Mogherini: aucun pays où il y a la peine de mort ne peut entrer dans l’UE

Federica Mogherini, haute Représentante de l'Union européenne pour la politique étrangère et de sécurité commune, a déclaré qu'aucun pays où il y a la peine de mort ne peut adhérer à l'Union européenne.
«Nous appelons au plein respect de l'ordre constitutionnel en Turquie. L'Union européenne souligne l'importance du maintien de l'Etat de droit dans ce pays», a-t-elle annoncé aux journalistes.
Federica Mogherini a également souligné qu'il fallait qu'«Ankara respecte la démocratie, les droits de l'homme et les libertés fondamentales».
Berlin partage entièrement ce point de vue, a confirmé Steffen Seibert, le porte-parole du gouvernement allemand.
«Un pays où il y a la peine capitale ne peut pas être membre de l'UE, et le rétablissement de la peine de mort en Turquie aurait pour conséquence l'arrêt des négociations sur l'adhésion», selon Seibert.
Federica Mogherini et les ministres des Affaires étrangères de l'UE ont mis en garde lundi la Turquie contre la tentation d'une répression généralisée, trois jours après le coup d'Etat avorté.
«Nous disons aujourd'hui que l'Etat de droit doit être protégé pour le bien» de la Turquie, a affirmé Mogherini à la presse en arrivant à une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE à Bruxelles.
«Il n'y a aucune excuse pour que la Turquie prenne des mesures pour s'en éloigner (de l'Etat de droit)», a insisté l'Italienne. «Nous allons envoyer un message fort en ce sens à la Turquie», a-t-elle averti.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a également prévenu: «Nous devons être vigilants pour que les autorités turques ne mettent pas en place un système politique qui se détourne de la démocratie».
«La Turquie a fait beaucoup d'avancée, beaucoup de progrès, beaucoup de réformes ces dernières années, le danger serait celui d'un retour en arrière face à la démocratie», a-t-il ajouté.
Au total, quelque 6.000 militaires ont déjà été placés en garde à vue et près de 3.000 mandats d'arrêt ont été délivrés à l'encontre de juges et de procureurs, après la tentative de coup d'Etat déclenchée vendredi soir qui a officiellement fait au moins 290 morts, dont plus de 100 putschistes.
Le commissaire européen à l'Elargissement Johannes Hahn, chargé du dossier de la candidature turque à l'UE, a suggéré que le gouvernement turc avait déjà préparé, avant la tentative de coup d'Etat, une liste de personnes à arrêter.
«Je pense que le fait que les listes soient déjà disponibles juste après l'événement montre qu'elles ont été préparées pour être utilisées à un certain moment», a observé Hahn.
La demande d'adhésion de la Turquie à l'UE s'est heurtée aux inquiétudes grandissantes des Etats membres quant aux dérives autoritaires du régime du président Recep Tayyip Erdogan en matière de liberté de la presse et de droits de l'Homme.
Boris Johnson, qui assiste à son premier conseil des Affaires étrangères de l'UE à Bruxelles, après sa nomination surprise à la tête du Foreign Office, a aussi appelé les autorités turques à «la retenue et la modération».
Le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders a également demandé aux autorités turques de «réagir de façon proportionnée».
Il s'est en particulier inquiété du possible rétablissement de la peine capitale en Turquie, évoqué dimanche par Erdogan. La peine de mort y a été officiellement abolie en 2004 dans le cadre de la candidature d'Ankara à l'entrée dans l'Union européenne.
Source: agences