"Je porte le niqab et alors?"/ Témoignages rapportés par "TF1 News"

Alors que la mission parlementaire rend mardi ses conclusions, Aya et Touati expliquent à TF1 News pourquoi, loi ou pas, elles ne quitteront pas cette "seconde peau".
1900 femmes, selon le chiffre avancé par Brice Hortefeux, porteraient le niqab ou la burqa en France. Un phénomène marginal qui a suscité de vifs débats. Très agacées par la polémique, deux femmes au caractère bien trempé expliquent à "TF1 News" ce que ce voile représente pour elles et pourquoi, loi ou pas, elles ne le quitteront pas.
Kenza: "C'est comme si l'Etat avait autorisé les personnes à nous insulter"
Il n'y a pas de ben Laden derrière mon dos !" Kenza Drider n'est pas de celles qui se laissent marcher sur les pieds. Et ça s'entend. Cette citoyenne française d'origine marocaine parle avec fougue, ose l'humour et affiche une sacrée répartie. Son niqab "jamais ô grand jamais", elle ne le retirera. Avec, cette Avignonnaise de 30 ans, mère de quatre enfants se sent "sereine" et "épanouie". Sans lui, elle serait "comme nue", c'est dit. Pour Kenza, le niqab a été l'aboutissement d'un acheminement personnel et pas la rencontre "avec un groupe salafiste", ironise-t-elle. Et si certaines le portent sous la contrainte, Kenza dit n'avoir d'obligation qu'envers Dieu.
Dix ans qu'elle porte le voile intégral. Dans son quartier de la Grange d'Orel, ni regards suspicieux, ni réflexions désagréables. Kenza est connue de tous. "Certaines femmes qui ne portent pas le voile me disent que je suis encore plus libre qu'elles !" Ailleurs, quelques regards curieux mais c'était tout, jusqu'à juin. Depuis la polémique lancée par les politiques, les choses changent : "les regards sont haineux, les insultes islamophobes, s'inquiète Kenza. C'est comme si avec cette question l'Etat avait autorisé les personnes à nous insulter." Pour elle, ce débat n'est rien d'autre qu'un moyen pour le gouvernement de "se faire pub" à l'approche des régionales. "Les Français oublient ainsi les problèmes plus graves : le chômage, le trou de la Sécu. Et quand on lui parle dignité de la femme, elle s'énerve: "Et celles qui sont dans la rue obligées de se prostituer? Ce sont elles qu'il faut aider !"
Aya: "la prison, ça sera si on m'empêche d'aller et venir comme je veux"
Elle aime porter des jupes, met parfois du maquillage mais pour sortir, elle revêt son niqab assorti de gants noirs. "C'est mon choix, ma liberté et en aucun cas une prison !", martèle Aya. Cette jeune femme de 22 ans habitant le Val-d'Oise a découvert l'Islam à l'âge de 14 ans. "J'ai grandi dans une famille athée où l'on ne parlait jamais de religion, raconte celle qui avant sa conversion et son mariage s'appelait Hélène. Or, moi je croyais en dieu". L'adolescente étudie la bible, se rend à des réunions évangéliques... Rien ne correspond à ses attentes. Un jour, une amie marocaine lui prête un livre sur l'Islam. Une révélation. "Ce qui m'a séduite? Le fait qu'il nous enseigne à être meilleur envers les autres, à nous surpasser mais aussi la place qu'il confère à la femme, explique Aya. Malgré ce qu'on croit, elle a un statut très honorable".
Rapidement, elle porte le hijab. "A l'époque, quand je croisais des sœurs portant le niqab, je me disais que c'était trop !", se souvient-elle en rigolant. A force de lectures sur la vie des femmes du Prophète, elle découvre qu'elles se couvraient le visage. Et, comme suite de son cheminement spirituel, décide d'imiter ces épouses "calmes, posées et intelligentes". Une décision personnelle "mûrie et réfléchie", prend soin de préciser Aya. Son mari, musulman pratiquant qu'elle a rencontré après, ne considère par le voile intégrale comme une obligation. "Si je l'ôtais, il ne dirait rien, affirme Aya, qui admet que certaines femmes sont obligées même si elle dit ne pas en connaître. C'est à moi que cela poserait problème !"
Loi ou pas, il est hors de question qu'elle sorte sans. "Avec, je suis en accord avec moi-même", se félicite Aya. Alors oui parfois, il y a "des regards insistants, des réflexions désobligeantes mais rien de bien méchant". "On s'habitue au 'Belphégor' et autres 'fantômes'", soupire-t-elle. Pour Aya, c'est le regard des gens qui la met à la marge. "Ils ont peur parce qu'ils ne me connaissent pas. Ils estiment à tort que je suis en prison. Ce n'est pas le cas. Je sors, je fais du shopping, je vois des amies, etc.", raconte la jeune femme, sans profession, qui garde des enfants de temps en temps. Elle se tait quelques secondes puis fulmine: "La prison, ça sera si on m'empêche d'aller et venir comme je le souhaite avec mon niqab."


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