Des hôpitaux transformés en centres de torture à Bahreïn

Human Rights Watch accuse les forces de sécurité bahreïnies d’avoir détenu et battu des médecins soupçonnés d’avoir soutenu les manifestants et d’avoir empêché plusieurs personnes blessées d’avoir accès aux centres médicaux.
Dans son dernier rapport sur la situation à Bahreïn, Human Rights Watch (HRW) a compilé une série de témoignages accablants de médecins, infirmiers et patients qui font état de détentions arbitraires et de cas de torture de la part des autorités.
Faraz Saneï, chercheur au sein de HRW et auteur du rapport qui a été présenté hier à Beyrouth, explique que "le régime veut punir tous ceux qui montrent le vrai visage de la répression dans le royaume".
"La majorité des médecins détenus ont été arrêtés pour avoir exprimé leur opinion publiquement et pour avoir soigné des manifestants blessés lors de la répression. Ils formaient des sources d’informations fiables pour les journalistes ainsi que les défenseurs des droits de l’homme", ajoute-t-il.
Selon M. Saneï, qui a passé deux mois à Bahreïn à mener des entrevues, la répression brutale des autorités contre le personnel médical s’est considérablement intensifiée à partir du 16 mars, après le démantèlement du camp des manifestants sur la place de la Perle.
"Les forces de sécurité ont occupé plusieurs centre médicaux, dont le complexe médical de Salmaniya (SMC), le plus important hôpital public du Bahreïn", écrit-il dans son rapport.
"L’armée a déployé des chars à l’entrée des hôpitaux, empêchant les ambulances et les blessés d’y avoir accès. Les soldats ont également tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc à l’entrée de ces hôpitaux, interdisant au personnel et aux patients de quitter les lieux".
Selon M. Saneï, qui a visité le SMC et qui a recueilli les témoignages du personnel médical, « les forces de l’ordre ont transformé le sixième étage de l’hôpital en un véritable centre de torture afin de soutirer des confessions des manifestants blessés . HRW évoque le cas de Ali, un patient de l’hôpital Salmaniya qui a été transféré de force au sixième étage par des hommes cagoulés armés. L’un d’entre eux avait un accent saoudien, précise le rapport. Ali et d’autres patients du sixième ont été battus à plusieurs reprises durant la nuit. Ils ont été privés de sommeil et interrogés sans relâche. Un policier a même menacé de violer Ali, précise encore le rapport de HRW. Un autre patient a été déshabillé et pris en photo tout nu.
M. Saneï a été lui-même témoin d’une scène accablante au cours de laquelle un patient grièvement blessé, atteint d’une centaine de balles en plomb, a été transféré au sixième étage de l’hôpital Salmaniya, alors qu’il devait se faire opérer d’urgence. "Ses proches hésitaient à l’emmener à l’hôpital parce qu’ils avaient peur qu’il ne soit arrêté, raconte M. Saneï. Les hôpitaux sont désormais devenus des endroits redoutables pour de nombreux Bahreïnis".
Depuis la répression du mouvement de contestation du régime en février-mars, des centaines de manifestants, activistes et plus de 70 médecins ont été arrêtés. Au moins quatre manifestants ont été tués en détention. 48 médecins sont actuellement jugés par les tribunaux militaires.
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