de 2015 sur le nucléaire avait été conclu entre l'Iran et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie) plus l'Allemagne. Le texte accordait à l'Iran une levée progressive des sanctions internationales en échange d'un strict encadrement de ses activités nucléaires.
Une clause prévoit par ailleurs la possibilité de rétablir des sanctions onusiennes en cas de manquement de l'Iran à ses obligations. La France, le Royaume-Uni et l'Allemagne menacent désormais d'y avoir recours. Ce mécanisme «n'a aucune valeur juridique, politique ou morale», a estimé Esmaïl Baghaï, reprochant aux Européens de ne pas avoir tenu «leurs engagements».
Après le retrait de Washington de l'accord de 2015 et le rétablissement des sanctions américaines, les pays européens avaient assuré leur attachement au texte, disant vouloir poursuivre les échanges commerciaux avec l'Iran.
Mais le dispositif initialement envisagé par les Européens pour compenser le retour des sanctions américaines a peiné à se concrétiser et des entreprises ont été contraintes de quitter l'Iran, confronté à une inflation galopante et une crise économique.
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