Athènes appelle Ankara à «éclaircir les raisons» de la détention de soldats grecs

Athènes a durci le ton vendredi vis-à-vis d'Ankara au sujet des deux soldats grecs détenus dans une prison turque depuis le 2 mars, appelant son voisin «à éclaircir immédiatement les raisons» de leur détention.
«Nous réclamons des explications claires (...), les raisons pour lesquelles près d'un mois (après leur arrestation) nous ne connaissons pas les chefs d'accusation», a indiqué le porte-parole du gouvernement Dimitris Tzanakopoulos, lors d'un point de presse.
Les autorités turques ont placé en détention provisoire à la prison d'Edirne, ville proche de la frontière gréco-turque, deux soldats grecs qui patrouillaient à la frontière et entrés, «par erreur» selon Athènes, en Turquie. Selon des médias turcs, les deux soldats seraient accusés «d'entrée illégale dans une zone interdite» ainsi que «d'espionnage». Les autorités grecques soutiennent que le réquisitoire n'a pas encore été annoncé aux avocats des soldats. «Ankara a choisi la tactique d'obstruction (pour retarder la procédure), ce qui ne contribue pas à la normalisation des relations de bon voisinage», a souligné Tzanakopoulos.
Se référant aux relations problématiques de la Turquie ces derniers mois avec l'Occident et «à la crise» à sa frontière avec la Syrie, le porte-parole grec a mis en garde Ankara contre l'exploitation de l'incident de deux soldats grecs. «Il ne faut pas que la Turquie l'utilise comme un levier de pression diplomatique et politique», a-t-il relevé.
Lors du sommet européen la semaine dernière à Bruxelles, l'Union européenne (UE) avait condamné «les actions illégales» de la Turquie en mer Égée et en Méditerranée orientale pour témoigner leur solidarité avec la Grèce et Chypre. La marine turque avait bloqué début février un bateau italien venu forer au large des côtes de l'île, invoquant «des manoeuvres militaires» au large de Chypre.
Et en février également, un patrouilleur turc avait percuté un navire grec près d'un îlot inhabité d'Egée orientale que les deux pays se disputent.
Toutefois, Athènes et Ankara collaborent assez étroitement ces deux dernières années pour limiter le flux des migrants et réfugiés vers l'Europe via les îles grecques dans le cadre du pacte UE-Turquie de mars 2016.
Mais depuis le coup d'Etat manqué en Turquie en juillet 2016 et le refus d'Athènes d'extrader huit militaires turcs ayant trouvé refuge en Grèce --dans le sillage de nombreux militaires et fonctionnaires turcs anti-Erdogan ayant quitté leur pays à destination des pays européens-- les relations entre les deux voisins se sont tendues.
Source: agences