Photo de l’enfant migrant noyé: «L’Europe ne peut pas seulement s’émouvoir»

Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, a estimé jeudi que l'Union européenne ne pouvait pas se contenter de s'émouvoir devant des images «qui serrent le cœur et secouent l'âme» comme celle du petit réfugié syrien noyé.
«L'Europe ne peut pas seulement s'émouvoir, elle doit aussi se bouger», a déclaré M. Renzi lors d'une conférence de presse commune avec son homologue maltais Joseph Muscat à Florence.
«Alors qu'un père cherche à rentrer à Kobane pour enterrer sa famille», la situation n'est pas «la faute de l'Europe», a-t-il dit. Mais «l'Europe a le devoir de donner une réponse unitaire qui part d'un droit d'asile européen, d'initiatives européennes sur l'accueil et la gestion de l'urgence, de mesures européennes de rapatriements et d'une stratégie globale (...) dans les pays d'origine», a-t-il expliqué.
«Nous pensons que face à cette urgence, soit l'Europe apporte une réponse politique avec un P majuscule, soit elle perd la face», a-t-il insisté.
«L'heure n'est pas à la démagogie mais au sérieux de la politique. Si un enfant risque de se noyer, il faut tout faire pour le sauver», a martelé le chef du gouvernement italien, expliquant attendre les nouvelles propositions de la commission européenne sur le sujet.
Cimetière de migrants
De sa part, le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé jeudi les pays européens d'avoir transformé la Méditerranée en «un cimetière de migrants», réagissant aux photos du petit réfugié syrien retrouvé noyé sur une plage de Turquie.
«Les pays européens qui ont transformé la Méditerranée en un cimetière de migrants partagent la responsabilité de chaque réfugié mort», a déclaré M. Erdogan à Ankara.
Donald Tusk appelle à la répartition d'au moins 100.000 réfugiés au sein de l'UE
Le président du Conseil européen Donald Tusk a appelé jeudi les Etats membres de l'Union européenne à «redoubler leurs efforts de solidarité» avec les pays en première ligne dans la crise migratoire en se répartissant l'accueil d'«au moins 100.000 réfugiés».
«J'appelle tous les dirigeants de l'UE à faire preuve de solidarité avec les Etats membres qui font face à une vague migratoire sans précédent», a déclaré M. Tusk. Il a appelé à «une répartition équitable d'au moins 100.000 réfugiés» alors que les 28 pays de l'Union ont jusqu'ici résisté à un système de redistribution des demandeurs d'asile proposé par Bruxelles, n'offrant que 32.256 places, contre les 40.000 demandées.
«C'est un vrai paradoxe que les plus grands pays en Europe comme l'Allemagne et l'Italie aient besoin de notre solidarité, tout comme la Hongrie», a souligné Tusk, aux côtés du Premier ministre hongrois Viktor Orban en visite à Bruxelles.
«Si nos dirigeants ne montrent pas leur bonne volonté, la solidarité deviendra un slogan creux et sera remplacée par du chantage politique, des divisions et un nouveau jeu d'accusations mutuelles», a mis en garde le président du Conseil européen, qui représente les 28 Etats membres de l'UE.
Tusk s'est également inquiété de la division entre Européens sur la question de l'accueil des réfugiés. «Il serait impardonnable si l'Europe se déchirait entre les avocats de l'endiguement symbolisé par le mur hongrois et les avocats d'une pleine ouverture demandée par certains hommes politiques», a-t-il estimé.
Il a aussi été dans le sens du Premier ministre hongrois, qui défend la construction de la clôture de barbelés comme la seule façon de pouvoir appliquer les règles européennes sur le contrôle des frontières extérieures de l'espace Schengen et l'obligation d'enregistrer tout demandeur d'asile à son arrivée.
«Nous devons aussi nous occuper sérieusement de la façon de savoir comment contenir la vague migratoire (...) et reprendre les clés de l'Europe des mains des trafiquants et des meurtriers», a ainsi souligné Tusk.
D'abord diffusée sur les réseaux sociaux, la photo du cadavre du petit Aylan Kurdi, trois ans, gisant face contre terre sur la terre, s'affichait jeudi à la une de très nombreux quotidiens européens.
Source : AFP et rédaction
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